Les narcisses blancs – Sylvie Wojcik

« Cette terre est une invitation à l’école buissonnière, aux arrêts près d’un torrent d’eau vive, à la contemplation face aux pâturages encore déserts, aux rencontres improbables et à la découverte de soi. » (P. 54)

Cette terre est également une partie de ma terre auvergnate, proche de mon lieu de naissance et d’enfance. J’allais pendant ces 15 jours d’août y pécher des écrevisses avec des balances…Ecrevisses déjà rares et c’était difficile d’en pêcher qui faisaient la maille. Les vieux disaient déjà, qu’on les avait trop braconnées, trop pêchées…c’était il y a plus de 60 ans

Par hasard, je suis tombé sur ce livre abandonné sur une table basse de la médiathèque. 

Dans les années 50-60, années encore de calme sur ces plateaux, rares étaient les marcheurs qui année après année se dirigeaient vers Compostelle… 100, 200 km cette année, et on verra l’an prochain pour la suite!  Ce n’était pas encore cette autoroute, ces marcheurs qui exposent les vêtements, lunettes et autres équipements du dernier cri. 

Hasard de cette rencontre littéraire, mais aussi hasard de cette rencontre de deux femmes, Gaëlle qui n’est pas une petite sainte, loin de là…elle a besoin de marcher seule, pour évacuer ses problèmes personnels, sa détresse et Jeanne, vieille femme qui sait que ses jours sont comptés… dernier voyage sans doute!

Elles quittent le Chemin, son côté superficiel sans mysticisme pour tracer leur propre route sur ces hauts plateaux de l’Aubrac à plus de 1 000 m, pelés par le vent, par cette burle qui déforme les arbres, et qui n’empêche pas ces narcisses de pousser….et ces burons de pierre, aux toits de lauzes. Que de souvenirs personnels  en ce qui me concerne !

Nostalgie quand tu nous tient !

Là elles rencontreront l’a vérité l’identité de ce territoire grace à ces paysans taiseux qui eux aussi ont besoin de parler, qui leur ouvriront leur cœur, un cœur sur la main….hommes âgés vivant seuls qui leur ouvriront aussi leur porte, leur confieront leurs secrets, leurs amours, si heureux de trouver pour un temps une belle personne à qui parler, d’entretenir une conversation pour briser cette solitude du quotidien…

Un chemin et des rencontres bien éloignées du bling-bling du Chemin de Compostelle, un chemin de vie, et d’amitié…jusqu’à la fin.

Merci pour ce beau voyage vers mon pays d’enfance, merci pour ces rencontres qui permettent de découvrir l’amitié, la nature et la simplicité sans fioriture de ce territoire et de ses hommes

Editions Arléa – Collection 1er/mille – 2021


Lien vers la présentation de Sylvie Wojcik


Quelques lignes

  • « Jeanne et Gaëlle marchent tantôt l’une près de l’autre, tantôt l’une derrière l’autre, sans se parler, avec comme seuls compagnons la complainte du vent et le tintement des cloches des troupeaux au lointain. » (P. 27)
  • « Pour Jeanne, marcher c’est vivre, avancer grâce à la force des instants passés et des êtres aimés, sans jamais s’arrêter et, parfois, se laisser surprendre par une bête égarée. » (P. 28)
  • « Cette terre est une invitation à l’école buissonnière, aux arrêts près d’un torrent d’eau vive, à la contemplation face aux pâturages encore déserts, aux rencontres improbables et à la découverte de soi. » (P. 54)
  • « ….on n’échange pas grand-chose, on partage le silence et c’est déjà beaucoup. » (P. 54)
  • « Moi qui pensait que les vieux, on ne les trouvait que dans les maisons  de vieux, à jouer aux cartes en tremblant, ou dans les autobus à réclamer méchamment les places assises qui leur sont dues. Moi qui pensais que les vieux, ça ne vivait plus guerre, que c’était comme des arbres desséchés. » (P. 66)
  • « Dans leur monde d’avant, il y avait des gens qui ne voyaient que l’aspect extérieur des choses, il y avait l’argent qui polluait la nature de l’homme et des âmes étouffées sous des montagnes de tracas inutiles qui laissaient le cœur froid. et de ce monde, chacune à sa façon, elles n’en voulaient plus. » (P. 92-3)

Laisser un commentaire