
« Au fil des ans, j’en ai vu des jeunes hommes qui croient se précipiter sur d’autres jeunes hommes. Ils se trompent. Ils se précipitent à ma rencontre » (P. 182)…
« Au fil des ans, j’en ai vu des jeunes hommes qui croient se précipiter sur d’autres jeunes hommes. Ils se trompent. Ils se précipitent à ma rencontre » (P. 182)…
« Il faut rire de tout. C’est extrêmement important. C’est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans. » disait Pierre Desproges
Une lucidité et une dérision que j’ai retrouvées sous une forme ou une autre dans tous les textes que j’ai eu l’occasion de lire d’Edgar Hilsenrath….
Il pouvait, sans jamais pouvoir être montré du doigt ou accusé, rire de tout, être iconoclaste, ou presque « borderline » comme disent les anglais pour définir cet état à la marge entre la névrose et la psychose.
Il avait connu la Shoah allemande, et également le stalinisme…dont il a démontré si besoin était toute leur proximité…il avait souffert de ces deux pouvoirs
Il a choisit l’angle de l’absurde et du grotesque pour évoquer dans ce titre « Satires » l’Allemagne moderne qu’il découvre sous un jour nouveau après l’avoir quittée pour fuir le nazisme : « Tout est fini. La vie d’un Allemand ne vaut plus la peine d’être vécue. Les Ricains vont débarquer. Puis les travailleurs immigrés. Mais attends, ma chère Gerda. Il y aura d’abord la faim, et la dénazification. Puis la réforme monétaire. Après, ça ira peut-être mieux. Mais sans moi, Gerda. Je ne veux plus. Oui, on remontera la pente. Et il y aura de nouveau des Forêt noire aux cerises et des gâteaux aux fraises. Les Allemands seront de plus en plus gras et ne voudront plus travailler. Alors les travailleurs immigrés viendront faire les travaux pénibles. Et tu seras seule, Gerda. Et tu vieilliras. Et tu seras de plus en plus grosse à force de manger du gâteau aux fraises. Du gâteau aux fraises avec de la chantilly. »
C’est un survivant de la shoah qui évoque, avec lucidité, tour à tour le Mur de Berlin, la drogue, le socialisme, les travailleurs émigrés, les ménagères, les fonctionnaires, le fascisme, la sécurité, les centrales nucléaires « terrorisme du futur » …et j’en passe, bref, le monde moderne…..un monde avec ses incohérences.
Autant de textes jubilatoires et dérangeants pour sourire, pour rire jaune de nos sociétés modernes, de nos hantises, de nos craintes.
Ce n’est pas le texte, qui vient spontanément à l’esprit quand on évoque cet auteur, et pourtant…quel plaisir !
Lien vers la présentation d’Edgar Hilsenrath
Quelques lignes
« ….bien qu’il faille qu’on le croie mort, il voulait rester vivant, physiquement et conceptuellement. » (P. 84)
« Pour nous, le Chambon, c’était le grand air, la nature, et ça avait un parfum de grandes vacances. »
« L’unique période absolument heureuse de notre vie est celle que nous traversons en dormant. Il n’y a pas de bonheur là où existe le souvenir. Se souvenir signifie regretter le passé. Et notre nostalgie s’éveille avec notre conscience » (P.31)
« L’homme est faible, un bouchon de liège dans le courant. Au bout du compte, il ne s’agit que de tomber sur la bonne vague. »
Quoi de plus banal que de se partager les biens des parents après leur décès…
Ecrivain lituanien….
Il devrait rentrer en Angleterre, et rejoindre le journal pour lequel il est présent dans cette Allemagne de 1945….
Toi, moi, vous, nous connaissons tous Prévert ! Nos instituteurs nous demandaient d’apprendre un poème en primaire, voire en 6ème ou en 5ème…Quelques textes plus ou moins gentils dans l’ensemble, puis après on ne nous parlait plus de Prévert…
Oublié des programmes, à partir d’un certain âge.
En tout cas en ce qui me concerne.
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