« Zouleikha ouvre les yeux » – Gouzel Iakhina

Zouleikha ouvre les yeuxMariée avant 1915, à 15 ans, avec un homme de 45 ans, Zouleikha a eu 3 filles, trois filles décédées alors qu’elles étaient bébés…depuis elle vit avec cet homme rustre dans une masure à coté de la maison de La Goule, sa belle-mère âgée, portant la méchanceté dans la peau. 
Zouleika en est devenue le souffre-douleur, l’esclave presque, chargée de lui préparer le bain, d’être à ses petits soins. Le bonheur lui est une notion inconnue. 
Mais c’est une vie normale, pour l’époque et les lieux. Les familles vivent au jour le jour à coté des animaux…mais la vie de Zouleikha sera bousculée au moment où des hommes envoyés par Moscou, par Staline expulsent Zouleikha de leur masure. C’était la dékoulakisation.

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« Et tu n’es pas revenu » – Marceline Loridan-Ivens – Judith Perrignon

Et tu n'es pas revenuElle nous a quittés il y quelques semaines. Elle était une frêle femme, frêle mais seulement en apparence par la taille, la minceur, mais oh combien forte par le caractère, par la force d’âme! Et oh combien belle ! Elle a connu Simone Veil, son amie des camps, arrivée par le même convoi… quelques chiffres seulement, tatoués sur les bras, les séparaient. 
Cela fait bien longtemps que je voulais découvrir ce livre; « Un de plus sur les camps », diront certains, d’autres diront « il faut tourner la page, passer à autre chose ». Son décès récent m’en a donné l’occasion, et également la chance ou le hasard de le trouver disponible dans ma médiathèque.
Oui! il est nécessaire, au moment où l’antisémitisme renaît -mais est-il mort un jour?- de mettre en lumière ce titre ainsi que « L’amour après ». J’ai passé quelques heures d’une nuit presque blanche avec Marceline et ses deux livres lus successivement. Une nuit dont on sort sonné par l’émotion, mais tellement heureux ! 

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« Le Retour au pays de Jossel Wassermann » – Edgar Hilsenrath

Le Retour au pays de Jossel Wassermann« Le porteur d’eau Jankl était monté le dernier dans le wagon. Rien d’étonnant s’il se trouvait tout près de la porte, qu’on avait verrouillé de l’extérieur. »  Le train part dans le froid glacial vers une destination inconnue.
L’un de ces sinistres trains
Jankel est sans aucun doute l’un des plus pauvre du shetetl, le village de planches de ces juifs que ce juifs viennent de quitter.. Il portait l’eau de porte en porte dans ces villages où l’eau courante n’existait pas….
On leur a promis qu’ils partaient vers de belles maisons…on est au début de la guerre. 
Il faut plutôt dire « était » l’un des plus pauvres, car il vient d’hériter de quatre-vingt mille francs suisses et trente trois centimes suisses de son oncle Jossel, dirigeant d’une usine de  fabrication de pain azyme en Suisse.  Lire la suite

« Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas »- Imre Kertész

Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pasDans son livre « Un autre : Chroniques d’une métamorphose »  » Imre Kertész se disait « marqué » à la fois par sa déportation à Auschwitz et par la vie sous le joug soviétique dans la Hongrie d’après guerre.
« Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas » confirme, si besoin était, la souffrance morale vécue par cet auteur…une souffrance, un traumatisme, qui lui interdisent d’envisager sereinement l’avenir, qui ne lui donnent pas le droit d’avoir un enfant, d’être père, avec tout que cela comporte comme responsabilités
Ayant côtoyé la mort, il ne peut transmettre la vie, et de ce fait, refuse tout enfant à son épouse.Une épouse qui l’abandonnera et le laissera seul.
Le texte est doublement difficile. 

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« Lutetia » – Pierre Assouline

LutetiaTout amateur d’Histoire a entendu parler du Lutetia, Hôtel de luxe de la rive gauche, réquisitionné par l’armée nazie pendant l’occupation allemande et qui réquisitionné une nouvelle fois à la Libération, accueillit les déportés de retour en France…Edouard Kiefer responsable de la sécurité de l’hôtel prend le temps de raconter une partie de ses mémoires, de nous faire croiser les clients riches ou démunis de tout qu’il a eu l’occasion de rencontrer au Lutetia…« Flic, je le suis resté dans l’âme lorsque Lutetia m’a engagé comme détective, jusqu’à me confier toute la sécurité de l’hôtel en élargissant sans cesse le champ de mes responsabilités. ». Il dispose d’une bonne mémoire et surtout des nombreuses fiches papier qu’il a tenu sur tous les clients…on ne perd pas ses habitudes quand on a travaillé sur la mort du conseiller Prince qui avait enquêté sur l’affaire Stavisky.

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« Être sans destin » – Imre Kertész

Etre sans destin

« Être sans destin » que j’ai trouvé par hasard dans une boîte à livres quelques jours après l’annonce du décès d’Imre KERTÉSZ, est le Xième livre que je lis sur les camps.

Ce ne sont pas des livres mais des destins, des vies, et nous devons les accepter tels qu’ils sont. 

Bien que les faits, bien que l’horreur restent identiques, selon la sensibilité, la personnalité, l’âge au moment des faits de celui qui les a vécus dans sa chair, chaque livre sera différent.
« Être sans destin » est un livre différent, qui apporte un éclairage nouveau, le regard d’un prix Nobel de littérature sur le gamin de 15 ans qu’il était en 1944.

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« Daniel Avner a disparu » – Elena Costa

Daniel Avner a disparuPremier roman d’une jeune auteure, un roman qui ne peut laisser indifférent : On aimera ou on n’aimera pas. Pour ma part j’ai attendu plusieurs jours avant d’écrire cet avis. Un pari osé et jamais tenté (à ma connaissance) dans d’autres romans : décrire la vie de ceux qui n’ont pas été déportés en Allemagne et qui, jour après jour, ont attendu en vain le retour des leurs, déportés et tués dans les camps de la mort.

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