« La France goy » – Christophe Donner

« Quels que soient les différents termes qu’on utilise, ce qu’ils recouvrent a toujours existé. Simplement, autour de cette nouveauté sémantique, la haine des Juifs se modernise : elle est devenue raciale. » (P. 47)

Difficile, quand on s’intéresse à notre monde, à notre actualité, à l’Histoire, de résister à cette tentation, à ce livre proposé sur un présentoir de médiathèque, insultes ici,  violences physiques ailleurs, tags sur des murs ou sur des tombes dans des cimetières….

Qu’importe l’Histoire, et ses millions de morts !

Certains cherchent des explications…une explication religieuse : ce peuple déicide a permis l’élimination de Jésus le fils de Dieu, en le livrant aux Romains. Ou bien une explication économique :  on jalouse leur richesse, depuis le Moyen Âge, époque au cours de laquelle on leur réservait tous les métiers méprisés, comme ceux des banquiers…les juifs étant accusés de contrôler les banques et l’économie….et une explication raciale…

Tout ça je le savais, tous ces actes antisémites ou racistes m’écœurent, l’Histoire avec un grand H, avec ses millions de morts m’effraie.

Alors je ne pouvais qu’être attiré par ce titre, par ce pavé, par ce travail.

Christophe Donner s’appuie sur des lettres échangées entre son arrière grand-père Henri Gosset, et Léon Daudet…fils d’Alphone et son ami Edouard Drumont …deux antisémites qui militaient déjà pour une « France aux Français »…écœurement et Histoire de notre pays. On passe de l’affaire Dreyfus, aux assassinats de Sadi Carnot et de Jean Jaurès, en passant par le scandale de Panama, ou l’exécution de Ravachol, sans oublier la bande à Bonnot, Maurras, l’Action Française ….et bien d’autres rencontres telles que Zola, les soupes Maggi, et ces allemands…

Tout ça grâce à des chapitres courts, qui ravissent le lecteur./La vie de la famille de l’auteur et les actualités de cette « Belle époque » se mélangent …Une « Belle époque » pas si belle que ça…finalement !

A la fois captivant, désagréable parfois, effrayant et nauséabond aussi, souvent même.

C’est notre Histoire mais aussi une partie de notre actualité…les temps ont changé, les thèmes qui excitent certains polémistes sont restés les mêmes!

On en apprend beaucoup sur cette époque et sur ses hommes politiques, grâce aux lettres de cet arrière grand-père. L’indignation est présente.

Bref…de belles heures de lecture…pas toujours facile !

Éditeur : Grasset – 2021 – 506 pages


Lien vers la présentation de Christophe Donner


Quelques lignes

  • « Drumont n’a pas inventé la haine des Juifs, mais il a fait mieux que souffler dessus, il en a créé la version moderne, baptisée « antisémitisme ». Il ne fut pas non plus le premier à exécuter cette galipette terminologique consistant à remplacer le mot juif par le mot sémite. C’est au très scientifique, très socialiste et très jeune communard Gustave Tridon qu’on le doit. Il le fait presque sans s’en rendre compte. Cauchemar encyclopédique qu’aucun grammairien ni académicien de l’époque ne cherchera à rectifier. » (P. 44)
  • « Ce qui inquiète aussi beaucoup Zola, c’est que cette ignoble chose pourrait se vendre. Car le diable a du talent, son brûlot se lit comme un roman. D’ailleurs, c’est un roman, il en emprunte le rythme, la tension, le tragique des personnages, il sait de quoi il parle, Zola, lui le maître, le gardien, le garant de la marque. Si cette France juive se pose en concurrente du prochain Rougon-Macquart, c’est à désespérer de la littérature. N’importe qui peut écrire n’importe quelles horreurs. »  (P. 51)
  • « « En dehors de toute considération religieuse, il existe chez l’immense majorité des militaires un sentiment de répulsion instinctive contre les fils d’Israël (…) Il en est de l’invasion sémitique comme de la culture des microbes : quand le milieu n’est pas favorable, le développement se fait mal. » » (P. 122)
  • « Plus d’une centaine de députés chéquards, courbés sous le poids de l’opprobre, des ministres suicidés, des présidents démis, des banquiers en fuite, Drumont les a rayés de la vie politique. » (P. 149)
  • « …de l’or qui n’a pas été touché par la main des Juifs est chose rare à notre époque. » (P. 197)
  • « Notre combat final contre les Juifs, cela va vous paraître paradoxal, mais ce ne sont pas les antisémites qui, demain, vont devoir le mener. Ce sont nos soldats. Ce qui se prépare, c’est la guerre contre l’empire de Guillaume, le grand enjuivé. Avoir sa peau, c’est triompher des Juifs. » (P. 352)
  • « Les causes d’une guerre ne se trouvent jamais ailleurs que dans la précédente. Et la paix n’est qu’une succession de difficiles et discrètes victoires sur la guerre. » (P. 357)

« L’homme de Kiev » – Bernard Malamud

L'HOMME DE KIEVZhenia Golov, un gamin âgé de 12 ans est retrouvé sauvagement assassiné par deux autres gamins. Son corps criblé de coups de couteau avait été saigné à blanc. 
« Les Juifs » sont montrés du doigt….
Yakov Shepsovitch Bot, un homme simple, vivant de petits boulots, a été abandonné par son épouse infidèle, alors il part vers la grande ville, vers Kiev dans sa vieille charrette déglinguée tirée par son vieux cheval pour chercher du travail. Il accepte tout, il sait tout faire, notamment réparer tout ce qui est cassé. D’ailleurs il est « Le Réparateur ». 
Yacov n’est pas un homme inculte, il aime lire Spinoza
Il sauve un vieil homme riche, Nicolai Maximovitch Lebedev, qui s’était affalé dans la neige. Reconnaissant le vieil homme lui proposera de remettre en état un appartement qu’il loue, puis de surveiller sa briqueterie afin de réduire les vols de briques… Yakov se méfie de cet homme qui arbore l’insigne des « Cent-Noirs » épinglé à son manteau…l’insigne d’une groupe ouvertement antisémite et raciste.
Yacov est juif, il a besoin de travailler et malgré les risques qu’il encourt, il accepte ces deux propositions. Et donne toute satisfaction, sauf aux ouvriers et contremaîtres de l’usine…il gêne leurs petits trafics . 

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« L’oiseau bariolé » – Jerzy Kosinski

L'oiseau barioléFaites donc cette expérience : capturez un oiseau, puis peignez-lui les plumes de couleurs vives, bien éloignées de ses couleurs d’origine et relâchez-le dans la nature. Naturellement il volera vers ses congénères, qui ne le reconnaissant pas comme un des leurs, s’empresseront de le tuer au plus vite. C’est un peu ce qui arriva à ce livre, qui fut très criqué, semble-t-il à la fois par les survivants de la Shoah et par les autorités politiques d’Europe de l’Est qui lancèrent des campagnes contre le livre et l’auteur. Ce livre fut même interdit. 
Et j’avoue que ce livre m’a dérangé, m’a intrigué, mais qu’à aucun moment je n’ai eu envie de l’abandonner. Il est si particulier, si unique. 
Un gamin, juif polonais est confié par ses parents à une famille d’accueil. Il est lui aussi cet oiseau bariolé, il n’a pas du tout le physique des autres enfants, et de ce fait est souvent rejeté. Juif, il a la peau mate et ses cheveux sont très noirs …il est différent de cette population blonde aux yeux clairs…

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« La femme du gardien de zoo » – Diane Ackerman

La femme du gardien de zooEncore un roman sur la Seconde Guerre Mondiale, diront certains…Pour ma part, je dirais : Un roman sur un aspect assez peu présent dans la littérature relative à cette période : les risques incroyables que prirent ces héros, des hommes et femmes qui au péril de leur vie et de celles de leurs proches décidèrent de cacher et d’aider des Juifs au nez et à la barbe des allemands, ces hommes et femmes reconnus par le nouvel État d’Israël comme  « Juste parmi les nations » (en hébreu : חסיד אומות העולם)

Jan et Antonina Żabiński , polonais non juifs en ont accueilli et aidé plus de trois cents.  Lire la suite

« La petite barbare » – Astrid Manfredi

La petite barbareLa petite barbare est en prison, au secret. « La petite barbare…Elles m’appellent comme ça les copines de cellule. Elles savent les yeux noirs et la colère qui s’y agite ». Elle est beur

Au fil des pages nous découvrons sa vie, avant l’incarcération, ses conditions de vie en prison son crime. Au fil des pages nous sommes sonnés par sa vie, son incarcération, son crime…. Lire la suite

« Un juif pour l’exemple » – Jacques Chessex

Un juif pour l'exempleLa Suisse pays neutre pendant la deuxième guerre mondiale, certes mais un pays également confronté à l’antisémitisme, aux idées nazies.  
Un pays ou un crime horrible a été perpétré en 1942 au nom de ces idées. 
Je l’ai découvert avec ce livre document qui se lit en un peu plus d’une heure.
Horrible : l’auteur avait 8 ans quand cet homme a été tué et découpé parce qu’il était juif…il en est encore boulever

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