
« Une chose était sûre, Akira éprouvait du plaisir à maltraiter Minoru. On rencontrait toujours ce type d’élèves, quelle que soit l’école. » (P. 39)
« Une chose était sûre, Akira éprouvait du plaisir à maltraiter Minoru. On rencontrait toujours ce type d’élèves, quelle que soit l’école. » (P. 39)
“La littérature n’est pas là que pour faire plaisir mais aussi pour déranger, questionner, émouvoir, remuer.”
« Dix ans, des dents de lapin, de grandes boucles noires et de longs cils, des taches de rousseurs autour du nez, des manières timides, des vêtements sages, un petit bouquet de magnolias à la main. »
« Une pierre conduit à une balle. Et un autre kamikaze conduit à une autre frappe aérienne. Et ça n’arrête pas. Jamais. »
« Pour moi, les deux meilleures choses de l’Amérique étaient la télévision et la bibliothèque. »
Ajay, le jeune indien a 10 ans quand ses parents décident d’émigrer aux États-Unis…Dès que la famille le sait, tous se précipitent pour récupérer tout ce qui ne pourra être emporté, une famille à la fois heureuse pour eux mais jalouse aussi .
Le rêve américain est enfin à la porté des deux gamins, Ajay et son frère Birju, gamin doué qui doit intégrer la Bronx Hight School of Science…Chacun rêve de réussite et prend plaisir à rejoindre leur oncle et tante déjà installés aux USA…tout serait si simple si….
Un « si » dont je ne parlerai pas mais qui va rendre cette intégration plus difficile et plus douloureuse. Et surtout plus dramatique
Ajay doit faire face aux remarques pas toujours gentilles, lancées par des gamins blonds à un gamin un peu trop « métèque » à leur goût. Il y a un monde entre le rêve et la réalité…Ces remarques en abattraient plus d’un.
Au contraire elle stimulent le gamin. Ajay doit, seul, porter les rêves de réussite et d’intégration de la famille et faire rêver ses petits camarades, afin d’être reconnu. Quoi de mieux qu’un frère, héros fort et secret, pour montrer à tous que lui aussi….son imagination fait le reste. Et pourtant….
La lecture lui ouvre des horizons nouveaux qui effacent les dures réalités du quotidien. Petit indien, petit métèque fait tout pour s’intégrer, pour être un américain, comme eux …pas toujours facile loin de là quand à la maison, le père picole de plus en plus, quand les assurances répondent « stop, ça suffit », et quand les faiseurs de miracles baissent les bras.
Malgré tout Ajay avance dans la vie et les études, et le petit métèque se bat, se bat et gagne.
Sans doute pour conjurer ce malheur qui a frappé la famille.
Un livre en grande partie autobiographique que l’auteur mettra dix ans à écrire…dure intégration couronnée de succès.
Un livre émouvant, drôle parfois, ne sombrant jamais dans le pathos….un grand plaisir de lecture.
Éditions de l’Olivier – Traduction : Paule Guivarch – 2015 – Parution initiale en 2014 – 220 pages
Lien vers la présentation d’Akhil Sharma
Quelques lignes
« L’ouverture du courrier. L’espoir de découvrir une nouvelle qui changera ma vie…..une écriture bleue, ronde, élégante qui ne m’est pas inconnue. La lettre est écrite en anglais »
Fabrice reconnait cette écriture… qui le ramène quarante ans en arrière, vers cette année 1968…une année pas comme les autres pour tous les ados de cette époque….je parle en connaissance de cause !
Margaret Crown, chez qui il avait vécu quelques semaines dans le cadre d’un séjour linguistique lui écrit : « Vous aviez quinze ans et vous ne pouvez pas avoir oublié. Mon cher, j’ai besoin de vous voir d’urgence, venez vite, s’il vous plaît. »
Fabrice n’est plus un gamin, et pas encore un ado, il a 15 ans en cette année 1968. Il part pour Londres afin de perfectionner son anglais.
Il ne pensait même pas aux petites anglaises mises en scène par Michel Lang.
Non Fabrice est sérieux et travailleur. Il est heureux de partir, de découvrir une autre culture, et « l’art de vivre de ce pays si différent du nôtre »
À Londres il est hébergé dans une famille aisée. Le père toujours absent pour ses affaires travaille à la City. Alors Margaret, la mère de famille dirige la maison, aidée par des domestiques. Le quinqua d’aujourd’hui n’a pas oublié Margaret, qui très vite s’adressa à lui, en l’appelant « My love »…et succomba au charme et à l’intelligence du gamin, de « Faébriss », comme elle l’appelait, ni non plus Mary..
« Il avait quinze ans, elle en avait 40 »…le sous-titre du livre est explicite..le lecteur sait par avance ce qui l’attend…
N’espérez pas vivre des scènes grivoises et torrides…non ce roman tout en retenue et en finesse, ce qui le rend encore plus troublant, s’attache à nous décrire l’atmosphère pernicieuse, l’emprise grandissante de Margaret sur le gamin, et dans un premier temps le trouble de l’enfant-ado, trouble qui sera vite oublié, le gamin passant toutes ses nuits avec Margaret.
Le roman est écrit par un adulte, dont on ne sait pas grand-chose. Fabrice est un quinqua célibataire et solitaire qui, pour ma part, ne m’a pas semblé totalement épanoui, ni très heureux ou très bien dans sa peau. Un peu comme si cette expérience de quelques jours l’avait à jamais transformé.
Le trouble sera encore plus grand plus tard! Je n’en dirai pas plus!
Quand AMH communication me proposa la lecture de ce livre dans le cadre d’un Service Presse, j’ai un temps hésité…en effet je suis principalement attiré pas des lectures me permettant la découverte d’autres époques, d’autres lieux, d’autres cultures. Si le roman avait abordé la pédophilie masculine, j’aurais sans doute décliné cette proposition, évoquée et lue dans d’autres lectures…déviance qui personnellement me révolte.
Mais comment refuser une approche toute autre…celle du trouble et du mal-être d’un homme victime d’une femme…
Trouble, qui n’en est peut-être pas un, pour de nombreux hommes qui auraient peut-être, bien aimé découvrir le sexe à 15 ans avec une femme de 40 ans – alors que les hormones nous travaillaient ….
Y aurait-il eu alors trouble ou au contraire fierté, sentiment de puissance et de force chez de nombreux ados ?
Troublante question à la suite de cette lecture !
Merci pour cette proposition, et pour cette lecture. Merci pour ce trouble !
Éditeur : Des auteurs, des livres – 2020 – 335 pages
Lien vers la présentation de Marc Desaubliaux
Quelques lignes
« Fuir était une folie, ne pas fuir aussi. »
Antoine est l’un de ces gamins mal dans sa peau….
Nostalgie, quand tu nous tiens….!
« Mais si je ne témoigne pas de cette tribu clinique, dont seuls d’obscurs traités et des manuels déshumanisés gardent la trace, qui d’autre le fera ?«