« Okuribi : Renvoyer les morts » – Hiroki Takahashi

« Une chose était sûre, Akira éprouvait du plaisir à maltraiter Minoru. On rencontrait toujours ce type d’élèves, quelle que soit l’école. » (P. 39)

Minoru, est la tête de turc de la classe. Akira, fait tout pour l’humilier, et nombreux sont ceux dans la classe, qui, non seulement ne réagissent pas, mais qui rajoutent leur petite vexation, leur moquerie, voire leur petit larcin. Oh! ils n’y sont pour rien, ce sont les cartes qui décident de tout, des cartes manipulées par Akira…Tous le craignent, car il choisit sa victime du jour au gré des décisions données par les cartes, « hanafuda »,…par ses tricheries. Minoru, naïf, perd toujours, mais ne soupçonne pas les tricheries d’Akira.

Ayumu, le narrateur a intégré l’école en cours d’année. Akira, le chef de classe l’a guidé et a été chargé de lui faire découvrir l’école. Oh, ce n’est pas une grande classe…seulement douze élèves, six garçons et six filles!  En effet, sa famille change régulièrement de lieu de vie au gré des promotions du père de famille. Son père a quitté Tokyo, pour  Hirakawa, un village, bien éloigné des satisfactions que peut procurer une grande ville. Dès son arrivée, Ayumu a été pris en main par Akira, Akira que tous craignent et qui n’aimerait pas que d’autres lui prennent sa place de  délégué de classe qu’il entend  conserver. Akira a même décidé que Ayumu serait son vice-délégué! 

Ayumu découvre au fil du temps les vexations faites par Akira , sa violence même, les jeux ou ordres plus ou moins violents et débiles qu’il invente pour rabaisser d’autres gamins, notamment le jeu du Passereau dans lequel un gamin doit montrer son courage face à une éprouvette remplie d’acide sulfurique, ou le vol d’un couteau à cran d’arrêt …

C’est une tradition ! Et c’est souvent que Minoru perd à ces jeux débiles ressemblant à ces bizutages…jeux qui peuvent se terminer dans le sang ! Mais aussi on joue à « l’homme invisible » en ignorant délibérément un élève prendant des journées, voire au « jeu de l’au-delà » en jouant à s’étrangler…sans compter les défis qu’on se lance, et les punitions pour les vaincus….jusqu’au jour où Minoru se rend chez Akira et chez Ayumu…..mais je n’en parlerai pas !

….du sang et des larmes à l’école et traditions japonaises, le quotidien, les croyances, la nature japonaise, ses traditions policées, ses rites tels que ses chevaux concombre et ses vaches aubergine favorisant le voyage des morts….. sans oublier les lanternes allumées en papier déposées sur les cours d’eau!

Oppositions de deux mondes ..poésie et violence

Hiruki Takahashi sait très bien faire monter cette violence…cette mainmise sur les plus faibles,…cette émotion 

Beau texte !

Éditeur : Belfond – Traduction par Miyako Slocombe – 2020- parution initiale en 2018 – 123 pages


Lien vers la présentation de Hiroki Takahashi


Quelques lignes

  • « Le jour du vol, il avait craint que ces garçons soient le genre de voyous qu’il s’était bien gardé de fréquenter jusqu’ici, mais au bout de quelque temps, il comprit qu’il s’était trompé. Ils bavardaient joyeusement pendant les pauses, faisaient du foot dans la cour après la cantine et jouaient un peu aux cartes après l’école. C’étaient des collégiens ordinaires, comme dans toutes les écoles qu’il avait déjà connues. » (P. 26)
  • « Chaque fois qu’ils pariaient de l’argent ou qu’il y avait un enjeu risqué, tel que commettre un vol ou faire une partie de Plaque tournante, Minoru perdait. » (P. 46)
  • « ….il découvrit l’expression «heure couleur moineau» . Elle désignait la tombée du jour. Il ignorait de quand datait cette formule, mais il trouva étrange que des gens d’autrefois, qu’il n’avait jamais rencontrés et à qui il n’avait jamais parlé, aient eu la même sensation que lui en voyant la couleur du jour tombant et lui aient donné le même nom. » (P. 81)
  • « Les mots qui errent près des monticules, des carrefours et des ponts, faut pas y tendre l’oreille. Parce que les mots, ils influencent les hommes. » (P. 82)
  • « Dans ce vertige doré grouillaient des êtres humains qu’il ne comprenait pas, exaltés par un jeu qu’il ne comprenait pas, et l’environnement se couvrait de sang. Même sur ces terres, il était parvenu à s’acclimater, à s’assimiler à sa classe et à s’intégrer dans un petit groupe. Il avait même obtenu le poste de vice-délégué. Comment avait-il atterri dans ce chaos? » (P. 113)

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