
« Je me considérerai comme mort quand je serai mort en français. Car je n’existerai plus alors en tant que ce que j’ai voulu être, par ma souveraine décision d’épouser la langue française. » (première phrase de la préface du livre)
« Je me considérerai comme mort quand je serai mort en français. Car je n’existerai plus alors en tant que ce que j’ai voulu être, par ma souveraine décision d’épouser la langue française. » (première phrase de la préface du livre)
« ….la beauté de ce pays c’est que même si tu ne joues pas, tu cours les mêmes risques. Mettons que tu restes tranquille dans ton coin et gères tes affaires : tôt ou tard arrive un type qui va essayer de t’enlever ce que tu as. » (P. 82)
« ….si tout le monde vivait comme un Français, il faudrait 2,73 planètes. Il en faudrait 2.85 si tout le monde vivait comme un Suisse, 4.97 si tout le monde vivait comme un Américain et 0.64 si tout le monde vivait comme un Éthiopien » (P. 42)
« La voiture, c’est notre société, notre civilisation thermo-industrielle. Nous sommes embarqués dedans, GPS programmé sur une destination ensoleillée. Aucune pause n’est prévue. Assis confortablement dans l’habitacle , nous oublions la vitesse, nous ignorons les êtres vivants écrasés au passage, l’énergie faramineuse qui est dépensée et la quantité de gaz d’échappement que nous laissons derrière nous. » (P. 39)
Cette histoire est en effet la leur, dévastée par la surdité ou plus exactement par l’obstination d’un père à vouloir réparer cette inadmissible erreur de la loterie génétique : une absurdité, assurément. » (P. 19)
« Selon certains prospectivistes, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ne connaîtrons rien moins que 17 métiers » (P. 62)
« La Russie veut empêcher, à tout prix, une intégration de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN » (P. 129)
« Il faut rire de tout. C’est extrêmement important. C’est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans. » disait Pierre Desproges
Une lucidité et une dérision que j’ai retrouvées sous une forme ou une autre dans tous les textes que j’ai eu l’occasion de lire d’Edgar Hilsenrath….
Il pouvait, sans jamais pouvoir être montré du doigt ou accusé, rire de tout, être iconoclaste, ou presque « borderline » comme disent les anglais pour définir cet état à la marge entre la névrose et la psychose.
Il avait connu la Shoah allemande, et également le stalinisme…dont il a démontré si besoin était toute leur proximité…il avait souffert de ces deux pouvoirs
Il a choisit l’angle de l’absurde et du grotesque pour évoquer dans ce titre « Satires » l’Allemagne moderne qu’il découvre sous un jour nouveau après l’avoir quittée pour fuir le nazisme : « Tout est fini. La vie d’un Allemand ne vaut plus la peine d’être vécue. Les Ricains vont débarquer. Puis les travailleurs immigrés. Mais attends, ma chère Gerda. Il y aura d’abord la faim, et la dénazification. Puis la réforme monétaire. Après, ça ira peut-être mieux. Mais sans moi, Gerda. Je ne veux plus. Oui, on remontera la pente. Et il y aura de nouveau des Forêt noire aux cerises et des gâteaux aux fraises. Les Allemands seront de plus en plus gras et ne voudront plus travailler. Alors les travailleurs immigrés viendront faire les travaux pénibles. Et tu seras seule, Gerda. Et tu vieilliras. Et tu seras de plus en plus grosse à force de manger du gâteau aux fraises. Du gâteau aux fraises avec de la chantilly. »
C’est un survivant de la shoah qui évoque, avec lucidité, tour à tour le Mur de Berlin, la drogue, le socialisme, les travailleurs émigrés, les ménagères, les fonctionnaires, le fascisme, la sécurité, les centrales nucléaires « terrorisme du futur » …et j’en passe, bref, le monde moderne…..un monde avec ses incohérences.
Autant de textes jubilatoires et dérangeants pour sourire, pour rire jaune de nos sociétés modernes, de nos hantises, de nos craintes.
Ce n’est pas le texte, qui vient spontanément à l’esprit quand on évoque cet auteur, et pourtant…quel plaisir !
Lien vers la présentation d’Edgar Hilsenrath
Quelques lignes
Journaliste français….
« La haine du Juif serait ainsi une colère de l’outsider qui prend pour cible un peuple perçu comme le champion de l’appartenance. »