
« A la maison tout le monde parle songhay, peul, bambara, soninké, senoufo, dogon, mandinka, tamasheq, hassanya, wolof, bwa. Mais à l’école, personne n’a le choix : il faut parler français. »
« A la maison tout le monde parle songhay, peul, bambara, soninké, senoufo, dogon, mandinka, tamasheq, hassanya, wolof, bwa. Mais à l’école, personne n’a le choix : il faut parler français. »
« C’est en écrivant qu’elle trouve un espace habitable. En concevant un univers et en le faisant advenir sur la page. Le chant est sa parole véritable. L’écriture sa planche de salut. Le chant est sa parole véritable. L’écriture sa planche de salut. » (P. 139)
Cette histoire est en effet la leur, dévastée par la surdité ou plus exactement par l’obstination d’un père à vouloir réparer cette inadmissible erreur de la loterie génétique : une absurdité, assurément. » (P. 19)
« Il m’aura fallu des années pour l’apprendre et une vie entière pour en comprendre le sens : pendant la guerre, mon père avait été du « mauvais côté ». » (P. 31)
« ….dans la ville où je suis née, je n’étais qu’une moitié de primate, ou bien un être surnaturel pour les plus niais d’entre eux, pas une personne normale en tout cas. C’est ça mon pays. »
« Au Pays du père, à part des dattes trop sucrées, y a que du pain de blé noir, de l’huile amère et des cailloux. Y a rien à faire, rien à manger. »
« Les muses sont au nombre de neuf, et neuf femmes comptèrent aussi pour Gui, femmes qu’il aima sans forcément être aimé en retour. Figure du mal-aimé, habité par l’Éros, il s’incarna dans la tendresse autant que dans la bestialité. » (P. 241)
« Ma vie, c’est celle d’une immigrée ballottée entre deux terres, perdue entre deux mondes, ni tout à fait quelque part, ni jamais totalement ailleurs. »
« La cocaïne c’est le diable dans un flacon. »
« Pour moi, les deux meilleures choses de l’Amérique étaient la télévision et la bibliothèque. »
Ajay, le jeune indien a 10 ans quand ses parents décident d’émigrer aux États-Unis…Dès que la famille le sait, tous se précipitent pour récupérer tout ce qui ne pourra être emporté, une famille à la fois heureuse pour eux mais jalouse aussi .
Le rêve américain est enfin à la porté des deux gamins, Ajay et son frère Birju, gamin doué qui doit intégrer la Bronx Hight School of Science…Chacun rêve de réussite et prend plaisir à rejoindre leur oncle et tante déjà installés aux USA…tout serait si simple si….
Un « si » dont je ne parlerai pas mais qui va rendre cette intégration plus difficile et plus douloureuse. Et surtout plus dramatique
Ajay doit faire face aux remarques pas toujours gentilles, lancées par des gamins blonds à un gamin un peu trop « métèque » à leur goût. Il y a un monde entre le rêve et la réalité…Ces remarques en abattraient plus d’un.
Au contraire elle stimulent le gamin. Ajay doit, seul, porter les rêves de réussite et d’intégration de la famille et faire rêver ses petits camarades, afin d’être reconnu. Quoi de mieux qu’un frère, héros fort et secret, pour montrer à tous que lui aussi….son imagination fait le reste. Et pourtant….
La lecture lui ouvre des horizons nouveaux qui effacent les dures réalités du quotidien. Petit indien, petit métèque fait tout pour s’intégrer, pour être un américain, comme eux …pas toujours facile loin de là quand à la maison, le père picole de plus en plus, quand les assurances répondent « stop, ça suffit », et quand les faiseurs de miracles baissent les bras.
Malgré tout Ajay avance dans la vie et les études, et le petit métèque se bat, se bat et gagne.
Sans doute pour conjurer ce malheur qui a frappé la famille.
Un livre en grande partie autobiographique que l’auteur mettra dix ans à écrire…dure intégration couronnée de succès.
Un livre émouvant, drôle parfois, ne sombrant jamais dans le pathos….un grand plaisir de lecture.
Éditions de l’Olivier – Traduction : Paule Guivarch – 2015 – Parution initiale en 2014 – 220 pages
Lien vers la présentation d’Akhil Sharma
Quelques lignes