« Les alpinistes vont en montagne pour ceux qui restent chez eux; ils grimpent, ils racontent. Le récit s’inscrit dans les chaumières; il file dans la vallée, dans la plaine. C’est en grimpant qu’ils écrivent l’histoire. » (P. 13)
« Premier de cordée« , « Les conquérants de l’inutile » et d’autres encore accompagnèrent les rêves de cet ado de 15 -16 ans fasciné par la montagne, les neiges éternelles…puis cette période fut suivie par d’autres, bien d’autres…Il me reste de cette frénésie, de vagues souvenirs d’un monde dans lequel ma peur du vide interdisait de m’y aventurer, sans compter que monde était bien éloigné de mon domicile….mais les images de montagne, de neige, de froid m’ont toujours fasciné.
Je pensais retrouver ces récits plus modernes d’alpinisme en suggérant ce choix parmi bien d’autres, à Babelio à l’occasion de cette opération « Masse critique »
Et non ! Oh ce ne fut pas un espoir déçu, loin de là, mais une rencontre bien différente des autres rencontres littéraire de montagnards de mon adolescence….rencontres bien lointaines dans ma mémoire.
Mais ce titre m’a permi d’autres rencontres avec des passionnés de montagne et d’alpinisme, et surtout avec un cadre de parois verticales jamais ensolleillées, avec, en particulier un coin de montagne qui fascine cet auteur, par ailleurs chirurgien du coeur. Des rencontres diverses, présentes ou du passé, des alpinistes passionnés par ces parois verticales qui gagnèrent leur combat contre cette montagne, mais d’autres qui y laissèrent leur vie, soldats ou paysans, venus pour la guerre, depuis bien des années des soldats étrangers, mais aussi des soldats de l’armée de Bonaparte…des soldats ont arpenté ces montagnes, dont le père d’Aldo – un des personnages du roman, mais est-ce un roman ou un témoignage- ….a quant à lui ramené des rescapés de la bataille de Stalingrad. D’autres rescapés de combats, ont également traversé ou gravi ces paysages.
Oui, la guerre, les guerres entre hommes se sont également déroulées sur ces parois abruptes.
Mais un livre d’amour de l’auteur pour ce coin des Alpes, pour ces montagnes qu’il connaît, des brins d’Histoire, d’histoires sans suite, indépendantes les unes des autres…déroutant parfois le lecteur que je suis.
Exils Editeur – 2024 – 103 pages
Lien vers la présentation d’Arrigo Lessana
Quelques lignes
« Les alpinistes vont en montagne pour ceux qui restent chez eux; ils grimpent, ils racontent. » (P. 13)
« Ils sont vivants quand ils racontent, mais entourés de morts et d’accidents. » (P. 13)
« Qui voudrait installer un premier bivouac, alors que la lumière a déjà décliné, par vingt, trente degrés au-dessous de zéro, sommeiller un peu, seul, en attendant le lever d’un jour sans soleil, se dérouiller les jambes, chauffer ses mains raidies, fondre la neige sur le réchaud, fixer la corde à son baudrier et au gros sac chargé de matériel, qu’il faudra tirer au bout de chaque longueur, entamer la première longueur d’une ascension qu’aucun jusqu’alors n’a jamais réussie? » (P. 39)
« Il y a de la vie sous la neige. Près des blocs de la moraine, la température ne varie pas beaucoup…des eongeurs, des petites proies, il ya du monde, larves, débris, insectes, que sais-je, des scarabées…ça pullule là-dessous » (P. 42)
« Nous sommes restés quarante deux-jours dans la montagne.A près chaque tentative, fatigués, démoralisés, nous trouvions nos deux amis médecins qui nous attendaient au camp de base. Capables de garder la tête froide; je crois qu’on les aurait écoutés si, le moment venu, ils avaient lâché : « C’est bon , vous êtes lessivés. Va falloir rentrer
« Deux Retirate dans la famille, je me dis, alors qu’Aldo a mis la voiture au pas dans ece chemin maintenant lacéré par des ornières et encombré de grosses pierres…deux grandes fuites menées par deux hommes du même nom, Meinero, à plus d’un siècle de distance. Chacun à la tête de la colonne du sauve-qui-peut. «C’est pour ça qu’on nous aime dans la région.»