"Bonheurs d'enfance" – Chistian Signol

Nostalgie, quand tu nous tiens….!

Ce fut un grand bonheur pour moi, de découvrir Christian Signol et de plonger avec ce titre dans son enfance, et de plonger dans mon enfance…

Nous aurions pu nous croiser sur les bancs de l’école…il aurait été dans la classe des grands, moi dans celle des moyens, nous aurions porté ces mêmes blouses grises, cet uniforme des classes primaires, qui gommait les différences. Dans sa classe comme dans la mienne, une estrade, un chiffon pour nettoyer la craie des tableaux, un poêle, des cartes de France aux murs, des crayons d’ardoise dans une trousse ou un plumier qui faisait toute notre scolarité, des livres aux couvertures de papier bleu…

Christian Signol a vécu son enfance dans une petite ville du Quercy qui ne connaissait pas la télévision….j’étais en Auvergne. Il nous conte ses bonheurs simples, ces vacances qui n’avaient rien des transhumances de bagnoles que nous connaissons, cette camaraderie, faite aussi de bagarres, cette vie de campagne où nous étions mis à contribution pour les travaux du quotidien… Gamins nous ne comparions que nos vélos dans des courses sur des routes presque sans bagnole. Nous allions à la pêche, nous faisions des cabanes, sans télé nous n’avions pas le temps de nous ennuyer.  

Bonheur de cette lecture qui m’a replongé dans mon enfance, dans les bonheurs simples qui nous enchantaient, sans télé, sans aucun de ces gadgets.Ce fut comme plonger dans un album de photos noir et blanc jaunies, retrouver ces instants fixées sur la pellicule, ces photos qu’on faisait avec parcimonie, on ne mitraillait pas. Elles avaient toutes un charme indéniable. Et elles coûtaient cher !

Un livre que les plus anciens liront avec plaisir et nostalgie. Mais aussi un livre qui vraisemblablement risque d’agacer les plus jeunes, rebutés par ce papier jauni, par ce monde trop calme : « Vous deviez vous emm…. » diraient-ils peut-être.

J’ai été ému par cette lecture, ému par ce « …finissez d’entrer! » qu’on offrait à ceux qui frappaient à notre porte, émus par les anecdotes, par les rencontres, par cette vie, ému par ces points communs entre nos enfances.

Un temps à jamais révolu… : « ….on est passé en quelques années de la civilisation de la sagesse à la civilisation de l’excès » écrira Christian Signol (P. 184).

Nous avons été heureux, sans rien de notre monde moderne et sans manquer de rien.

« Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure, je me souviens des jours anciens et je pleure » Verlaine l’avait aussi écrit bien des années avant Christian Signol.

Nos gamins le diront peut-être aussi ….signe du temps qui passe !


Présentation de Christian Signol


Quelques lignes

  • « Banni du royaume de l’enfance, j’ai utilisé le moyen de l’écriture pour me l’approprier. Pour qu’on ne me le prenne plus jamais. C’est ainsi que je vois les choses. »(P. 14)
  • « J’ai partagé avec mon grand-père et ma ma grand-mère des moments merveilleux dans leur minuscule maison de trois pièces, qui se trouvait à deux cents mètres de celle de mes parents, au bout d’un chemin qui longeait leur ancienne boulangerie, elle-même située au travail du maréchal-ferrant. » (P. 17)
  • « Je ne saurais mieux dire, en écrivant ces lignes, toujours aussi persuadé que je suis que le seul trésor qui compte c’est celui que l’on peut emporter avec soi quand l’heure est venue. » (P. 109)
  • « …..plus j’avance dans la vie et plus le temps me glisse entre les doigts, comme s’il voulait m’indiquer que tout ce qui m’est donné m’est donné de surcroît, que seuls comptent mon enfance et ses étés sans fin. » (P. 115)
  • « Il n’était pas question de contester les règles d’une éducation religieuse sur laquelle, en outre, veillaient sévèrement les curés de village, aidés très efficacement dans leur sacerdoce, il faut bien le dire, par les ballons de football. » (P. 151)
  • « …mais je crois comme Albert Camus « qu’on peut avoir, sans romantisme, la nostalgie d’une pauvreté perdue. » (P. 174)
  • Je crois surtout que les tentations, pour les enfants, étaient moins nombreuses qu’aujourd’hui (où les parents font preuve d’une surenchère qui habitue leurs têtes blondes à un train de vie dont la perte, un jour, risque de les rendre très malheureux), et que rien n’est plus enrichissant que l’espace et la liberté. De cela je suis certain, comme je suis certain que voir travailler tout un peuple d’artisans autour de moi m’a donné le goût et la passion du travail bien fait. » (P. 183)

2 réflexions sur “"Bonheurs d'enfance" – Chistian Signol

    • merci…heureusement que ces dizaines procurent d’autres bonheurs, lectures, petits enfants, copains du jardin, qui offrent leur amitié en toute simplicité, amis fidèles qui n’ont pas fui face aux dizaines…bref, un bonheur fait de petits riens de petits bonheurs du quotidien, de rencontres…tout ça permet de passer au dessus des maux de l’âge. Bonne journée

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