
« Pour nous, le Chambon, c’était le grand air, la nature, et ça avait un parfum de grandes vacances. »
Pour moi aussi…c’était la pêche à la truite dans le Lignon, la pêche aux grenouilles au printemps, de nuit, les champignons en automne… une partie de mon enfance, de mes souvenirs…
Rien de plus….Et pourtant !
Monsieur Weil occupe un poste de direction, dans une entreprise de téléphone jugée stratégique….une belle situation, une belle famille. Tout pour être heureux.
Mais…
Quelques jours après la déclaration de guerre, alors que les premiers allemands sont déjà là, il subit les premières vexations bien qu’ancien poilu et grand blessé de guerre, gazé…les regards des voisins deviennent déjà accusateurs et suspicieux.
Très vite, il devra mettre ses enfants à l’abri, les Allemands sont là…je tourne très vite les pages…vous prendrez bien plus de temps pour les déguster….jusqu’au jour où ses gamins peuvent enfin rejoindre Le Chambon sur Lignon en Haute Loire, où officie un pasteur protestant…aidé par les habitants du village…pour recueillir des enfants, les cacher lors des descentes de soldats…
Des anonymes, des paysans, des familles, des enseignants devenus tous, après la guerre « Justes Parmi les Nations » pour leur héroïsme et leur courage pendant la guerre.
Mais tout ça vous le lirez avec plaisir, j’en suis certain. Plaisirs et émotions au menu, à peu près le temps d’un film…mais quel film !
Mais ce n’est pas une fiction. Loin de là!
Né et ayant vécu au Puy en Velay, à quelques kilomètres, du Chambon, je n’ai pris connaissance, imparfaitement toutefois de cette histoire que bien plus tard. Pourquoi donc n’avais-je donc jamais entendu parler de ces héros anonymes, ni dans les écoles privées ni dans les écoles publiques que j’ai fréquentées dans le même département…?
Par contre on m’avait parlé d’autres combats du maquis…
Les années venant, par hasard j’ai eu connaissance, partiellement cependant, de ce passé, de cette histoire édifiante… puis je me suis renseigné sur ce passé si bien mis en texte et en images colorisées par Matz, Kanellos Cob et Katherine Avraam…un travail commun remarquable, à la fois par le texte et l’image…
Ce beau livre peut-être mis entre toutes les mains à partir des pré-ados…un texte que chacun peut lire. Doit lire….pourquoi pas en remplaçant le mot «Juif» par le mot « migrant» !
Pas de violence, pas de sang..tout est dans les mots et dans le pastel des images, dans le regard des personnages. Juste un énorme courage face à la barbarie.
Proposez cette lecture.
Ceux qui ne lisent jamais ou rarement des BD, trouveront certainement un plaisir comparable au mien.
Le Chambon, village protestant où se trouve encore aujourd’hui un collège cévenol, collège protestant renommé par ses résultats….et pas loin… »Le Puy, Ville d’Art, Ville Sainte », ses vierges, ses curés, ses bonnes sœurs, encore aujourd’hui, mais bien moins qu’à l’époque…deux mondes qui, je pense, s’ignoraient encore quand 15 ans après ces évènements j’usais mes culottes sur les bancs des écoles et des lycées de la Haute-Loire.
Ne vous privez pas de cette découverte, de cette lecture…que j’ai faite…bousculé.
Incitez les bibliothèques à l’acquérir…il y a tant de messages à recevoir et transmettre avec cette lecture!
Merci à Babelio et à l’éditeur pour m’avoir offert ce plaisir…lu et relu!
Un livre qui va d’abord voyager entre les mains de mes petits enfants, puis de mes amis, puis poursuivra sa vie sur les rayons d’une bibliothèque de village.
Éditeur : Steinkis – 2021 – 133 pages
Lien vers la présentation de Matz
Lien vers la présentation de Kanellos Cob
Quelques lignes, quelques bulles
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« Pour nous, la fin de la drôle de guerre a été quand les Allemands sont arrivés et ont réquisitionné l’hôtel. Nous avons dû partir. Des soldats nous ont même accompagnés en voiture à la gare voisine. » (P. 13)
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« C’est notre tradition, ici, l’accueil des enfants. Mais aujourd’hui, nous nous consacrons à des enfants qui rencontrent d’autres genres de problèmes. Sans doute comme les vôtres. Triste époque. » (P.71 )
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« Nous avions classe le matin, tous ensemble, les grands et les petits. Et l’après-midi nous pouvions nous amuser. Notre maîtresse s’appelait Melle Lombard. Elle était très gentille, toujours de bonne humeur, et très marrante. Elle écrivait des contes pour enfants pendant qu’elle nous faisait classe. » (P. 83)
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« Tout était lié. La résistance pacifique, la résistance armée, le ravitaillement, l’attitude du préfet et des gendarmes, jusqu’au relief accidenté qui offrait à la fois des abris sûrs et des endroits propices aux embuscades. Tout cela explique que le Chambon ait réussi à cacher et sauver autant d’enfants de l’arrestation et de la déportation. On estime à environ cinq mille les enfants juifs passés par ces homes et ces fermes. » (P. 96)
Je me le commande !