« La Voleuse de livres » – Markus Zusak

« Au fil des ans, j’en ai vu des jeunes hommes qui croient se précipiter sur d’autres jeunes hommes. Ils se trompent. Ils se précipitent à ma rencontre » (P. 182)…

C’est la mort qui parle ! la mort narratrice fait son boulot, méticuleusement, consciencieusement, professionnellement. Elle a énormément de travail…c’est l’époque qui le veut.

Lors de l’enterrement de son frère,  Liesel Meminger a volé un livre : « le Manuel du fossoyeur, un guide en 12 étapes pour réussir dans le métier ». Elle a vu sa mère pour la dernière fois, à cette occasion.

Depuis elle est placée chez les Hubermann, qu’elle appellera Papa et Maman : lui est peintre en bâtiment. Malgré cette proximité professionnelle, il ne soutient pas Adolf Hitler. Malgré tout, à 10 ans elle doit entrer dans les Jeunesses Hitlériennes 

Papa lui apprend à lire sur son livre….les livres sont rares, certains se font plaisir en les brûlant à l’occasion d’autodafés.

« Les allemands adoraient brûler. Des boutiques, des synagogues, des Reichtag, des maisons, des objets, des gens assassinés et, bien sûr des livres.  Ils appréciaient un bon bûcher de livres, ce qui donnait l’occasion aux gens qui eux, aimaient les livres de se procurer des publications qu’ils n’auraient jamais pu avoir autrement. »

Par la suite, sa bibliothèque s’agrandira, cadeaux de Papa à l’occasion de Noël, livres sauvés des autodafés, livres volés…souvent volés. Papa lui offrira même « Mein Kampf », il en a découpé les pages, les a peintes en blanc, puis il a dessiné ce cadeau. « Mein Kampf » transformé en BD !

Trois fois Liesel croisera la Mort et trois fois la Mort l’a négligera !

J’ai croisé d’autres personnages , Rudy un gamin aux cheveux blonds qui a pour modèle Jesse Owens, ce coureur « nègre » disait-on alors ! Une certaine forme d’inconscience ou de courage ! Puis il a Max, Max boxeur ….et juif, qu’il faut cacher dans le sous-sol du 33 rue Himmel…la rue du Ciel…Là il écrit

Voyage dans cette Allemagne nazie source de tant de livres, inégaux. Un voyage différent, grave bien sûr, un voyage d’amour et de tendresse entre la gamine et ses parents, un voyage dans ce monde des livres. Quoi de mieux pour un lecteur ?

« Il y a une différence entre le cœur d’un humain et le mien. Le cœur humain est une ligne, tandis que le mien est un cercle, et j’ai la capacité infinie de me trouver au bon moment au bon endroit »…elle bouclera la boucle…Après avoir volé des livres, elle en écrira !

Un livre édité dans une collection jeunesse…à lire par des ados, pour découvrir une époque, un livre qui peut sans aucun doute servir de base de discussion, entre ados et adultes sur le racisme, le nazisme, l’intérêt de la lecture, la censure….. Indispensable!

« Pourtant, la punition et la souffrance seraient présentes, tout comme le bonheur. C’était cela, l’écriture » (P. 532)

Editions Pocket – 2008 – 640 pages


Lien vers la présentation de Markus Zusak


Quelques lignes

  • « La rue des étoiles jaunes : c’était un endroit où personne ne voulait s’arrêter pour regarder mais presque tout le monde le faisait. Dans cette rue qui ressemblait à un long bras fracturé se dressaient plusieurs maisons aux fenêtres lacérées et aux murs meurtris. Sur les portes étaient peintes des étoiles de David. Ces maisons étaient presque comme des lépreux. Au minimum, elles étaient des plaies infectées sur le sol allemand blessé »(P. 56)
  • « Tu as de beaux cheveux blonds et de grands yeux bleus, de la bonne couleur. Tu n’as pas à t’en plaindre. C’est clair » (P. 64)
  • « Les humains aiment bien le spectacle d’une petite destruction [ ] ils commencent par les châteaux de sable et les châteaux de cartes et ils vont de plus en plus loin. Ils sont particulièrement doués pour ça » (P. 116)
  • « Leur vie avait changé du tout au tout, mais ils devaient faire absolu comme si rien ne s’était passé. Imaginez que vous deviez sourire après avoir reçu une gifle. Imaginez que vous deviez le faire vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Voilà ce que ça impliquait, de cacher un juif.  » (P. 218)
  • « Le silence n’était ni le calme, ni la quiétude. Ni la paix. » (P. 409) 
  • « Je dois reconnaître que durant la période où Hitler fut au pouvoir aucun être humain ne pût servir le Führer aussi loyalement que moi. Il y a une différence entre le cœur d’un humain et le mien. Le cœur humain est une ligne, tandis que le mien est un cercle, et j’ai la capacité infinie de me trouver au bon moment au bon endroit. En conséquence, je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d’eux-mêmes. Je vois leur beauté et leur laideur, et je me demande comment une même chose peut réunir l’une et l’autre. Reste que je les envie sur un point. Les humains ont au moins l’intelligence de mourir. » (P. 499)

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