« La Maligredi » – Gioacchino Criaco



  • « Et de nouveau je pensai à papa, à son visage qui toutes les fois qu’il revenait me paraissait celui d’un étranger, j’étais trop petit  quand il est parti et les jours qu’il avait passés avec moi avaient été trop peu pour lui raconter tout ce qui m’arrivait quand il n’était pas là, pour lui demander de me raconter l’Allemagne, ses projets, et lui parler de tout ce qui me trottait dans la tête. » (P. 62)
  • « Pour la plus grande partie, nous étions des enfants de pères émigrés, nous représentions leur espoir en un avenir moins pénible et le rêve de la province ionienne de devenir moderne comme l’Italie d’en haut. » (P. 75)
  • « Papa aurait du revenir pour Noël, et il n’était pas venu; maman disait maintenant qu’il viendrait à Pâques. Il n’avait pas non plus envoyé d’argent, ni par la poste ni par quelqu’un du pays qui aurait travaillé avec lui et serait venu pour les fêtes. le mouchoir à rayures bleu sombre et bleu clair s’était desséché et j’avais peur de regarder dedans. » (P. 98)
  • « Nous autres, les jeunes du village, on nous enseignait à faire nos valises, nous en savions plus sur le Lingotto, l’usine Fiat de Turin – et sur la Mirafiori que sur la Calabre. » (P. 111)
     
  • « Toute la terre autour du village, comme celle le long de la côte, n’était qu’un immense verger, mais les fruits n’appartenaient pas aux Calabrais, ils étaient propriété des gnuri; pour une poignée de lires les gens du pays se cassaient le dos à les cueillir et à les charger dans des camions qui les porteraient aussi loin que nos migrants, pour remplir le ventre des autres. » (P. 173)
  • « Le village compensait le vide que laissaient ceux qui s’en étaient allés avec la présence des émigrés revenus se reposer et, comme tous les étés, le temps s’accrochait au fil à linge pour se sécher de l’humidité de l’hiver. » (P. 289) 
  • « C’est la mer le pire, dans les montagnes on mourrait de faim, mais on était en bonne santé. Moi, sur la plage j’y ai jamais mis les pieds, que maudit soit le jour où on s’est laissés emmener du vieux village. » (P. 307)
  • « Pour comprendre cette montagne, il faut avoir en soi le désir de liberté. » (P. 347)

Laisser un commentaire