
« Et je me suis dit, tandis qu’il tendait la main pour écarter les cheveux devant mes yeux : le problème avec le rêve c’est qu’on finit par se réveiller. » (dernière phrase du livre)
Patti Smith auteure …je l’ignorais totalement, Patti Smith était pour moi cette chanteuse de rock, que j’avais découverte dans les années 75-76 avec Horses..un album rayé à force d’être écouté, un album inutile dorénavant…C’est tellement facile de l’écouter, lui comme d’autres, disponibles sur Internet. Chanteuse mais aussi poète, photographe et peintre américaine.
Abandonné par un lecteur sur une étagère de librairie, l’Année du Singe s’imposa à moi…sans doute un désir de rajeunir et de « lire » cette voix rugueuse, de découvrir sa personnalité, ses engagements, ses relations, ses émotions et de mieux connaître ses coups de gueule….d’autant plus que la quatrième de couverture mentionnait Trump…..certainement pas un type qu’elle admire…
Il en a tant d’autres qu’elle évoque, bien plus attirants, aves lesquels elle fit un bout de chemin
En particulier Sam Shepard, cet ami qu’elle évoque souvent…un créateur aux compétences multiples : acteur, réalisateur, producteur, écrivain, scénariste et metteur en scène américain qui offrit à Patti Smith une partie de la notoriété musicale et humaine qui ont fait sa personnalité et ses succès …..un homme qu’elle ne peut oublier, un des ses grands amis, le plus grand sans doute.
Mais aussi d’autres hommes, ou femmes, des amis, des rencontres,, des départs d’amis…tous ces bouts de vie et bouts de chemins faits à leurs cotés….parmi lesquels Roberto Bolaño … auteur que je dois découvrir.
« Année du singe »…année 2016, année des 70 ans de Patti Smith, âge au cours duquel, chacun fait un bilan, de ce qu’on fit ou non,…en regrettant ce que la maladie ou l’âge rendent dorénavant impossible,
Elle immortalisa grace à son Polaroïd des moments de cette vie qu’elle nous conte, des lieux qu’elle décrit…N’y cherchez pas la qualité…mais un grand progrès nous était offert avec ces appareils. Autres temps …je découvre qu’ils sont toujours vendus !
Editions Gallimard – Folio -211 pages – 2023 – Traduction par Nicolas Richard – Parution initiale 2020
Lien vers la présentation de Patty Smith
Quelques lignes
- » Le problème quand on rêve, me disais-je, c’est qu’on peut être attiré dans une énigme pas du tout mystérieuse, occasionnant des observations absurdes et des discours ne menant à aucune conclusion fondée sur la réalité. » (P. 31)
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« Je me demandais ce qui arrivait aux personnages des livres dont le sort reste en suspens pour cause de décès de l’écrivain. » (P. 43)
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« Mais est-ce l’auteur qui crée leurs rêves ou est-ce qu’il capte les vrais rêves de ses personnages. » (P. 44)
- « Le banc des trois singes de la sagesse était vide. je suis restée assise quelques minutes, à reprendre mes esprits, tandis que les festivités me prenaient par surprise. Je me souvins d’être restée debout, enfant, face à une effigie similaire des trois singes dans un parc avec mon oncle. Quel singe aurais-je préféré être? m’avait-il demandé. Celui qui voit rien de mal, ne dit rien de mal ou n’entend rien de mal? Je m’étais vaguement sentie patraque, craignant de faire le mauvais choix. » (P. 79-80)
- « Dix mille ans ou dix mille jours, rien ne peut arrêter le temps ni changer le fait que j’aurai soixante dix ans au cours de l’année du Singe. Soixante dix ans? Soixante-dix ans. Un simple nombre, mais qui indique le passage d’un pourcentage significatif du temps alloué dans un sablier, sachant qu’on est soi-même l’œuf dont on mesure le temps de cuisson. Les grains se déversent et je remarque que les morts me manquent plus que d’habitude. Je remarque que je pleure davantage quand je regarde la télévision, émue par une histoire sentimentale, un inspecteur à la retraite qui se prend une balle dans le dos alors qu’il contemple la mer, un père las sortant son nourrisson du berceau. Je remarque que mes propres larmes me brûlent les yeux, que je cours moins vite et que ma notion du temps qui passe s’accélère. » (P. 99)
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« Ne t’en fais pas, disaient-ils tous, la majorité fait loi. Pas vraiment, ripostai-je, ce sont les silencieux qui font la loi et c’est à eux que reviendra la décision, à ceux qui ne votent pas. Et qui peut leur en vouloir, quand tout n’est qu’un tissu de mensonges, une élection douteuse, truffée de gaspillage? Des millions déversés dans un trou tapissé de plasma, dépensés en incessantes publicités télévisées douteuses. Une véritable entrée dans les ténèbres. Autant de ressources qui auraient pu être utilisées pour gratter le plomb des murs des écoles en ruine, accueillir les sans-abris ou nettoyer des rivières souillées. » (P. 169)
- « Les choses changent à une vitesse dont nous n’avions jamais rêvé. On parlera guerre nucléaire. Les pesticides seront un groupe d’aliments. Pas de chants d’oiseaux, pas de fleurs sauvages. Rien que les ruches qui s’effondrent et les riches qui font la queue avant de monter à bord d’un vaisseau pour aller passer une nuit sur la Lune. » (P. 198)

