« Ubasute » – Isabel Gutierrez


Lien vers la présentation d’Isabel Gutierrez



  • « Puisque nous allons ensemble, mon fils, sans que nos regards se croisent, puisque c’est le moment du départ et celui des dernières enjambées, à toi à qui j’ai appris à marcher et à pédaler, je parlerai en silence, je calerai le rythme de ma langue sourde, marche de vers iambiques, à la longueur de tes pas. Nous traversons le temps du paysage ensemble. » (P. 28)
  • « ….les gens s’imaginent que la perte, elle d’un être ou d’un objet, nous rend plus sensible. C’est faux, notre sensibilité se nourrit de ce que l’on nous donne et certainement pas de ce que l’on nous prend. » (P. 75)
  • « Depuis une heure, son corps était secoué, par intervalles, de hauts-le-coeur qu’il tentait de maîtriser par la régularité des pas et en fixant son regard sur le sol qui défilait lentement. Ses épaules étaient douloureuses, son front devenait soudain brûlant, sa bouche se crispait  dans un mouvement qui nouait ses mâchoires l’une à l’autre, empêchant l’air d’entrer et de sortir. Il ne fallait pas s’arrêter, s’arrêter c’était s’effondrer et il devait tenir debout, solide, comme la mère le voulait. Á cette pensée, tout se calmait, pour un moment. Il entendait de nouveau le chant des bois. » (P. 94) 
  • « Vois-tu, mon petit roi, il y a des gens qui se perdent entre les lignes d’un livre comme d’autres se perdent dans la nuit. Ils parcourent les chemins d’encre en passant la tête à travers les personnages qu’ils ont choisis. Ils ressentent leurs peurs, leurs désespoirs, leurs désirs, leurs soifs, leurs passions et, l’ouvrage refermé, les emportent dans leur cuisine ou dans leur lit. Quelquefois même, il les tiennent prisonniers dans leurs propres greniers, dans leurs caves les plus secrètes, forçats sur leurs routes intimes, et ne veulent plus s’en séparer, ils préfèreraient même mourir que de les abandonner. » (P. 112)
  • « Maman, pendant ces derniers jours, de quoi ton cœur était-il traversé lorsque nous montions vers cette nuit glacée de veille, de quels mots le silence de nos arrêts se chargeait-il lorsque, les yeux humides et perdu vers la maison qui s’éloignait, tu me souriais timidement? » (P. 116)

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