
« La guerre est perverse, elle transforme les hommes, elle tue les émotions, les angoisses, les peurs. Quand on est en guerre, on voit le monde différemment. La lecture est divertissante, elle nous maintient en vie. Si nous lisons, c’est avant tout pour rester humains. » (P. 49)
Daraya est l’une des plus anciennes villes de Syrie, elle serait le lieu où l’apôtre Paul vécut sa conversion alors qu’il était en chemin pour Damas . Daraya est une banlieue de Damas
Une banlieue qui comme de nombreuses banlieues est mal considérée par le pouvoir central tenu par Bachar-el-Assad.
Bachar qui ne tient pas la culture en haute estime….. loin de là….une constante chez tous les tyrans.
Dans cette ville où même les Nations-Unies ont été impuissantes pour acheminer de l’aide humanitaire, des manifestations monstres, durement réprimées, se sont déroulées régulièrement et ont confirmé le courage des habitants et la rage des manifestants à l’égard du régime.
En fouillant des maisons en ruine et abandonnées des jeunes ont trouvé des livres….6 000 livres en 1 semaine – 15 000 livres en 1 mois. Tous seront secrètement cachés et le nom du propriétaire sera inscrit sur chaque livre, afin qu’il lui soit rendu plus tard….à son retour d’exil ….ou de prison …..s’il revient !
« Les livres, ces armes d’instruction massive qui font trembler les tyrans. » (P. 63)
Ce désir de culture et cette honnêteté….un magnifique contraire de la politique centrale et l’espoir d’une vie meilleure.
Progressivement cette bibliothèque qui s’est constituée, va être hébergée dans un sous-sol et va permettre à ces jeunes d’oublier un temps la violence du pouvoir, les bombes….oublier sous les bombes cette pensée unique imposée, penser, penser…vivre une autre vie, d’autres vies.
Par la lecture, oublier la répression et rêver d’une vie meilleure !
Oui……mais penser est dangereux dans un pays tenu par un salaud !
Alors Bachar fera ce qu’il sait seulement faire…..être violent avec son peuple.
Mais pour ces jeunes : « …le monde entier nous a lâchés »!!!! ….Un cri resté sans écho
Leur quotidien est fait d’alarmes, de bombardements, de gaz chimiques largués par des hélicoptères.
Ces habitants durent se protéger du largage ciblé par ces mêmes hélicoptères de 8 000 barils d’explosifs. Ils durent endurer 1 350 jours de siège, entre 2012 et 2016 sans compter les bombardements au Napalm de leur ville, …même l’hôpital ne fut pas épargné!
Ils étaient seuls : « …le monde entier nous a lâchés. »
Tous n’en revinrent pas. Bachar écrasa cette révolte
……et, en ce qui nous concerne, ne nous nous plaignons de nos petits tracas du quotidien !
Oui c’est bon d’être dérangé, et indigné par une lecture, par une journaliste qui risque sa vie pour nous informer des dérives de notre monde!
« Les livres, ces armes d’instruction massive qui font trembler les tyrans. » (P. 63)
« …le monde entier nous a lâchés »
Un très grand merci à elle ……je ferai tout pour reparler d’elle…
Editions du Seuil – 2017 -157 pages
Lien vers la présentation de Delphine Minoui
Quelques lignes
« Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d’instruction massive. » (P. 12)
« Bachar al-Assad a voulu mettre Daraya entre parenthèses, l’enfermer entre crochets. J’aimerais lui ouvrir les guillemets. Faire défiler d’autres images que ce premier cliché. » (P. 13)
« Dans ce sas de liberté qu’ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. ils lisent pour s’instruire. Pour éviter le démence. Pour s’évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. la lecture, ce modeste geste d’humanité qui les rattache à l’espoir fou d’un retour à la paix. » (P. 29)
« Notre révolution s’est faite pour construire, pas pour détruire. » (P. 18)
« Les livres, ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans. Du temps. De l’asservissement. De l’ignorance. » (P. 29)
« Dans ce sas de liberté qu’ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. ils lisent pour s’instruire. Pour éviter le démence. Pour s’évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. la lecture, ce modeste geste d’humanité qui les rattache à l’espoir fou d’un retour à la paix. » (P. 29)
« Au cœur du chaos, leur bibliothèque est un territoire sans frontière. Une enfilade de continents. Une cache secrète où les livres circulent sans passe-droit ni gilets pare-balle. Dans ce lieu hors d’atteinte, ils sont parvenus à instaurer une intimité collective, mais aussi un esprit d’éthique et de discipline. c’est cela, sans doute qui les aide à tenir. Cette idée du vivre ensemble. Cette sensation aussi de normalité qui repousse les frontières de la violence. Plus inattendu, même les combattants de l’Armée syrienne libre fréquentent assidûment la bibliothèque » (P. 44-5)
« …Al-Qaïda, ou par Daesh…Ces gens là ne représentent pas nos idées. Ils les déforment » (P. 48)
« Il croit aux livres, il croit en la magie des mots, ils croient aux bienfaits de l’écrit, ce pansement de l’âme, cette mystérieuse alchimie qui fait qu’on s’évade dans un temps immobile, suspendu. Comme les cailloux du Petit Poucet, un livre mène à un autre livre. On trébuche, on avance, on s’arrête, on reprend. On apprend. Chaque livre[..] renferme une histoire, une vie, un secret. » (P. 49)
« Il croit aux livres, il croit en la magie des mots, ils croient aux bienfaits de l’écrit, ce pansement de l’âme, cette mystérieuse alchimie qui fait qu’on s’évade dans un temps immobile, suspendu. Comme les cailloux du Petit Poucet, un livre mène à un autre livre. On trébuche, on avance, on s’arrête, on reprend. On apprend. Chaque livre[..] renferme une histoire, une vie, un secret. » (P. 49)
« Là-bas, dans l’enclave syrienne, la lecture est aussi un acte de transgression. C’est l’affirmation d’une liberté dont ils ont été si longtemps privés. » (P. 51)
« Cette volonté perverse de transformer les villes et les hommes pour en faire les otages d’une pensée unique. » (P. 56)
« La faim est une arme de guerre. Une arme particulièrement efficace. Elle ne se voit pas. Mais elle grignote les corps à petit feu. Une stratégie destructrice, particulièrement calculée pour contrôler l’homme par le ventre. » (P. 106)
« Ce livre, c’est un peu tout ça à la fois, le récit, même inachevé, de ces héros invisibles. Je ne peux pas y renoncer. Ecrire pour ne pas oublier. Pour ne pas les oublier. » (P. 119)
« Á Daraya, le régime s’est évertué à effacer toute trace positive et intellectuelle de la révolution. Pour Assad, un homme cultivé et éduqué est un homme dangereux, parce qu’il représente un défi à l’ordre établi. Mais l’ai l’impression de ressortir grandi de cette tragédie. Jamais, je ne me suis senti aussi libre, porteur d’une mémoire que personne ne pourra m’arracher. » (P. 144)

