« À l’ouest rien de nouveau » – Erich Maria Remarque

À l'ouest rien de nouveauÉcrit par un auteur allemand, lui même soldat blessé au cours de la guerre de 1914-18, Ce livre fait partie de ceux qu’il faut avoir lu pour connaître, et comprendre ce drame.
Le narrateur, Paul Bäumer est un fantassin allemand, engagé volontaire poussé à la mobilisation par le nationalisme de ses instituteurs/professeurs. Comme beaucoup d’autres. 
Il écrira à leur sujet : « Ils auraient du être pour nos 18 ans des médiateurs et des guides nous conduisant à la maturité, nous ouvrant le monde du travail, du devoir, de la culture et du progrès, préparant l’avenir. »
Il n’a pas le comportement du tueur sanguinaire. C’est avant tout un homme qui nous fait partager avec réalisme cette guerre, qui nous montre que de part de d’autres, les souffrances furent identiques. Il nous décrit les brimades des chefs, la faim, les conditions de couchage dans la boue, le froid la nuit pendant les gardes.

Les  poux et les rats ne faisaient pas de différence entre les soldats des deux camps. La peur avant les combats, avant de sortir de la tranchée, n’avait pas de nationalité. Les soldats allemands étaient soignés dans conditions identiques à celles des poilus français. La médecine et la chirurgie surtout firent de grands progrès du fait des expériences médicales de reconstruction. Les guerres font avancer la science ! 
Un livre antimilitariste écrit en 1927, démontrant si besoin était, l’absurdité de cette guerre. Vu du coté allemand, un livre plein d’humanité, de camaraderie, d’amitié. On ne peut suspecter l’auteur d’être un belliciste : En 1933, Remarque quittera son pays. Il offrira l’asile dans sa maison de Porto Ronco, en Suisse, à ceux qui fuient l’Allemagne nazie.
« À l’ouest rien de nouveau » n’est absolument pas un livre orienté contre les ennemis, les français ou les anglais. Au contraire l’auteur partage avec les poilus ennemis les mêmes souffrances, et quand il vient à tuer un soldat français, à voir sa mort de près, il écrit un passage plein d’humanisme, à ne rater sous aucun prétexte, sans doute l’un des plus émouvant, des plus critiques vis à vis de l’Armée et donc, malgré le sujet, des plus drôles.

Un livre, coup de poing d’un peu plus de cent pages, qui ne plut pas aux nazis. Il fut brûlé à l’occasion de leurs autodafés.

Essentiel


Quelques lignes qui m’ont touché
  • Plus que pour tout autre homme, l’estomac et la digestion sont pour le soldat un domaine familier. Il en tire les trois quart de son vocabulaire et l’expression de la joie la plus intense ou celle de l’indignation la plus profonde y trouvent ce qu’elles peuvent avoir de plus vigoureux …. Pour nous ces choses là ont retrouvé le caractère de l’innocence parce qu’elles se passent forcément en public. » (P. 11)
  • « Il est d’ailleurs comique que le malheur du monde vienne si souvent de gens de petite taille : ils sont beaucoup plus énergiques et insupportables que les personnes de haute taille » ….. Chefs de petite taille: ce sont le plus souvent, de maudites rosses.  » (P. 12)
  • « Nous apprîmes qu’un bouton bien astiqué est plus important que 4 tomes de Schopenhauer » (P. 20)
  •  » Saluer, se tenir au garde-à-vous, marcher au pas de parade, présenter les armes, faire demi-tour à droite ou à gauche, faire claquer les talons, recevoir des injures, et être en butte à mille chicanes , certes, nous avions envisagé cette mission sous un jour différent et nous trouvions que l’on nous préparait à devenir des héros comme on dresse des chevaux de cirque » (P. 21)
  •  » Il propose qu’une déclaration de guerre soit une sorte de fête populaire avec des cartes d’entrée et de la musique, comme aux courses de taureaux. Puis, dans l’arène, les ministres et les généraux des deux pays, en caleçons de bain et armés de gourdins, devraient s’élancer les uns sur les autres. Le pays de celui qui resterait debout le dernier serait le vainqueur. Ce serait un système plus simple et meilleur que celui où ce ne sont pas les véritables intéressés qui luttent entre eux  » (P.35)

2 réflexions sur “« À l’ouest rien de nouveau » – Erich Maria Remarque

  1. Enthousiasme partagé sur ce livre et son auteur. Intéressant de lire aussi un autre livre-témoignage allemand sur 14-18, Orages d’acier d’Ernst Junger : autre regard, autre style, autre pensée mais vision similaire d’une guerre absurde et sauvage.

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