"Les grands espaces" – Catherine Meurisse

Ses parents décident de s’installer à la campagne, d’acheter une ruine…..

…..de la retaper, d’en faire leur nouveau cadre de vie…l’occasion pour Catherine Meurisse de nous offrir une BD pleine de charme, une BD coup de gueule également. 

Une BD engagée pour la beauté de cette nature, mais aussi contre les hérésies d’aménagement qui la détruisent, contre ces produits qui tuent la vie…, contre tous ceux qui détruisent cette vie rurale au nom de l’Aménagement, du modernisme et du progrès…En quelques bulles, en quelques images elle nous fait partager ses indignations, contre les remembrements, contre la nourriture artificielle donnée aux animaux « Avant la bouse sentait bon. Aujourd’hui, elle pue la merde ! Parce que les vaches bouffent de la merde ! », contre les politiques de subventions  incohérentes…on subventionne pour faire table rase du passé et quelques années après pour tenter de retrouver ce passé…on subventionne cette monoculture qui tue les abeilles.

Elle brocarde quelques têtes de turcs, qu’elle ridiculise, les chasseurs, les lotisseurs, les lignes électriques, les festivals, les parcs à thème…Elle donne des noms et des images -ou plutôt des caricatures- à ces « aménageurs », nous fait sourire, jaune, de leur bêtise…sans oublier Monsanto…

Bref la dessinatrice nous rappelle sans complaisance aucune qu’elle œuvra à Charlie. Son texte et ses dessins sont engagés, sans aucune mièvrerie.La poésie de ses belles images idylliques parfois, est oubliée quelques dessins après du fait de ces penseurs, du fait de ces entreprises qui ne pensent qu’au fric.

L’album devient politique, en présentant presque une étude du monde paysan des années 80, années de jeunesse de l’auteure. Un monde paysan étroitement dépendant des politiques de subvention de l’Union Européenne.

On prendra plaisir à relire cet album militant pour trouver un détail, un mot, un dessin trop vite lu en première lecture.  

Quelques heures de plaisir. Un plaisir qui bouscule et permet à chacun de s’interroger. 


Présentation de Catherine Meurisse


Quelques bulles

  • « Il est des parfums frais comme la bouse de veau, doux comme le patois, verts comme les prairies. Et d’autres, corrompus, puant le Monsanto, ayant l’expansion des doses infinies…comme le Roundup et le Cruiser sur les semences. » (P. 6)
  • « J’aime les vieux murs. Il me semble qu’ils me protègent, qu’ils assurent un peu notre existence. C’est sans doute parce que la persistance des choses arrive à nous leurrer sur notre propre stabilité, notre propre durée. » (P. 13)
  • « Voyez comme c’est beau : après avoir touché des subventions pour arracher les haies, les agriculteurs touchent des subventions pour en replanter. Des haies nouvelles, bien alignées, bien proprettes, composées d’essences idiotes qui n’ont pas de passé et qui ne croissent jamais. » (P. 29)
  • « Je ne sais pas qui a dit « Il faut supprimer la peine de mort, sauf pour les architectes. » » (P 57)
  • « Les arbres nous donnent un sentiment d’éternité. Quand on grandit auprès d’eux, on ne les voit pas pousser. Ils ont l’air d’être là depuis toujours, d’être là pour toujours. » (P. 86)

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