
Les chiens ne font pas des chats !
Imaginez une île, tous les habitants se connaissent….nous en rencontrons quelques-uns, le poète, le curé, le gardien de phare… Sur cette île chacun a un chat, tous vivent en liberté…Mais un jour, mystérieusement ces chats disparaissent… Que leur est-il arrivé ?
Alors l’administration du continent leur apporte des chiens….et veut à tout prix leur dire et leur faire admettre que ce sont des chats.
Absurde !
Nous avons une expression qui résume bien la situation : « faire prendre des vessies pour des lanternes »….
Un vieux monsieur nous conte l’histoire, l’histoire de ces personnes qui vivaient heureuses avec leurs chats, et qui devront intégrer l’idée que ce sont des chats. Ou au moins dire, même s’ils n’en sont pas intimement convaincus, que ce sont des chats.
Toute la vie de l’île en est bousculée. Ces gens doivent maintenant penser différemment. Penser et parler selon le discours officiel.
Et bien non !
J’ai lu ce conte, cette dystopie, quelques jours avant le confinement Covid 19. Ce petit livre manie l’incohérence et l’irrationnel, voire le loufoque sans jamais oublier une petite pointe d’absurde, qui m’a rappelé parfois Raymond Devos. Les plus anciens s’en souviennent certainement.
Cette allégorie prend toute son sel avec ce confinement, avec les discours officiels incompris, contestés et rejetés par les opinions, avec ces théories du complot dénoncées sur les réseaux sociaux, avec l’actualité, avec les manifestations réprimées sous toutes les latitudes, ces libertés contenues, ces ..« gens qui perdaient leur liberté d’être ».
Tout est fait pour améliorer votre qualité de vie…puisqu’on vous le dit !
Même la couverture est trompeuse…verte ou bleutée selon son inclinaison ou selon les personnes, banale presque en apparence, elle sait sous un nouveau jour faire apparaître des mots.
Le titre du livre sur un présentoir, a attiré mon regard et ma main…je ne suis pas trop fan des chats et du mien en particulier, depuis qu’il a pris la fâcheuse habitude de lacérer les papiers peints…
Premier roman, petit bonheur….il faut appeler un chat un chat !
Les éditions du Panseur – 2019 – 122 pages
Lien vers la présentation d’Isabelle Aupy
Quelques lignes
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« L’île sans les chats, c’était aussi bizarre que la commère qui ne trouve plus rien à dire ou la mer sans écume. » (P. 15)
- « Les chats pour nous, c’était comme la liberté, c’est quand on la perd qu’on se rend compte qu’elle manque. » (P. 23)
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« Les chats, je les aime parce qu’ils ne nous sont pas soumis. ils viennent parce qu’ils le veulent, non par habitude, ou de ne pas savoir où aller. » (P. 92)
- « J’étais dans un phare, c’était, je pense le meilleur endroit pour trouver un peu de lumière dans ce foutoir. » (P. 99)
- « Je me suis rappelé pourquoi on était tous là, de ces cases dans lesquelles on ne déjà pas vraiment et qu’ici, il n’y avait pas de case, mais chacun de nous, libres. Qu’ici, il y avait des chats. Je me suis souvenu qu’un chat, c’était un animal qu’on ne tenait pas en laisse. Que le chien était un reflet, que j’avais laissé ma porte ouverte. » (P. 115)