« Pour éviter un crime écologique de masse » – Claude Henri

« L’humanité est conduite par des mâles dominants auxquels leurs préjugés, leur intérêts et leur mépris des autres font détester la perspective même d’une transition. » (P. 17)

Difficile de résister à ce titre proposé par Babelio à l’occasion d’une opération « Masse Critique » – la protection de l’environnement étant une de mes préoccupations devenue essentielle, préoccupation partagée par nombre d’entre nous. Mon jardin, lieu nature par excellence me confirme qu’on peut cultiver proprement, récupérer au lieu de jeter….bref c’est mon monde

Nous savons tous, on ne plus l’ignorer, que notre monde cours un risque énorme. Oui, nous savons que nous laissons aux générations futures, à nos petits enfants un monde bien différent de celui que nous avons reçu…un monde d’ennuis de toutes sortes. Mais nos réactions ne sont pas à la hauteur des risques. Certes nous prenons des mesures, mais bien insuffisantes, bien maigres au regard des enjeux. Malgré tout nous poursuivons cette course en avant, non pas vers un progrès que nous espérons, mais vers une régression que nous rencontrerons. Nos enfants, nos petits enfants devront régler les difficultés, les manques que nous leur laisserons, les températures qui s’affoleront, les manques de matières premières. Cette course en avant est une course, non pas vers le progrès mais vers des difficultés complexes et donc angoissantes …en tout cas, elles devraient l’être si nous considérions le monde que nous lèguerons à nos enfants !

Le diagnostic de Claude Henri est très sombre, pessimiste même si l’on considère son pronostic…Comme s’il nous disait « le mal est fait il est presque trop tard »…presque un cancer métastasé au diagnostic bien sombre.  C’est un peu cette image que j’ai perçue. Je voulais y croire, mais son argumentaire m’est apparu bien sombre et bien juste: l’eau douce et propre se raréfie, les pollutions gagnent du terrain, air eau douce, eau de mer sont touchés.

Toute la biodiversité de notre planète est bien menacée à la fois par l’agriculture intensive et ses engrais. mais aussi et surtout  sans doute parce que nous continuons à brûler nos énergies fossiles, nous creusons à la recherche de minéraux rare….si notre monde brûlait les réserves fossiles disponibles -charbon et pétrole- cela  la quantité d’émission de CO2 au-delà de laquelle la température de la Terre augmenterait de 1,5° serait dépasser de 7 fois

Nous sommes tous informés de ce seuil, nous l’avons souvent entendu, très souvent – émissions spéciales, interventions de spécialistes – et malgré tout, le monde de la finance permet à des dirigeants de forer pour que nos bagnoles aient de quoi boire et de creuser pour toujours plus de minerais et encore de charbon, dans certains pays..

Il cite en page 151 Elizabeth Kolbert journaliste américaine. Elle s’est spécalisée depuis près de 20 ans  des questions environnementales, de la biodiversité mais aussi du changement climatique…. »Il semble impossible d’imaginer qu’une société technologiquement avancée puisse choisir de se détruire elle-même…..mais c’est précisément ce qu’elle est en train de faire  » (P. 151)…Elizabeth Kolbert a reçu le prix Pulitzer de l’essai en 2015 pour son ouvrage La Sixième extinction.

Montesquieu écrivait « Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie. »…il ne pouvait envisager que le monde qu’il connaissait pourrait un jour être presque détruit…C’était le siècle des Lumières…Aujourd’hui d’autres lumières, bien moins érudites et pas du tout philosophiques, mais financières le font courir à sa perte. 

Une étude bigrement dérangeante, car très documentée et argumentée…dérangeante et inquiétante mais malgré tout salutaire afin de donner au lecteur des informations pour réagir, dérangeante quand on considère les dirigeants passés ou actuels qui ont permis et favorisé cette évolution au nom du Dieu Argent, les Trump, Bolsonaro et consorts ….

Mais cette étude sera-t-elle entendue par ceux qui ont en main les moyens pour faire évoluer notre monde dans le bon sens…et rapidement tant qu’il est encore temps? 

Pour éviter ce crime écologique de masse et faire évoluer notre monde dans le sens de la Préservation – avec un grand P- pour les générations futures. Nous n’y sommes sans doute pas encore tout à fait prêts. Alors souvent, mon pessimisme, qui est l’un de mes états d’âme, de plus en plus fréquents,  me rappelle l’histoire du type qui tombe du 20 -ème étage et qui pense : « jusque là, ça va…jusque là, ça va….!!! »

L’heure est grave, c’est justement pourquoi il faut pas aller au pessimisme, ni dans le sens de cette violence …planétaire mais au contraire envisager avec enthousiasme ce projet…le projet de notre avenir et celui de nous enfants et petits enfants!

Rien de moins!

Merci à Babelio et à Masse critique

Éditeur Odile Jacob – 2023 -233 pages


Lien vers la présentation de Claude Henri


Quelques lignes

  • « Si ces géants, entreprises des combustibles fossiles, grands groupes chimiques, agriculture et élevage industriels, leurs banques, ne sont pas mises hors d’état de nuire, il n’y a en dépit de toutes les bonnes volontés mobilisées, aucune chance que la transition aboutisse. » (P. 39)
  • « Les serments de vertu différée à 2040 ou 2050, sont des serments d’outre-tombe. [….] le changement indispensable de trajectoire de développement implique des bouleversements dévastateurs pour leurs intérêts financiers et leur vision du monde qu’ils ne sont pas près d’accepter  » (P. 39)
  • Il est impossible d’empêcher les formes dominantes du capitalisme de détruire toutes les formes de vie, la nôtre y compris. il est illusoire d’imaginer qu’elles puissent se métamorphoser en instruments de l’indispensable transition écologique et économique. » (P. 116)
  • « Est-ce trop demander à ceux par qui le malheur arrive de ne pas laisser écraser ceux qui n’y sont à peu près pour rien mais en sont les premières victimes ? Il ne s’agit pas de générosité à leur égard, mais de réparations pour les dommages causés par les pays riches, les dommages des guerres climatiques et écologiques. » (P. 195)
  • « Ce serait un péril fatal que de continuer au cours des prochaines années à augmenter le stock des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. »(P. 209)
  • « ….mettre en oeuvre un programme Apollo pour la sauvegarde du climat, de façon à enclencher sans délai un processus cumulatif d’innovations techniques et de réduction de coûts…. » (P. 215)
  • « Les revenus générés par les entreprises des secteurs pétroliers et gazier en 2022 permettraient de financer la capture de chaque molécule de CO2 émise du fait de leurs activités et sa réinjection dans le sous-sol. Alors pourquoi  parler de transformer la société et ignorer l’impératif d’obliger ces entreprises à traiter la pollution dont leurs produits sont responsables? » (P. 216)
 
 

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