
Avocate spécialisée dans le droit de la santé
Egalement :
- Chargée d’enseignement dans le domaine du Droit de la Santé
- Droits des patients
Auteure
Dans Mesbelleslectures


Avocate spécialisée dans le droit de la santé
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« C’est une maison perdue au cœur des plaines de l’Allier, un étonnant capharnaüm entouré de chenils »…et les mentions sur le bandeau du livre ou la 4ème de couverture : «Allier », , « Maison aux chiens », « Premier roman», « Prix Jean Anglade » autant de mots qui ont suscité mon intérêt….
…Ces quelques mots sur la couverture ou le bandeau ont été suffisants pour me remémorer une partie de ma jeunesse auvergnate, ma rencontre avec Jean Anglade qui était venu nous parler, dans la « prépa Ecole de Commerce » que je fréquentais alors, de la conception de la vie, et de la simplicité qui manquait à certains,….
Il avait quitté pour un après-midi le lycée Blaise Pascal où il enseignait, parce qu’il avait été invité par un camarade de classe qui le connaissait et l’avait apprécié…Il l’avait eu comme enseignant. Jean Anglade avait évoqué sa conception de la vie, des livres, de l’Auvergne, d’une vie simple…bref de ce qui faisait de lui un homme passionnant.
Toutes choses qui n’étaient pas dans l’ADN de nombreux étudiants, ADN de naissance pour certains ou qu’on tentait de nous inculquer pour d’autres … notamment le peu d’intérêts qu’ils portaient aux animaux
Cette rencontre est toujours présente à mon esprit. Ce fut un après-midi de simplicité, de ruralité, un après-midi bien dépaysant et très utile dans une classe où nombreux étaient ceux dont les dents « rayaient les parquets » …une simplicité bien éloignée de l’esprit et des valeurs de certains…
Pour es besoins du concours, la « performance » était passée au deuxième plan pour un après-midi. Oh combien utile, puisque je m’en souviens encore plus de 50 ans après. !
Oui, grâce à ce titre j’ai fait un peu plus connaissance avec Jean Anglade, ses idées, ses valeurs. Des valeurs que je portait également
Grâce à son nom et à la vie d’une famille mise en avant tout au cours du titre, j’ai retrouvé sa sagesse, sa simplicité, son amour des gens simples et son érudition.
L’auteure nous présente une famille simple et ouverte, des personnes qui assument leur amour des animaux au cœur de la vie en commun. Parce que le mot « famille » est porteur de nombreuses valeurs. Ses personnages adorent les animaux et vivent également une vie à la disposition des autres…une disposition naturelle dans cette famille d’accueil de gamins en déroute, sur la mauvaise pente ou malades…Des gamins qui découvrent l’amour des plus grands et les règles de vie
Bref, une famille de plus en plus rare dans notre monde, une famille de valeurs, d’amour, de solidarité, d’ouverture d’esprit et de cœur… Il en a fait des personnages attachants, menant une vie de simplicité..
Même si le drame est proche.
« Les hommes qui fréquentaient le café, eux, sentaient comme Francis : la transpiration, l’animal, le tabac, sur fond d’alcool rance, senteur qui ne s’estompait jamais vraiment, même quand ils n’avaient pas bu, et se diffusait dans leur sueur de polyester, collait au coin des lèvres qu’ils essuyaient dans la manche et stagnait dans leurs cheveux, qu’ils ne lavaient que partiellement d’un coup de gant de toilette le matin, rarement sous la douche. » (P. 81)
Merci à Caroline Hussar que je n’aurais sans doute pas approchée si la mention « Jean Anglade » n’avait été portée sur le bandeau de couverture.. Je fais confiance à la simplicité de cet homme que j’ai approché.
J’espère en reparler si jamais elle écrit un autre titre. Merci à elle..
Lien vers la présentation de Caroline Hussar
Quelques lignes
« Mon chien a droit au canapé, je préfère les animaux vivants et libres plutôt qu’étalés sur un tableau de chasse, et je suis fille unique. (P. 12 – Préface)
« C’était des chiens de chasse, des bêtes athlétiques, musculeuses. » (P. 18/8)
« La vie de la famille s’organisait autour des chiens de Francis. Il y avait les siens, et ceux qu’il hébergeait pour d’autres chasseurs qui n’avaient pas le temps de s’en occuper. » (P. 31)
« Car il restaient des enfants, trop préoccupés par leurs problèmes familiaux pour faire preuve d’empathie à l’égard de celle qui les accueillait de bon cœur. Et après tout, ils ne lui avaient rien demandé. » (P. 48)
« Ils se chicanaient au sujet de Chirac qui venait d’être élu président. Marcelle le soutenait, parce qu’elle le trouvait plus sympathique que Jospin, visiblement ignorant de l’impact que pouvait avoir un verre de vin rouge à la terrasse d’un café sur la santé démocratique du pays. » (P. 79)
« Les hommes qui fréquentaient le café, eux, sentaient comme Francis : la transpiration, l’animal, le tabac, sur fond d’alcool rance, senteur qui ne s’estompait jamais vraiment, même quand ils n’avaient pas bu, et se diffusait dans leur sueur de polyester, collait au coin des lèves qu’ils essuyaient dans la manche et stagnait dans leurs cheveux, qu’ils ne lavaient que partiellement d’un coup de gant de toilette le matin, rarement sous la douche. » (P. 81)
« Quelques enfants se lancèrent dans une partie de cache-cache, profitant de la sieste de l’instituteur et de la distraction générale de leurs aînés , occupés à téter un café trop dilué dans des tasses en plastique qui leur coupaient les lèvres. » (P. 88)
« Sur leurs peaux bronzées, caramel, or, cuivre, les gouttes d’eau ruisselaient, hérissant parfois la cuisse d’une chair de poule saisissante, que les garçons présents rêvaient de caresser de leurs doigts nerveux sans si risquer. Alors on préférait se pousser à l’eau, se retenir, se peloter incidemment dans les profondeurs veloutées et silencieuses, et puis, si jamais l’on était repoussé, on pourrait toujours arguer d’une maladresse due au plongeon, c’était si facile. » (P. 106-7)
« Lorsqu’on se promenait dans les parages en période de chasse, on évitait les bois et les près trop éloignés de la route, on s’habillait de couleurs voyantes et c’était tout. Ces précautions ne suffisaient pas à empêcher que, de temps à autre, un balle perdue vienne estropier l’un des participants. L’éthylisme de certains d’entre nous n’y était pas étranger. » (P. 119)
« Roman n’allait pas bien. Tout le monde le constatait, mais personne n’en parlait. Il était de ces enfants qui préfèrent détruire des liens qui auraient pu leur apporter un peu de bonheur.[..]Il avait trop souffert pour croire que ce qu’on lui offrait dans cette famille, on ne le lui retirerait pas un jour ou l’autre. » (P. 145)
« Est-ce le signe de la décrépitude, ce curieux réflexe se s’asseoir à la fenêtre pour regarder la vie qui suit son cours au-dehors ? (P. 173)
« Sa vie s’était étriquée depuis l’accident, mail il ne se posait pas vraiment de questions, il continuait à la vivre telle qu’elle se présentait à lui. Il n’aurait pas su quoi répondre si on lui avait demandé s’il était malheureux. C’était ainsi, c’est tout. » (P. 201)
« Tout disparaîtrait. Le pire comme le meilleur. Que resterait-il de Geneviève et de Francis ? Finalement, les leçons de vie qu’ils avaient dispensées ici avaient aidé à faire de leurs gamins des adultes à peu près fonctionnels. Ils s’étaient égaillés depuis longtemps, vaille que vaille, sur le grand terrain de chasse de la vie. Ils étaient un peu boiteux, chacun à leur manière, mais tous, forts de chaque partie de pêche, de chaque cueillette de champignons, de chaque promenade en forêt, avaient pris racine à peu près sainement. Plus aucun enfant ne bénéficierait de cet enseignement et, au fond, c’était sans doute une bonne chose. » (P. 227)