« Bohemian Flats » – Mary Relindes Ellis

Bohemian-flatsAllemagne de la fin du 19 ème siècle : Un hobereau tyrannique règne sur sa famille. Riche paysan, il est aussi brasseur et amateur de bière..La destinée de ses trois fils est toute tracée : ils doivent obéir et reprendre les affaires familiales. A sa mort c’est à Otto que revient la ferme en vertu des lois de succession.
C’est l’aîné, il est fainéant, bon à rien, bête, fourbe, paresseux et  rusé,  et il entend bien faire travailler sous ses ordres ses 2 frères Albert et Raimund, plus intelligents et plus travailleurs.

Albert le second est marié avec Magdalena, jeune femme brune, différente des autres allemandes…elle est d’origine roumaine, juive peut être, on la soupçonne d’être un peu sorcière. Le père de Magdalena est instruit et donne des cours au plus jeune Raimund âgé de 16 ans. Il lui conseille de choisir la liberté et de partir vers les Etats Unis.

Émigrant pauvre il s’installe seul à 16 ans, à Minneapolis, dans les Flats, quartiers pauvres au bord du Mississipi. Et comme tous ces émigrants sans le sou venus d’Europe centrale, juifs, roumains, allemands, tchèques… il accepte tous les sales boulots qu’il peut trouver, dans la poussière, le bruit. C’est une communauté multiculturelle de bagarres parfois, mais surtout d’amitiés fortes, d’entraide et de solidarité.

Il est suivi quelques temps après par Albert et son épouse qui eux aussi quittent l’Allemagne et Otto.

Progressivement les 2 familles vont s’installer et s’intégrer à la société américaine…acquérir des terres…avoir des enfants….être américains

Mais ils seront toujours, en certaines circonstances, regardés d’abord comme des allemands par les autres citoyens américains. Et quand la guerre arrive, ils devront choisir de combattre aux cotés des américains, contre l’Allemagne, en étant toutefois toujours plus ou moins suspectés d’être d’abord des allemands… ou être utilisés et valorisés du fait de leur culture allemande…

Américains…Oui ….. mais allemands…aussi

Un roman qui nous permet de mieux comprendre la vie des ces émigrants, leur intégration dans cette Amérique qui se construit et qui s’engage plus tard dans le combat contre le nazisme. Un roman sur l’Allemagne, sur la politique de Bismarck, qui poussa de nombreux allemands à quitter leur pays.

Un roman aussi qui nous interroge sur l’immigration et les immigrés. Que doivent-ils faire, au bout de combien d’années, oublie t’on qu’ils sont d’origine étrangère; Quand deviennent ils parfaitement intégrés à leur nouveau pays, après combien de générations, de combats?

Une question d’actualité


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Extraits

  • « Si la joliesse ne peut durer qu’un temps, la vraie beauté chez une femme dure jusqu’à sa mort » (P. 50)
  • « Il faut du courage pour exprimer la vérité à travers un tableau. Ce sont les peintres si ont le plus grand pouvoir par ce qu’ils touchent ceux qui ne savent pas lire mais qui voient » (P. 51)
  • « Peu importe que vous soyez suédois, irlandais, italien, allemand ou norvégien : une fois que l’on habite les flats, on est mis dans le même sac que les Slovaques oú les Tchèques : on devient Bohémien » (P. 130)
  • « Il est étrange qu’on attribue aux tziganes la capacité de lire l’avenir et qu’on pense du mal d’eux à cause de ça. Mais chez les saints et personnes sacrées, ces aptitudes s’appellent des visions. Et eux, ça leur vaut d’être vénérés. »(P. 159)
  • « La beauté peut été une malédiction : Elle peut piéger celui qui la possède » (P. 172)
  • « Idéaliser un peuple ou sa culture est une forme de condescendance : cala créé des illusions et pour finir, engendre le mépris, car ceux que l’on idéalise ne peuvent jamais être à la hauteur des illusions qu’ils n’ont d’ailleurs jamais prétendu inspirer. » (P. 26)
  • « Nous voulons des territoires, même s’ils appartiennent à des étrangers, pour pouvoir façonner l’avenir en fonction de nos besoins …..le monde appartient à l’Allemagne  » (Ernst Hasse fondateur de la ligue pangermaniste – 1891 – P. 273)
  • « Parler anglais représentait une trahison de leur identité » (P. 284)
  • « Conrad a dit que la seule chose qu’un homme puisse trahir c’est sa conscience. Je suis bien d’accord avec lui. J’aime l’Allemagne. Mais il faut parfois trahir Lexus qu’on aime pour le sauver. » (P. 316 – écrit de Richter)
  • « Ce qu’il ne peut écrire, c’est cette question : les américains le considéreront-ils toujours comme allemand une fois qu’il sera rentré et qu’il aura tombé l’uniforme » (P. 364)

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