Dix jeunes d’une tribu africaine sub-saharienne, les Mulongo, et deux adultes disparaissent à la suite d’un grand incendie. Où sont ils? Tout le clan s’interroge, leurs mères ou épouses en pleurs sont écartées et ne participent plus à la vie du clan, « leur douleur sera contenue en un lieu clairement circonscrit et ne se répandra pas dans tout le village ». Elles doivent être purifiées afin de ne pas porter malheur au groupe : en effet, « après ce drame on n’a pas fait les sacrifices que les circonstances méritaient ». Les superstitions régissent la vie du clan.
Un roman sur un aspect de l’esclavage non traité par la littérature. Plusieurs grands romans de Beloved à Racines ont décrit dans le détail la souffrance des esclaves. Celui-ci nous fait vivre la vie de ceux qu’on oublie : ceux qui sont restés dans l’incertitude de l’attente, dans l’angoisse de la disparition, l’angoisse des mères, les superstitions et croyances dues à la culture africaine, les luttes d’influence au sein du clan, les guerres tribales et la recherche de la suprématie par les armes, les interrogations face à ces grands bateaux. Un roman qui, aussi, montre du doigt la part de responsabilité de l’Afrique dans l’esclavage, la part de responsabilité de certaines tribus, ayant tout à gagner en vendant aux trafiquants les hommes, les femmes et enfants des clans voisins
Quelques information sur Léonora Miano
Quelques extraits
« Leur douleur sera contenue en un lieu clairement circonscrit, et ne se répandra pas dans tout le village. Nous avons fort à faire pour comprendre ce qui nous est arrivé puis reconstruire… « (P.12)
« Le rêve est un voyage en soi, hors de soi, dans la profondeur des choses et aux-delà » (P.15)
« Les morts sont constamment évoqués au sein de cette communauté. Les vivants font l’objet de commérages incessants, de louanges quelquefois. depuis le grand incendie, une nouvelle catégorie d’individus est apparue : celle de ceux qui ne sont ni vivants, ni morts. On ignore ce qu’ils sont devenus. On accepte de le vivre sans le savoir » (P.26)
Devise du clan: » je suis parce que nous sommes » (P.31)
« La communauté avait commencé à se morceler » ( p.64)
« Quiconque se badigeonne la face d’argile blanche communiqué avec l’autre monde (P.68)
« Il aurait fallu faire des sacrifices dès le lendemain de l’incendie. Les circonstances méritaient que l’on égorge quelques bêtes »(P.69)

