« Un fils en or » – Shilpi Somaya Gowda

Un fils en orAnil est fils de riches propriétaires terriens indiens. Son père est écouté, ses avis sont reconnus, il arbitre des litiges locaux de propriété ou familiaux à l’occasion de réunion publiques qui se tiennent dans sa grande maison familiale. Après avoir effectué des études de médecine en Inde, Anil part vers un grand hôpital de Dallas aux États Unis, pour six ans de formation et de spécialisation complémentaires.
Leena sa jeune amie indienne, est la fille d’un métayer. Ils n’appartiennent pas à la même caste. Elle sera mariée à un homme qu’elle ne connait pas, un homme violent, et deviendra l’esclave de sa belle-famille, qui convoitait sa dot, et qui ruinera ses parents…

J’ai hésité à lire cet ouvrage, j’avais peur de me retrouver cœur d’un mélo :… le jeune toubib fils de famille riche, la pauvre fille dont il est amoureux…tous les ingrédients étaient réunis…mais une amie m’avait  conseillé ce livre. Alors pourquoi pas ?
J’avoue que j’ai un avis assez mitigé sur ce livre. Cette réticence face au mélo ne s’est jamais totalement levée au fil des pages…
J’aurais apprécié une plongée encore plus forte dans cette civilisation indienne, dans ses temples, ses rites religieux, son système de castes…..L’auteur n’en parlera pas ou si peu. Elle n’évoquera que la violence morale et parfois physique de ces mariages arrangés, dans lesquels la famille de la mariée doit souvent s’endetter et se saigner aux quatre veines pour que la jeune fille soit acceptée par la famille du marié, et payer encore, jusqu’à la ruine, si les attentes du marié et de ses parents sont déçues une fois le mariage consommé…Violence de ces mariages arrangés, et autres violences faites aux femmes parfois brûlées vives pour être punies…Est-ce fréquent en Inde?…on ne le saura pas.
Elle évoquera également cette société rurale et féodale, ces familles riches qui font travailler des métayers presque esclaves, qui peuvent progressivement s’émanciper en rachetant les terres sur lesquelles ils travaillent, si le propriétaire l’accepte. Une société féodale qui reconnait le droit d’aînesse, et la sagesse de ces hobereaux, chargés d’arbitrer les conflits familiaux ou de voisinage. Cet aspect fut une découverte.
Quand le jeune homme riche et instruit arrivera aux Etats-Unis, il sera confronté à la sélection, à la compétitivité dans son métier, et parfois au racisme dans la vie. Il ne sera plus le jeune homme riche, et se rendra vite compte de ses lacunes dans ses connaissances médicales, de l’écart technologique qu’il doit vite assimiler. Il connaitra l’amour, à l’occidental, celui qui se fait et se défait, les amies que l’on quitte…. Depuis Dallas il continuera par téléphone à assurer les arbitrages,  si éloignés de son monde et ses préoccupations….. Des arbitrages pas toujours bien acceptés par les parties…il perd de plus en plus ses racines, les traditions indiennes. Il sera toujours un peu l’étranger,et étranger dans son pays d’origine, étranger dans son pays d’accueil, dans lequel il ne sera jamais tout à fait assimilé…sa couleur, son style de vie, ses habitudes alimentaires sont trop différents. Pas totalement intégré dans son nouveau pays, il s’éloignera aussi de sa culture originelle : « Il habitait deux pays mais n’était accepté par aucun ».
Un roman qui m’a laissé en partie sur ma faim. Certes il est bien écrit, certes le choc des cultures est bien traduit, mais j’aurai aimé que ses aspects sociétaux soient beaucoup plus développés.
Un roman top américain, mais pas assez indien 

 Quelques extraits
  • « Tu n’as pas le droit. Ni aux échecs ni dans la vie. On ne peut pas rattraper une erreur une fois qu’on l’a commise. » (P. 109)
    « Les enfants dilapident ce qu’ils ont en abondance. C’est uniquement quand quelque chose devient rare qu’il prend de la valeur. » (P  136)
    « L’impression que tu donnes de toi, c’est capital en Amérique. Le talent ne représente pas grand-chose. » (P. 154)
    « Ils avaient déjà versé plus de quinze mille roupies pour la dot. Toutes leurs économies y étaient passées et la dette qu’ils avaient contractée les paralysait, car à peine avaient-ils perçu les revenus de leur récolte que ceux-ci s’évanouissaient en remboursement. » (P. 210)

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