
Impossible de s’afficher ensemble, il fallait rester discret, c’était il y a plus de 30 ans. Aujourd’hui encore !
Récit autobiographique réaliste, troublant de vérité, dans lequel le lecteur perçoit toute la douleur de l’auteur, toute la force de cet amour pour Thomas. Thomas qui disparut de sa vie une fois le bac obtenu. Chacun partit de son coté, ferme familiale pour Thomas, classes préparatoires pour Philippe. Vie sédentaire pour l’un, tour du monde pour l’autre.
C’est le premier livre de Philippe Besson que je lis : il était en tête du rayon « Nouveautés » de la Médiathèque, et puis je ne suis pas très attiré par ces auteurs contemporains aux multiples ouvrages.
J’ai certainement tort, je le concède.
Je suis donc bien incapable de faire référence à d’autres titres de cet auteur. Mais cette rencontre, ce premier vrai amour a certainement été déterminant dans sa vie , comme pour beaucoup d’entre nous. Il ne s’en cache pas, bien au contraire.
Alors Thomas a souvent hanté les pensées de l’auteur..mais je n’en dirai pas plus
Ce récit poignant et douloureux, ce récit d’amour n’a pas le coté mièvre ou mélo de nombreux autres récits. On ne peut qu’être troublé par cette histoire, par cette révélation, et surtout pas les conditions qui ont permis à Philippe Besson de ne rien cacher, ni les circonstances, ni le nom de cet amour, de cet homme. Un drame.
Quelques heures de lecture qui laisseront une trace, et me permettront peut-être de mieux découvrir Philippe Besson.
Editeur: Julliard – 2017 – 194 pages
Quelques lignes
- « Nous, on est rabougris, comprimés, dans notre censure. Il y a cette brûlure de ne rien être autorisé à dire, de devoir tout taire, et cette question terrible, cet abîme sous les pieds : si on n’en parle pas, comment prouver que ça existe ? Un jour, quand l’histoire sera terminée, puisqu’elle se terminera, nul ne pourra témoigner qu’elle a eu lieu. L’un des protagonistes (lui) pourra aller jusqu’à la nier, s’il le souhaite, jusqu’à s’insurger qu’on puisse inventer pareilles sornettes. L’autre (moi) n’aura que sa parole, elle ne pèserait pas lourd. Cette parole n’adviendra jamais. Non, je n’ai jamais parlé. Sauf aujourd’hui. Dans ce livre. Pour la première fois. » (P. 107)
- « On ne se défait jamais de son enfance. Surtout quand elle a été heureuse. » (P. 124)
- « Après ? Après, c’est le silence. De longues minutes de silence. Parce qu’il n’y a plus rien à dire, parce que tout a été dit, parce qu’il n’y a plus qu’à se séparer désormais, mais on n’y arrive pas, on n’en est pas capables, en réalité on voudrait rester ensemble encore un peu, retenir le moment, parce qu’on devine que c’est le dernier moment, qu’il n’y en aura plus. » (P. 191)