« L’étrange et drolatique voyage de ma mère en Amnésie » – Michel Mompontet

L'étrange et drolatique voyage de ma mère en AmnésieCertains livres ont la capacité de vous bouleverser parce qu’ils sont un miroir de votre âme, de votre passé, et aussi de vos inquiétudes du moment. Ils ont à la fois la capacité rare de vous émouvoir et celle de vous donner une pêche d’enfer, tout en vous sonnant. « L’étrange et drolatique voyage de ma mère en Amnésie » fait partie de ces rares témoignages qui vous apportent cette angoisse et cette envie de profiter de chaque instant, de chaque petit plaisir….Au cas où…! Et ce bonheur de lecture …
Alzheimer, un mot qui fait peur, une « saloperie » qui vous hante, surtout quand avec les cheveux gris, avec la retraite, on voit non pas le bout du tunnel, mais plutôt se profiler peut-être la fin de la lumière, et l’éventualité de l’entrée dans ce tunnel de l’oubli. Une éventualité qui fait peur à chacun de nous.
Angoisse d’autant plus forte quand certains des siens ont été frappés. 

« Mais on ne meurt pas de l’Alzheimer, n’est-ce pas, ou alors très lentement, et c’est ça peut-être la pire des caractéristiques de cette maladie. On meurt bien avant de décéder, et ce qui reste entre la mort et le décès n’a plus rien d’humain. »
Alors les petits oublis, d’une date anniversaire, d’un rendez-vous, les « Mais où ai-je pu le mettre ? », prennent, certains jours une importance démesurée…Ah sexi-années pas toujours très sexy…On ne connaît plus l’angoisse du chômage, mais celle de l’oubli, celle de la dépendance possible. La peur de devenir une charge pour les autres. En tout cas ce sont mes peurs !
Alors est-ce du masochisme que de lire ce livre en un peu plus d’une journée, est-ce une thérapie, un désir de comprendre? Je ne sais pas.
Pour ma part j’ai lu une merveilleuse lettre d’amour d’un quinquagénaire adressée à Geneviève, cette mère qui l’éleva seule, qui fit de lui cet homme de communication et de télé… cet homme heureux de nous faire partager sur le petit écran sa culture, ses voyages, ses émotions…et sachant si bien parler et écrire, aussi.
En fait, j’ai surtout lu non pas un énième écrit larmoyant sur la décrépitude plus ou moins galopante du malade, sur cet Alzheimer imposant angoisses et mal-être aux siens, mais bien au contraire de merveilleux souvenirs de la vie d’enfant qu’eut Michel Mompontet grâce à l’amour de cette mère. Un amour qu’il souhaite lui rendre jusqu’au bout…Elle l’éleva seule, se privant de tout pour son fils, y compris des sot-l’y-laisse de ses poulets dominicaux. Jusqu’au jour où…mais je ne vous en dis pas plus.
L’humour est présent à chaque page, un humour subtil, afin que tous, Michel, Geneviève elle-même, les accompagnants de sa maman, profitent ensemble de ses moments de lucidité, sourient des absences de la vieille dame et bondissent de joie à chaque petit souvenir qui remonte. Michel n’a qu’une envie, et un seul besoin impérieux : lui rendre le bonheur et la tendresse qu’elle lui a donné et ceci jusqu’au bout. Alors il ruse pour aider cette maman. Un bonheur de vivre qui rayonnait en elle, malgré les difficultés de sa vie de femme seule. Il fut parfois abattu, mais le montre peu et fait preuve d’une grande combativité pour que le sourire de sa maman rayonne le plus longtemps, le plus souvent possible.
Alors oui, ce fut un coup de cœur ! D’abord parce qu’il m’a permis de connaître une part inconnue de Michel Mompontet, mais aussi et surtout de mettre des images, des mots sur ces petits moments de déprime que l’accompagnant qu’il était, affrontait, ces moments d’absence ou de souvenirs de cette merveilleuse maman, cette vie simple d’enfant. 
« Amour»….le mot le plus lu dans ce livre !
Éditions JCLattès – 2018 – 445 pages

Présentation de Michel Mompontet


Quelques lignes

  • « Dans ces quelques mots insensés se dresse ce que je ne peux ignorer : ma mère n’est plus fatiguée, ma mère est malade. C’est une évidence sans possibilité de fuite. Il n’est pas question de courage puisqu’il n’y a pas le choix. Il me faut agir au plus vite, même si je ne sais pas qui est l’ennemi qui l’attaque ; je sais juste qu’il est là. » (P. 16)
  • « Ta douleur sera inversement proportionnelle à la mienne. Plus tu seras malade, moins tu le sauras. C’est moi, alors, qui souffrirai, seul. Ta mémoire aura disparu avec ton amour, et ton amour ne survivra pas à cet effacement. » (P. 73)
  • « L’amour est la seule arme face à ton mal. Ton seul médicament efficace, puisqu’il n’y aura désormais pour toi plus de mémoire sans amour. » (P. 184)
  • « Exceptionnellement heureux et banalement triste. » (P. 436)

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