« Le loup des steppes » – Hermann Hesse

Le loup des steppes (Hermann Hesse)Une lecture pas toujours facile, loin de là, pas évidente parfois, qui oblige le lecteur à revenir quelques lignes, voire quelques pages en arrière afin de bien comprendre le sens des phrases, la pensée de l’auteur du personnages tourmenté qu’est Harry Heller, ce génie de la douleur, cet  homme qui souffre, cet homme perdu dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Le bourgeois instruit qu’il est  devient un loup solitaire, tantôt homme de culture, tantôt loup, parfois même schizophrène, c’est lui qui le dit, bipolaire tenté par le suicide. Il se définit lui-même comme ce Loup des Steppes, écartelé entre ces deux personnalités : un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible; un animal qui ne trouve plus ni foyer ni oxygène, ni nourriture
Seule la peur de cette mort tentatrice retient son geste. 
Sans doute est-il trop instruit, trop cultivé, il nous parle de ses coups de cœur culturels :  Goethe, Nietzsche, et musicaux Mozart, Bach….   

Une rencontre va changer sa vie, en apparence seulement …. Hermine, lui fera découvrir un nouveau plaisir de vivre et des joies englouties au plus profond de lui-même.
Harry Heller luttait contre le non-sens de l’existence, la perte de valeurs essentielles, et grâce à elle il va temporairement reprendre goût aux plaisirs de la vie, la vie de chacun de nous. Une illusion de bonheur? Des illusions pour repousser cette tentation du vide.
Quelques années après, la société allemande montrait sa face barbare, sauvage et raciste, dirigée par des hommes psychologiquement détraqués finissant leur vie par le suicide. La qu’aucun animal, même le loup le plus féroce, ne pouvait inspirer, devenait programmé d’état et de gouvernement. On dansait sur les cadavres. 
Ce livre fut interdit par ce régime nazi, sans doute par certains des aspects antimilitaristes. Il a semble-t-il inspiré d’autres auteurs, et fut même l’un des romans cultes des années 60.
On ne peut que s’interroger quant à l’aspect autobiographique du texte.

Un roman profond dont une nouvelle lecture ouvrirait sans doute d’autres horizons. Certains cependant seront rebutés par cette lecture. Thomas Mann déclara quant à lui : « Ce livre m’a appris à lire. »

Editions : Le livre de poche – 2018 – Traduction : Alexandra Cade – Date 1ère parution : 1927 – 311 pages

Présentation de Hermann Hesse


Quelques lignes
  • « Lorsque je n’ai plus ressenti j’ai joie ni douleur pendant un certain temps et que j’ai goûté à la médiocrité tiède et insipide de ces journées prétendument agréables, mon âme naïve est agitée par une souffrance et une détresse particulièrement violentes. » (P. 43)
  • « Comment ne pas devenir un loup des steppes et un ermite sans manières dans un monde dont je ne partage aucune des aspirations, dont je ne comprends aucun des enthousiasmes? » (P. 48)
  • « Un homme qui ne cache pas un loup en lui n’est pas nécessairement heureux ; par ailleurs, l’existence la plus malheureuse a ses heures ensoleillées, ses petites fleurs de félicité qui s’épanouissent parmi le sable et la pierre. Il en allait justement ainsi pour le Loup des steppes. » (P. 67)
  • « Toutefois notre Loup des steppes au au moins découvert en lui la dualité faustienne. Il a compris que l’unité de son corps n’impliquait pas forcément celle de son âme; qu’il avait tout au plus commencé le voyage, le long pèlerinage vers l’harmonie idéale . » (P. 97)
  • « ….Henri Haller était un parasite, un sans-patrie ;  que la situation du pays ne pourrait s’améliorer tant qu’on tolérerait des personnes de cet acabit et de telles idées, tant qu’on éduquerait la jeunesse en développant chez elle des conceptions sentimentales sur l’humanité et non une volonté guerrière de vengeance contre l’ennemi héréditaire. » (P. 173)
  • « …et je me souvins avec horreur de ces épouvantables photographies du front que l’on voyait parfois durant la guerre ; de ces morceaux de cadavres enchevêtrés, dont les visages encore recouverts de masques à gaz devenaient diaboliques et grimaçants. Comme j’avais été bête et naïf de m’indigner devant ces photos, moi le pacifiste défenseur de l’humanité. » (P. 283)

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