« David Golder » – Irène Némirovsky

david-golder-2Peinture, sans complaisance aucune, du monde de l’argent, notamment de ces petits Juifs sortis du ghetto, et devenus riches, très riches, de ces Juifs qui aiment l’argent au point de s’en rendre malades…Si Irène Némirovsky, morte du typhus à Auschwitz en 1942, ne l’avait pas écrit, on aurait pu sans peine l’attribuer à un auteur antisémite du fait des poncifs généralement utilisés par ces auteurs repoussants, des poncifs repris par l’auteur : le nez crochu, les ballots d’étoffes ou de ferraille…D’autres, y verront la peinture d’un personnage complexe comme l’étaient les personnages de Balzac. C’est peu dire, à mes yeux, quant à la qualité littéraire de ce livre, quant au plaisir que m’a procuré cette lecture.
David Golder, petit juif sorti du ghetto a été un homme très riche, manipulant l’argent dans des transactions et des montages financiers plus ou moins douteux. Il avançait en écrasant et méprisant ceux qui faisaient obstacle à ses ambitions….mais aujourd’hui, ruiné par la perte de valeur de ses actions pétrolières, il se sépare de son associé Marcus. Celui-ci se suicide en se tirant une balle dans la poitrine dans une maison close.
Avec Soifer, une autre Juif, ils refont le monde, montent de nouveaux coups tordus dans l’espoir d’avoir de nouveau la main sur les champs de pétrole russes. Il est ruiné, mais toujours combatif afin de retrouver cette fortune perdue. Alors il part en Russie, afin de se refaire une santé financière, qui lui redonnerait sans doute la santé physique et en revient dans un bateau, à l’antipode des navires de luxe qu’il utilisait autrefois pour traverser l’Atlantique…
Voyage éprouvant car David Golder est malade, son angine de poitrine le mine et l’oblige à se ménager….
Il est fatigué, également par l’attitude de ses deux femmes. D’une part son épouse cupide qui adore les bijoux, et d’autre part sa fille frivole le câlinant et minaudant pour lui extorquer un peu ou beaucoup d’argent, selon ses besoins ou ses envies, dans l’espoir de porter de nouvelles robes toujours plus belles les unes unes que les autres ou de briller au volant d’une Bugatti. Rien de moins !
Aucun des personnages n’est attachant ou sympathique. Tous courent après l’argent, le luxe, en recourant à des coups plus ou moins tordus ou à des amis tous plus véreux les uns que les autres…
Un peinture du monde de l’argent, d’un monde artificiel et superficiel. Ce monde d’affairistes riches que fréquentaient la famille de l’auteure, ses parents, ces familles riches amies, ce monde qui était également celui de la famille de l’auteure..
Troublant roman !

Éditions Les cahiers rouges – Grasset – 2005 – Parution initiale : 1929 – 191 pages

Présentation de Irène Némirovsky


Quelques lignes

  • Aujourd’hui la richesse, demain, plus rien. Puis recommencer… Et encore recommencer… Ah oui, vraiment, s’il avait dû faire ça, il y a longtemps… » (P. 22)
  • « Combien de fois déjà il avait tout perdu, et il faisait comme les autres, il recommençait… c’est la vie. Et dans cette affaire de Teïsk, il y avait cent chances pour une de réussir », dit-il tout à coup, tout haut, avec passion, comme s’il se mettait mentalement à la place de Marcus, « avec l’Amrum, derrière lui, l’imbécile ! » » (P. 25)
  • « ….les affaires, au fond, c’est une espèce de vice comme la morphine. Si tu n’avais pas les affaires tu serais le plus malheureux des hommes, mon petit…. » (P. 61)
  • « Vêtu d’une vieille houppelande grise, le cou entouré d’un cache-nez de laine, avec un vieux chapeau noir, usé, il ressemblait étrangement à quelque fripier juif d’un village d’Ukraine. Quelquefois, en marchant, il remontait l’épaule, d’un mouvement machinal et las, comme s’il hissait sur son dos un lourd ballot d’étoffes ou de ferraille. » (P. 100)
  • « À Londres, à Paris, à New-York, quand on disait « David Golder » c’était le nom d’un vieux Juif dur, qui toute sa vie, avait été détesté et craint, qui avait écrasé ceux qui lui voulaient du mal. » (P. 127)
  • « La misère conserve le Juif comme la saumure le hareng. » (P. 149)

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