
Calmement et consciencieusement il effectue sa mission, pendre les condamnés à mort…
Un travail qu’il effectue froidement sans aucun état d’âme..Sauf une fois, quand il dut pendre Ruth Ellis, autre personnage principal de ce roman!
Mais est-ce un roman?
Ruth Ellis a vécu, et a été effectivement pendue à la suite du meurtre de son « ami ».
Albert Pierrepoint, anglais au nom bien français était quant à lui le bourreau rémunéré par l’Etat britannique, bourreau comme l’était son père…il a pendu environ 200 criminels nazis, faisant la navette entre Londres et l’Allemagne, un travail qu’il fit parfois à la chaîne…plusieurs criminels étant à son programme de la journée et au total il exécuta, les dernières pages nous le précisent 435 condamnés, nazis ou criminels en tous genres.
Entre deux exécutions, il tenait un Pub : le Coach and Horses.
Il mourut en maison de retraite, 37 ans, jour pour jour après la pendaison de Ruth Ellis.
Discret, il n’avait jamais parlé de ce « travail » à son épouse.
Ruth était quant à elle une brave fille, un peu frivole, aimant la belle vie et les hommes, mais ce n’est pas un crime…Elle avait été régulièrement violée par son père et avait atterri, naturellement dans ce monde glauque de la nuit, bars louches, maisons de passe. Elle fréquentait des hommes tous plus louches les uns que les autres, des hommes qui profitaient d’elle et la battaient souvent.
Violemment…
Un jour, elle en tua, qui n’était pas un ange…Il le devint..
Deux personnages qui nous transportent dans ce Londres de l’après-guerre, dans ce monde de la nuit, glauque et violent.
Albert, le bourreau est un type consciencieux, calme qui effectue son travail méticuleusement, sans se poser de question, sans état d’âme. Ah si ! une seule question avant chaque exécution : quelle longueur de corde doit-il prévoir afin que la mort par rupture des vertèbres soit immédiate…?
On en frissonne !
Ruth quant à elle est la brave fille, mal défendue lors de son procès, battue et tuméfiée par un maquereau, qu’elle tua le jour où il fut plus violent que les autres jours.
Ruth, victime également d’un système judiciaire anglais qui lui aussi donne des frissons. Victime aussi de son système de défense et de sa franchise !
Elle fut la dernière femme pendue en Angleterre
Ce n’est pas un roman, mais une partie de l’histoire (assez) récente de l’Angleterre, celle des années 50
Un livre passionnant.
Éditions Grasset – Livre de Poche – 2014 – 278 pages
Lien vers la présentation de Didier Decoin
Quelques lignes
- « ….les navires qui avaient rapatrié d’Europe les soldats américains regorgeaient d’hommes qui s’étaient comportés à la fois en héros vis-à-vis de leur patrie, et en individus parfaitement abjects envers des milliers de femmes. » (P. 29)
- « En réalité, il me fallait moins de temps pour donner la mort à un condamné que pour verser une demi-pinte de bière à un client. » (P. 58)
- « Mais y a-t-il une si grande différence, une différence autre qu’hypocrite, entre l’œil bleu des objectifs des Portrait Brownies qui, épousant les orbes de son corps nu, évoluent en rase-seins, rase-cul, rase-sexe, et les mains, les langues, les verges qui achètent le droit de toucher, caresser, explorer, pénétrer le même corps ? » (P. 85)
- « Lui briser une cheville, la frapper à coups de poing jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rouvrir un œil pendant plusieurs jours, lui donner des coups de pied dans le ventre au point de tuer l’embryon qu’elle portait, pour toi c’est juste « tarabuster » ? » (P. 251)
- « J’avais pour la première fois l’impression d’être un tueur. » (P. 275)
Une partie de l’Histoire dont je n’avais jamais entendu parler et surtout de cette femme Ruth.
Je te remercie pour la découverte, je rajoute ce livre à ma liste de mes envies.
Bonne journée !