
L’homme semblait bourru…
….mais tellement attachant. Sinon, comment expliquer son succès?
On ne présente pas Victor Lanoux, chacun sait mettre une « gueule » sur ce nom. Une « Gueule » à l’image des autres gueules de cinéma qu’il côtoyât, que Richard Lanoux rappelle avec affection…
Il y en a tant qui ont, à l’image de Victor Lanoux, animé nos soirées télé ou nos sorties au cinéma: Jacques Balutin, Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant, Guy Marchand, Sim l’ami de toujours et tant d’autres….belles gueules et beaux minois féminins aussi qui attiraient Victor comme des aimants…Brigitte Fossey, Marie-France Pisier, Marie-José Nat…
Richard Lanoux nous parle de Victor, que rarement il appellera « Papa ».Évocations humaines du père mais aussi de l’artiste, de sa vie personnelle et de sa vie familiale, de ses divorces, de ses aventures et succès féminins et de sa vie professionnelle, de la galère et des succès personnels et professionnels qui arrivèrent enfin…..de ses coups de gueule et colères, aussi.
Victor naquit dans une famille modeste, la famille Nataf. Il vécut son enfance dans « le Bateau »,une barre d’immeuble HLM à Nanterre. Adolescent; il vendit même l’Huma le dimanche matin sur les marchés en compagnie du fils de Waldeck Rousseau.
Victor et les siens mangèrent beaucoup de vache enragée.
Richard fils raconte son père, celui qui ne permit pas à sa famille, à ses débuts, de vivre ailleurs que dans un autre logement HLM et Richard qui, quelques années plus tard, dès ses premiers succès roulera comme un fou en Citroën Maserati…les plus anciens se souviendront de ce rare petit bijou de technologie et de beauté.
Évocation du père, mais aussi évocation croisée de la vie de l’auteur, qui n’aurait pas été celui qu’il est aujourd’hui, sans les coups de pouce qu’ils ont échangés….Victor permit à son fils Richard d’entrer dans le monde du cinéma et de la télévision et de s’y faire un prénom.
Richard le lui rendit bien en écrivant plusieurs scénarios des enquêtes du commissaire Laviolette ou de « Louis la Brocante » feuilletons qui popularisèrent, encore plus, Victor au sein des familles de téléspectateurs.
Son « petit papa » est aujourd’hui parti, mais la tendresse du fils pour le père est intacte et toujours vive. La tendresse des spectateurs pour Victor le fut aussi, sinon comment expliquer toutes ces nombreuses soirées aux cotés du « Brocanteur »?
« Petit papa » est toujours dans le cœur de son fils Richard…
Et pour nombre d’entre nous Victor et d’abord celui qui, le vendredi soir faisait oublier les soucis de la semaine….
Babelio m’a transmis ce livre, dans le cadre d’une opération « Masse critique ». Merci à Babelio et aux Éditions Plon
Éditions Plon – 2020 – 221 pages
Lien vers la présentation de Richard Lanoux
Quelques lignes
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« …..j’avais conscience que mon père avait du mal à percer dans son métier, et d’ailleurs la 2 CV est restée longtemps garée au même endroit mais jamais personne ne s’en est plaint, la Mustang n’était pas une priorité. » (P. 17)
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« Comme Victor l’a souvent démontré, c’est aussi cela, être acteur, savoir donner pour aider ses partenaires. » (P. 46)
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« J’avais trop souffert, et dans mon quotidien il n’ avait plus de place pour un père qui vivait plusieurs vies. C’était terrible, à ce moment là, je l’admirais mais je voulais aussi qu’il s’en aille pour ne plus être pris à témoin. » (P. 47)
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« La dernière fois que nous nous étions quittés, je l’avais serré fort dans mes bras, j’étais inquiet, je ne le trouvais pas en forme, mais j’espérais qu’avec les beaux jours il se remettrait. Je vis son regard surpris par cette étreinte inhabituelle, comme s’il avait deviné que nous n’allions plus jamais nous revoir. » (P. 210)
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« Un acteur extrêmement doué, tout le monde le reconnaissait, à mi-chemin entre la masculinité d’un Mitchum et le raffinement d’un Mastroianni, pourtant, quand je découvre son allure incroyable sur certaines photos de lui dans les films d’époque en costumes, je ne peux m’empêcher de penser qu’il aurait sans doute pu faire une carrière beaucoup plus longue au cinéma avant d’être littéralement avalé par la télévision. » (P. 218)
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« Il me manque aussi parce qu’il a toujours été mon premier lecteur, et si je suis orphelin, mes textes le sont tout autant. Quand mon Petit Papa était encore là, encore vivant, la simple joie d’écrire pour lui me suffisait amplement. » (P. 219)