« Pour être enfin libre » – Shirin Ebadi

« Je ne m’opposais pas à l’État, je défendais les droits de l’Homme, et je fondais mes critiques de L’État sur des bases juridiques. Mais les gouvernements autoritaires n’aiment pas les nuances; ils ne supportent aucune critique…. »

Shirin Ebadi était juge en Iran…être juge et femme sont deux choses incompatibles dans l’Iran des Ayatollahs….d’autant plus qu’elle cumule d’autres défauts voire tares, aux yeux des barbus dirigeant le pays : elle est également militante pour la paix, écrivain, défenseur des droits de l’homme, militante féministe..et elle parle, elle écrit…bref, le courage ne lui manque pas pour dénoncer la « loi islamique reposant sur des interprétations du VIIème siècle »

Oui, il en fallait du courage pour s’opposer à ces pendaisons d’adolescents coupables d’avoir aimé hors mariage, pendaisons horribles sous le crochet d’une grue…pendaisons pour punir mais surtout pendaisons mises en scène afin que l’horreur fasse entrer dans les crânes du peuple tous les préceptes islamistes…

Ayons une pensée pour ces gamins et gamines de 15 ans dont les corps suppliciés seront jetés sans aucun respect ni considération à la fosse commune.

Les médias iraniens n’ont jamais été autorisés ni eu la possibilité de parler de son Prix Nobel de la Paix obtenu en 2003…On ne parle pas des choses qui fâchent…

Quant à  elle, afin de leur prouver, si besoin était, sa détermination, elle fit jouer un groupe de musiciens kurdes lors de la remise de son Prix.

Beau Pied de nez au pouvoir!

La guerre dans laquelle chacun répondait aux coups de l’autre était déclarée.Une guerre dans laquelle tous les coups étaient permis de la part du pouvoir, surtout lorsque Ahmadinejad fut élu, secondé sur le terrain, face à Shrin Ebadi, par Mahmudi, officier de renseignement chargé de la surveiller voire de trouver des occasions et motifs pour l’abattre!

Ahmadinejad, qui, personne n’en parla sous nos cieux (ou alors je ne m’en souviens pas), fit déterrer les corps des soldats irakiens morts dans les combats contre l’Iran afin de leur donner une nouvelle sépulture …dans les jardins publics de Téhéran.

Il la persécuta, elle et sa famille et se proclama même son « ennemi juré ». Dans la guerre qu’ils se livraient, Shirin Ebadi  alla courageusement jusqu’à créer  un Centre des défenseurs des droits de l’Homme…une banderille bien agaçante pour le pouvoir…Le pouvoir, de son côté, ne manquait pas d’imagination et de vice pour tenter de la faire taire en s’en prenant aux siens, à son mari et à leurs enfants, à sa sœur. Leurs téléphones furent mis sur écoute, leurs passeports seront saisis ou falsifiés par les fonctionnaires iraniens, afin de leur interdire de quitter l’Iran, ou afin de les faire emprisonner à leur arrivée à l’étranger pour faux et usage de faux, si jamais l’idée de partir les effleurait.

« Leur malveillance et leur fourberie étaient vraiment sans limite ; ils étaient prêt à tout – anéantir les enfants des gens, détruire leur mariage – pour arriver à leurs fins ».

Le pouvoir iranien se permet tous les coups bas afin de la faire plier, allant jusqu’à lui voler sa médaille de Prix Nobel de la Paix dans le coffre de sa banque, en tentant également de démonter qu’elle était une agent à la solde de l’étranger, puis qu’elle détenait de l’argent venant de l’étranger !…… les 1,2 millions de dollars de son prix Nobel, sur lesquels on lui demanda, sans succès face à sa détermination, de payer des impôts!

Shirin Ebadi dénonce également ces élections truquées dans lesquelles des candidats parviennent difficilement à obtenir moins de votes que de militants soutenant leur parti…Tous n’avaient pas donc voté ?

Impossible de rester indifférent face à ces tentatives du pouvoir et cette lente destruction d’une famille et d’un amour, face à la forte détermination de cette femme, luttant dorénavant depuis l’étranger pour  nous faire découvrir l’Iran….un Iran faisant toujours fi des droits de l’Homme.

Un grand merci, à Francis, cet amoureux de l’Iran, de ses beautés, de ses monuments, de ces hommes et femmes du peuple iranien, ouvrant leur porte et leurs cœurs aux étrangers…Merci de m’avoir permis de découvrir ce titre, cette femme, ce courage.

Alors si de mon côté je parviens à vous faire connaître Shirin Ebadi, à vous faire connaître son combat, dont on parle peu, voire pas du tout, sous nos cieux, je n’aurai pas perdu mon temps avec cette lecture qui remue les consciences.

Éditions L’Archipel – Traduction par Jacqueline Odin – 2016 – 253 pages


Lien vers la présentation de Shirin Ebadi


Quelques lignes

  • « Si vous persistez, nous serons obligés de vous faire taire. Si vous tenez à la vie, arrêtez de calomnier la République islamique. Cessez tout votre tapage hors de notre pays. Vous éliminer est la solution la plus facile pour nous. » (P. 11)
  • « …….J’ai appris avec le temps, combien la désobéissance pacifique peut être un puissant geste de défi. » (P. 15)
  • « Les élections iraniennes sont généralement honnêtes, ne serait-ce qu’en raison de la malhonnêteté du filtrage des candidats lui-même.  » (P. 44)
  • « Je ne m’opposais pas à l’État, je défendais les droits de l’Homme, et je fondais mes critiques de l’état sur des bases juridiques. Mais les gouvernements autoritaires n’aiment pas les nuances; ils ne supportent aucune critique…. » (P. 51)
  • « L’intimidation, la surveillance constante, les nouveaux moyens qu’inventait le régime pour nuire à mon travail et m’effrayer ne cessaient jamais. » (P. 105)
  • « Nous n’avions pas d’autre solution que nager  ; nous fatiguer n’était pas permis, car cela signifiait nous noyer.  » (P. 164)
  • « Que doit faire une société lorsqu’un dirigeant élu selon un processus démocratique cherche ensuite à renverser le socle légal même sur lequel reposent l’État, la Constitution et l’électorat qui l’a désigné. Peut-on laisser un représentant démocratiquement élu mettre sens dessus dessous  les principes grâce auxquels il détient le pouvoir. » (P. 205)

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