
« ….ce qui se retrouve dans ces pages est le récit d’un voyage personnel, intérieur, la quête d’un garçon à la recherche de son père et, à travers cette quête, le désir de donner un sens utile à sa vie de Noir américain. »
Il a fait pendant plus de huit années une grande partie de l’actualité du monde. Il ne laissait personne indifférent, loin de là. Et surtout son élection donnait au monde un message clair, un message de démocratie, d’égalité entre Blancs et Noirs….un message bien brouillé quelques années après avec un autre président…l’Amérique s’était trumpée !
Pendant ces huit années nous en avions beaucoup appris sur cette famille Obama, à la fois à la lecture (pour certains) de ces tabloïds mettant en scène le couple de Barack et Michele, ou à la lecture de journaux bien moins « people » nos informant de l’action politique de ce Président charismatique !
Il me semblait important, avant d’attaquer la lecture d' »Une terre promise », apportée par le père Noël de lire « Les rêves de mon père »…..important de lire les ouvrages dans leur ordre de parution.
Il n’était pas encore Président, il y songeait sans aucun doute et s’y préparait. Et peut-être a t’il écrit ce livre justement afin d’être mieux connu, de tous. Il nous présente son enfance, ses premiers engagements, ses premières indignations.
Il nous présente sa famille, son père d’origine kenyane « Le Vieil Homme », ainsi que sa mère et sa grand-mère Toot, d’origine Cherokee, écossaise et anglaise, travaillant au montage de bombardiers pendant la guerre…une famille bien éloignée dans sa composition et ses origines de celle de ces « Wasp » qui prétendent représenter seuls l’Amérique, la vraie, la pure, la dure. Il était noir et dût démythifier, tout au cours de sa vie, l’image traditionnelle du Noir, en faisante face à ce racisme insidieux, celui qui fait du Noir un homme cool, jouant au basket Mais surtout, et c’est ce qui m’a particulièrement plu dans l’homme, il démontre qu’il a très tôt « mis les mains dans le cambouis ».
Certes, il a suivi un parcours scolaire et universitaire élogieux qui lui aurait certainement permis d’approcher une de ces banques d’affaires ou d’investissement et ainsi de gagner très tôt du fric, beaucoup de fric, et de faire de ce fric le sens de sa vie. Il aurait ainsi suivi le parcours de nombreux de ses camarades d’universités ou de jeunes loups aux dents longues, qui sous d’autres cieux devinrent eux aussi Présidents.
Non, il a choisi, de devenir travailleur social plus particulièrement « organisateur de communauté » (community organizer en anglais) pour le compte d’une église . Il a préféré les difficultés, la M…la crasse, les laissés pour compte, les Noirs pauvres de Chicago, ceux qui habitaient dans les cités délaissées à proximité des stations d’épuration, des égouts. Chicago était une ville administrée par un maire noir.
Là Barack Obama était chargé d’aider ces invisibles à trouver un travail, un logement… Il dut mobiliser de nombreux Noirs en les incitant à s’inscrire sur les listes électorales…Quelques mois ? Non plusieurs années!
Rares sont les diplômés d’Harvard et les présidents de grands États démocratiques qui peuvent se vanter d’un tel parcours, d’une telle connaissance dans leurs tripes de la vie des plus démunis, flingués de plus par le racisme!
Barak Obama, nous parle aussi de ce Kenya, dont il est originaire par son père….une autre indignation !
Là il rencontre ses frères, une part de famille méconnue, découvre une autre pauvreté, d’autres nécessiteux, possédant encore moins que ces Noirs américains. Il prend une conscience accrue des méfaits du colonialisme, des manques et déséquilibres entre pays, manque de médecin, manque d’écoles. Tous ceux qu’il rencontre, aimeraient tant qu’il puisse les aider financièrement….ils sont si riches ces américains !
Bref, un livre qui permet de découvrir un homme, ses motivations et de comprendre pourquoi il ne laisse personne indifférent…de comprendre son charisme.
Son entraineur de Basket, faisait toujours référence aux Blancs, les Blancs par ci, les Blancs par là… » il était facile de tomber dans le même raisonnement approximatif que celui de mon entraîneur .« Il y a les Blancs, et il y a les cons ignorants comme vous », lui avais-je finalement rétorqué avant de sortir du terrain » écrira Obama
Éditeur : Presses de la Cité – 2008 – Traduction par Danièle Darneau – 453 pages
Lien vers la présentation de Barack Obama
Quelques lignes
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« J’étais tombé sur l’un des secrets les mieux gardés sur les Noirs : la plupart d’entre nous n’étaient pas intéressés par la révolte ; la plupart d’entre nous étaient fatigués de penser tout le temps au problème racial ; si nous préférions rester entre nous, c’était surtout parce que c’était le meilleur moyen d’arrêter d’y penser, que c’était plus facile que de passer notre temps en colère ou à essayer de deviner ce que les Blancs pensaient de nous. » (P. 117)
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« Mon identité commençait peut-être avec le fait établi de ma race, mais elle ne se terminait pas là, elle ne pouvait pas se terminer là. » (P. 131)
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« …le clivage entre les mondes est un phénomène naturel, comme la mousson, ou la dérive des continents. » (P. 141)
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« Si tu es noir clair, tu fais l’affaire, si tu es noir noir, va te faire voir. » (P. 211)
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« ….le système éducatif des écoles publiques n’est pas là pour s’occuper des enfants noirs. Ça n’a jamais été le but. Les écoles des quartiers déshérités sont là pour le contrôle social . Un point c’est tout. Elles ont été prévues comme des enclos – des prisons en miniature. C’est seulement quand les enfants noirs commencent à sortir de leurs enclos et à emmerder les Blancs que la société daigne accorder de l’attention au problème de l’éducation de ces enfants. » (P. 275)
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« Qu’est-ce qu’une famille ? N’est-ce qu’une chaîne génétique, des parents et une progéniture, des gens comme moi ? Ou est-ce une construction sociale, une entité économique, la solution optimale pour l’éducation des enfants et la répartition des tâches ? Ou est-ce quelque chose d’entièrement différent, comme, par exemple, un fonds de souvenirs communs ? Une sphère d’amour ? Une passerelle au-dessus du vide ? » (P. 345)
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« Je vis que ma vie en Amérique – la vie chez les Noirs, la vie chez les Blancs, le sentiment d’abandon que j’avais ressenti quand j’étais enfant, la frustration et l’espoir dont j’avais été témoin à Chicago –, tout cela était relié à ce petit morceau de terre, au-delà de l’océan, mais par une chose plus importante que le hasard qui m’avait donné mon nom ou la couleur de ma peau. La douleur que je ressentais était celle de mon père. Mes questions étaient celles de mes frères. Leur lutte, mon droit acquis à la naissance. » (P. 441)