« Manhattan Sunset » – Roy Braverman

« Quand ils quittent leurs bureaux sans éteindre, l’homme et la femme descendent par le même ascenseur, sans se parler. Ils sortent de l’immeuble en silence et disparaissent sans se reconnaître, chacun de son côté, depuis des années. Et ils trimballent avec eux leur vie dans une bulle pour ne pas se cogner aux autres, comme des fantômes errants. »

La lecture d’un polar ayant New-York pour cadre ne se refuse pas. Cette ville qui ne dort jamais m’a fasciné à l’occasion des quelques jours ou je l’ai approchée, et dans toutes les lectures dont elle était le cadre.

Fascination renouvelée avec cette lecture, bien dérangeante pourtant. Et Roy Braverman sait reconstituer cette ambiance, cette agitation, et nous la faire vivre .

Donnelli, Donuts pour les intimes, examine le corps d’une gamine (entre 10 et 15 ans) retrouvée morte dans un dépôt de ferraille, ses jambes ont été déchiquetées par des clébards, son visage et ses jambes ont été brulées. Son corps devait être écrabouillé, ni vu, ni connu dans une voiture compressée.

Premières pages qui confirment qu’il faudra s’accrocher, car rien ne nous sera épargné.

Dure enquête pour notre flic..qui a la tête ailleurs : il a perdu en opération, il y a quelques jours, son meilleur pote Pfiffelmann, le Pfiff,. Cette perte le hante, quoi qu’il fasse, le fantôme de Pfiff est toujours à ses cotés, en train de l’engueuler, et train de le conseiller…

Pfiff devient sa conscience,  le bouscule, le motive

« Oui, il me fait des grimaces quand je parle à des victimes, me tue les oreilles avec d’incessants bavardages pendant que j’interroge des suspects, et ramène sa science sur les scènes de crime en critiquant tout ce que je fais… »

Deux enquêtes, et même plus, pour le prix d’une…Le scénario est original : mettre le lecteur face à un flic qui doit mener une enquête complexe, et violente tout en ayant la tête ailleurs. Donnelli, est un flic miné par le remord, miné par les « SI »… »Si je n’avais pas.., Si…si..Pfiff serait encore là ! »

Alors oui, il faut trouver les salauds qui ont tué et brûlé cette gamine, mais aussi lever les interrogations sur la mort de Pfiff, comprendre pourquoi il est mort..lui et d’autres collègues…deux enquêtes….voire plus à mener de front.

On décroche un peu parfois.Les chapitres sont courts, de 2 à quelques pages…. on papillonne d’une enquête à l’autre, d’une interrogation à l’autre.

Mais la violence dure, est (presque) toujours là.

Un personnage arrive…qui c’est celui-là? Quelques pages pour le situer…. on le perd, on le retrouve..Bref, j’ai eu l’impression de me trouver dans la tête de Donuts devant être concentré sur son enquête, sur ses enquêtes, car il en a plusieurs à mener de front, alors qu’il n’a pas la tête à ça, alors que Pfiff, mort, Pfiff qui lui revient en permanence à l’esprit, Pfiff dont la mort le hante!

Bref un polar original et noir, glauque parfois, dans lequel il faut s’accrocher, pour ne pas pas être perdu, s’accrocher face à la violence, un peu trop présente parfois, s’accrocher face aux Mafias des pays de l’Est, aux trafics d’enfants, et du fait de sa construction également.

S’accrocher et prendre du plaisir !

Patience, la lumière viendra….la symbolique de la couverture vous l’assure!

Merci à Babelio à Masse Critique pour cette découverte d’un auteur et ce voyage

Éditeur : Hugo Thriller – 2021 – 364 pages


Lien vers la présentation de Roy Braverman/Patrick Manoukian


Quelques lignes

  • « Au ras des rues, la ville essaye de donner le change. Faire croire à la vie d’une communauté affairée à croître et prospérer, à créer des boutiques, des commerces et des négoces. À brasser ses populations et ses races. À construire des empires. Du business, des richesses, des dollars par milliards. Chacun, dans la cohue, est convaincu de participer à cet engouement frénétique pour l’argent. Celui qui permet de vivre. De survivre. La course de New York bat au rythme de ses pieds impatients. Et là-haut, c’est l’autre monde. Celui du rêve américain. Éthéré et tangible à la fois. Celui des grands bâtisseurs, des architectes audacieux, des capitaines d’industrie et des entrepreneurs sans peur. Celui des meeting rooms de directoires sous les pyramides vitrées qui coiffent les buildings. Des penthouses mirobolants dont la seule décoration coûte cent ans de salaire. Des jardins fous, panoramiques et suspendus dans les cieux. » (P. 13)
  • « Martha avait horreur de cette manie des New-Yorkais de créer des acronymes. Tribeca pour Triangle Below Canal. Soho pour South of Houston. Nolita pour North of Little Italia. Dumbo pour Down Under the Manhattan Bridge Overpass. Même à l’étranger, ils ne peuvent pas s’en passer. Des expatriés parlent de SoPi pour South Pigalle à Paris ! » (P. 147)
  • « Dans l’affaire de la gamine, deux hommes de main lituaniens ont été descendus dans la maison de ses parents adoptifs. Nous pensons qu’ils étaient là pour les éliminer. Étant donné ce que nous savons sur l’enlèvement de la petite, on peut penser à un réseau de trafic humain pour alimenter le marché clandestin de l’adoption. » (P. 184)
  • « Le trafic humain, c’est 32 milliards d’argent sale par ans pour toutes les pègres du monde…. » (P. 306)

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