
« On ne te demande pas de faire des petits génies, seulement des normaux. Une fois encore, tu n’as pas voulu faire comme les autres, tu as gagné, et nous on a perdu. »
Jean-Louis Fournier est un papa auquel « la loterie génétique » a joué des tours…ses deux garçons d’âges différents sont tous deux handicapés, lourdement handicapés…physiques et mentaux.
Il aurait pu se lamenter publiquement…non ! il préfère en parler avec humour et dérision et nous présenter un livre qui flirte en permanence avec l’absurde…cet absurde que Desproges ou d’autres tel Coluche maitrisaient…en nous faisant rire ou sourire, jaune parfois.
Tous deux nous bousculaient avec cet absurde…un rire bien plus utile et bien plus provoquant qu’un ton sinistre et larmoyant. Vous Jean-Louis, vous faisiez face à deux enfants …….
L’enfant cadeau du ciel « Oh! fallait pas » !
Chapeau !…vous m’avez offert un très bon moment de lecture, oh pas long ! Un peu plus d’une heure…le temps passe vite à vos côtés. Et surtout, vous m’avez donné un cœur gros souvent proche des larmes…oh pas des larmes larmoyantes. Non un cœur gros face à l’absurde que vous pointez du doigt, face à l’amour, qui vous permet de trouver des recoins de bonheur et tant de sources de rires.
Mieux vaut en rire, mais c’est plus difficile que d’en pleurer et que de se lamenter.
Ces sourires jaunes en 154 pages permettent de comprendre toute la vie de parents d’enfants handicapés, leurs angoisses quant à leur avenir, si jamais, papa ou maman partent avant eux.. Que feront-ils alors ?
Et surtout grâce à votre humour, vous démontrez à votre lecteur, tout le bonheur qu’il doit trouver dans sa vie de tous les jours…nos petits bobos, nos petits tracas sur lesquels nous nous lamentons, sont bien peu de choses !
Et de plus vous évoquez sans aucune ambiguïté tous les problèmes d’intégration des handicapés, à la fois dans le système scolaire et dans le monde du travail….que de chemin à parcourir ! et avec dérision le départ prématuré de ces enfants différents
Et le ridicule de certaines situations !
Sans compter les problèmes de couple nés de la venue au monde d’enfants différents .
C’est cette leçon de générosité et d’amour que j’ai retirée de vos mots« Je n’ai pas eu de chance. J’ai joué à la loterie génétique, j’ai perdu. » dernière phrase….et nous lecteurs dans tout ça?
Ne nous plaignons pas de nos petits malheurs, trouvons nous aussi des sources de bonheur dans notre vie. Il y a bien pire !
Une belle leçon de force. Un grand merci
Éditeur : Stock – 2008 – 154 pages
Lien vers la présentation de Jean-Louis Fournier
Quelques lignes
-
« Si les enfants handicapés sont une punition du Ciel, je vois mal la Sainte Vierge s’en mêler en faisant un miracle. » (P. 31)
-
« Je ne comprends toujours pas pourquoi on félicite et récompense ceux qui ont de beaux enfants, comme si c’était de leur faute. Pourquoi, alors, ne pas punir et mettre des amendes à ceux qui ont des enfants handicapés. » (P. 65)
-
« Cher papa,À l’occasion de la fête des pères on voulait t’écrire une lettre. la voici.On ne te félicite pas pour ce que tu as fait : regarde-nous. C’était si difficile de faire ses enfants comme tout le monde ? Quand on sait le nombre d’enfants normaux qui naissent tous les jours et qu’on voit la tête de certains parents, on se dit que ça ne doit pas être bien sorcier.On ne te demande pas de faire des petits génies, seulement des normaux. une fois encore, tu n’as pas voulu faire comme les autres, tu as gagné, et nous on a perdu. Tu crois que c’est marrant d’être handicapé? On a quelques avantages. On a échappé à l’école, pas de devoirs, pas de leçons, pas d’examens, pas de punitions. En revanche, pas de récompenses, on a loupé pas mal de choses.Peut-être que Mathieu aurait aimé faire du football. Tu le vois sur un terrain, tout fragile au milieu d’une bande de grosses brutes ? Il n’en serait pas sorti vivant.Moi, j’aurais bien aimé être chercheur en biologie. Impossible avec la paille que j’ai dans la tête.Tu crois que c’est marrant de passer sa vie avec des handicapés? Il y en a des pas faciles qui crient tout le temps et nous empêchent de dormir, et des méchants qui mordent.Comme on n’est pas rancuniers et qu’on t’aime bien quand même, on te souhaite une bonne fête des Pères.Tu trouveras derrière la lettre un dessin que j’ai fait pour toi. Mathieu, qui ne sait pas dessiner, t’embrasse. » (P. 119-120)