« La guillotine » – Rica & Marie Gloris Bardiaux-Vaïente

« Le bourreau Henri Desfourneaux doit s’y reprendre par trois fois, la foule quasi délirante passe les barrages de police pour tremper des mouchoirs dans le sang du supplicié : ça porte bonheur… »

…c’était le 17 juin 1939, le jour où Eugène Weidemann fut décapité sur le parvis du Palais de justice de Versailles…

Ces exécutions publiques devaient démontrer l’exemplarité de la peine capitale…elles devenaient au contraire « facteur de désordres. Il faut mettre fin au spectacle de cette catharsis collective »

Alors les exécutions se déroulèrent, par la suite en catimini, cachées dans des cours de prison

Quand ce livre fut proposé à l’occasion d’une opération Masse Critique organisée par Babelio, je me suis porté candidat pour cette lecture. Il faut être fou me direz-vous !

Oui, ce titre faisait remonter à mon esprit, ces sinistres petits déjeuners où la radio titrait « ce matin à 4h45 Dupont a été guillotiné à la prison de la Santé. Pour mémoire il avait… » et surtout je repensais à l’émotion de mon grand-oncle me parlant d’une exécution publique à laquelle il avait assisté dans les années 20.

Son souvenir et son émotions furent sans aucun doute déterminants dans mon aversion pour cette peine et dans mon désir d’en savoir plus avec cette lecture.

Et j’avoue que ce livre de quelques dizaines de pages m’a conforté dans cette hostilité…les textes de Marie Gloris Bardiaux-Vaïente et les dessins de Rica nous rappellent toute l’histoire et toute l’horreur de cet échafaud, concocté par des médecins, le docteur Guillotin et le docteur Louis.

Ils imaginèrent cette machine qui coupa en deux environ 50 000 hommes et femmes, certains étaient des meurtriers, des assassins, mais combien furent ceux qui étaient simplement hostiles au régime en place ? 

Même Sanson le bourreau en titre demanda la mise en œuvre d’une machine qui serait moins hasardeuse que son épée…

Et j’en passe ! Cet historique de la mise à mort des condamnés associée aux dessins de Rica ne nous cachent rien de cette souffrance, et surtout des saloperies, je n’ai pas d’autres mots, que durent envisager ces exécuteurs des basses œuvres pour que l’article 12 du code pénal qui stipule « le condamné doit avoir la tête tranchée », soit réalisé en cas de mauvais fonctionnement de la machine…

Horreurs !

Alors des améliorations techniques furent réalisées. Cette machine fut même, pour certains, source d’interrogations, et de recherches…est-ce que le condamné souffre encore une fois la tête coupée…et si oui combien de temps? Rien ou presque rien ne nous est épargné, surtout pour nous montrer si besoin était l’inventivité, les turpitudes de certains opérateurs….et les attentes du public avide de ces spectacles.

Les dessins sans concession de Rica  et le texte de Marie Gloris Bardiaux-Vaïente qui a préparé une thèse sur l’histoire de l’abolition de la peine de mort en Europe, ont fait de cette guillotine le personnage principal de cet ouvrage…. un personnage bien repoussant…la tête de Louis XVI roulant vers le bac de sciure, sur le couverture, en donnent une petite idée :

Je l’ai lu et relu, afin de m’imprégner de cette horreur, de ces erreurs et tâtonnements, de cette histoire dans la grande Histoire de notre pays.

Le dessin sans parole sur quelques pages des derniers instants d’Hamida Djandoubi, dernier condamné à mort exécuté en France, dernier condamné que Giscard n’avait pas gracié, est glaçant !

Merci à Babelio et Masse Critique pour cette émotion, et merci aussi à Robert Badinter pour votre courage.

Eidola Éditions – 2019 – Première parution en 2014 – 48 pages


Lien vers la présentation de Rica

Lien vers la présentation de Marie Gloris Bardiaux-Vaïente


Quelques bulles

  • « L’idée créatrice de la guillotine vient du dogme révolutionnaire de l’égalité »
  • « Sanson demande à ce que l’Assemblée trouve un outil qui «fixe le condamné au point que l’exécution ne puisse devenir , et par ces moyens éviter les longueurs et en fixer l’incertitude »
  • « De façon plus précise encore, il y 1373 têtes tranchées entre le 10 juin et le 27 juillet 1794, période dite de «la Grande Terreur » soit les 40 jours de dictature de Robespierre. Il s’agit de l’apogée de l’application légale de la peine de mort en France. »
  • « Entre le déclenchement du couperet et la fin de la décollation s’écoule donc moins d’une demi-seconde »

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