
« Quand on veut un enfant, on se projette, quand on devient parent, on s’adapte. » (P. 69)
..contraints et forcés par les hasards de la naissance, par les hasards de la vie.
On ne présente plus Samuel Le Bihan, à la fois auteur et acteur…toujours discret, ne faisant pas la une de de ces journaux à scandales, de ces tabloïds se délectant des aléas de la vie et des amours des célébrités.
Laura, une jeune maman a mis au monde un bel enfant, son deuxième enfant. Un enfant, qui les jours passant, s’avère différent, différent de son frère, différent des autres gamins. Il ne réagit pas comme les autres enfants.
Le verdict médical tombe tardivement…cet enfant est autiste.
Un handicap de la naissance qui frappe au hasard et qui est souvent tardivement diagnostiqué.« J’étais désespérée, dira-telle. Je l’avais mis au monde, un monde qu’il ne comprendrait peut-être jamais, pas plus qu’il n’en serait compris. Pire encore : un monde qui, certainement, le rejetterait. »
La maman décide de se battre, seule. Seule car son mari refuse ce combat et préfère prendre la fuite.
Samuel le Bihan écrivant ce roman, sait de quoi il parle, un de ses enfants est atteint par ce handicap, il ne le crie pas sur les toits, il n’a pas écrit son histoire, mais celle de Laura, une jeune femme. Une jeune femme confrontée aux difficultés pour aller travailler, aux problèmes de propreté, à ces routines précises imposées par l’enfant, à ces mouvements et attitudes simples pour les autres mais difficiles pour certains gamins autistes, à ces repas et discussions avec ceux qui savent sans jamais l’avoir vécu, à cette vie sociale si particulière,…et j’en passe.
Samuel le Bihan a su écrire, en se mettant dans la peau et dans la tête de cette femme seule, sachant partager son emploi du temps entre son employeur qui l’emploie à temps partiel et César son fils, entre les soins imposés, orthophonie, psychomotricité.
Cette battante seule créera une association et parviendra à faire scolariser César…« ….c’est aussi une chance pour les autres enfants. Si ce n’est pas à l’école qu’on apprend la différence, où le peut-on ? »
Ne fuyez pas ce titre, en vous inventant des prétextes… découvrez un autre Samuel Le Bihan, l’auteur et en filigrane, le père tendre et attachant. Au contraire, cette lecture, pas du tout larmoyante ni pénible, permet de nous faire comprendre la vie de ces parents, de ces enfants, et le manque de réponses adaptées pour y faire face.
Beau coup de poing, beau coup de gueule! Un grand Merci ! Un grand Monsieur
« Ado et autiste, même combat » !
Éditeur : Flammarion – 2018 – 246 pages
Lien vers la présentation de Samuel Le Bihan
Quelques lignes
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« Vous avez créé l’association « P’tit à P’tit », quel est son but ? [….] L’ambition de l’association est d’amener les enfants que nous accueillons vers l’autonomie et l’inclusion dans la société. » (P. 22)
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« On naît autiste, on meurt autiste. » (P. 23)
- C’est terrible, la culpabilité de mettre au monde un enfant pas comme les autres – combien de temps m’a-t-il fallu pour arriver à formuler le mot « handicapé » ? Lorsque je regardais César, je manquais d’air. C’était comme si un coup de poing me coupait le souffle et me rappelait ma faute. Mais je n’ai pas eu le temps d’expier, d’ailleurs ce n’était pas le propos, il y avait urgence, il fallait se relever. » (P. 33)
- « Quand on veut un enfant, on se projette, quand on devient parent, on s’adapte. » (P. 69)
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« Tu ne pourras pas le rendre normal, ni moi ni personne. Mais il y a une chose que tu peux lui donner et qui l’aidera à passer toutes ces épreuves : ce sont tes encouragements. Rien de plus. N’aie pas peur d’être son père. » (P. 109)
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« Qu’est-ce que tu crois, ma pauvre fille ? Qu’on va accepter ton fils parce qu’il faut être gentil avec les handicapés ? Il n’a pas le niveau, c’est compliqué et ça coûte cher. Tu crois que la société est là pour faire des cadeaux, qu’il n’y a pas plus important à faire avec nos impôts que de s’entêter à scolariser un gosse qui de toute façon finira dans une maison d’accueil quelque part en Belgique ? Qu’est-ce que tu t’es imaginé ? » (P. 221)