
« Depuis vingt-six ans, on s’était occupé de lui comme d’un nourrisson, jamais il n’avait eu le souci de ses repas, de son budget, le libre arbitre de son travail, la latitude de ses pas. On avait tout pensé, tout régi pour lui, ses oreilles ne lui avaient servi qu’à entendre des ordres, sa bouche, honnis au réfectoire, n’avait été qu’un instrument de musique conçu pour vanter le Seigneur. » (P. 62)
Grégoire Quatresous n’avait pas envisagé de devenir moine…le destin, en en décidé autrement..pour fuir une patrouille allemande, il escalade le mur du jardin du monastère et en retombant, il se casse une jambe, il y restera 26 ans…mais un jour en allant voter pour Pompidou il croise une belle et délurée marinière sur sa péniche, qui lui fait oublier que si l’amour de Dieu existe, celui des femmes apporte d’autres satisfactions, qu’il goûtera et appréciera….
« Faire l’amour comme ça, c’est pas du péché, c’est du bonheur. » (P. 55)
Il reviendra au monastère après avoir voté communiste, il avait bu 3 pastis
Il ne peut oublier Muscade, cette belle marinière, alors, il ressort le soir, ils font l’amour plusieurs fois…. il ne rentre pas
On le retrouve le matin couché avec les cochons du monastère, des traces de rouge à lèvres sur le visage et le crane.
Il parle de Muscade dans son délire…
Il a découvert qu’une autre vie existe à côté de celle du monastère, une nouvelle vie qu’il va croquer ou plutôt boire à plein gosier…sacré René Fallet. le bistrot a remplacé l’église et le Saint-Pourçain a succédé aux hosties….
Pris par des soucis familiaux, j’avais besoin de sourire, de liberté, de rêver d’un monde de bonheurs simples comme l’amour, simples comme le vin, simples comme Fallet. Sacré Fallet que j’ai découvert il y a bien longtemps, je me souviens de cette émission en noir et blanc, dans laquelle il s’entretenait avec son copain Brassens…une émission de liberté, de libertaires…
Un roman sans « prise de tête » mais qui fait un bien fou quand on a du vague à l’âme.
Éditeur : Livre de poche – 2013 – Parution initiale en 1973 – 210 pages
Lien vers la présentation de Réné Fallet
Quelques lignes
- « Le Dieu de Grégoire était un bon garçon, à l’image de Grégoire. Dieu, accommodé à plus de sauces que le poisson, était lingot ou coffre-fort pour qui aimait l’argent d’amour, buvait du sang avec une paille pour qui battait des mains devant la guerre en l’affirmant juste et purificatrice. » (P. 68)
- « Je peux pas comprendre, par exemple, que le Dieu des bêtes à bon Dieu, ça soit le même que celui de mes parents quand ils vont à la cathédrale. Celui-là, il est pas marrant, il sent le renfermé, il est triste, il est tout noir. » (P. 91)
- « A mon avis, le Dieu de tes parents, c’est le Dieu Tout-Puissant, celui qu’on a inventé pour foutre la trouille aux gens, une espèce d’adjudant du ciel, une sorte de flic qui ne veut pas qu’on fasse l’amour avec plaisir, et qui flanque du remords même dans le pinard. Mon Dieu à moi, à toi aussi, c’est un brave type qui a créé le monde mais qui a été dépassé par les événements. Un Dieu sans défense, et qui peut plus rien contre la guerre, la maladie, la mort et les méchants. C’est pour ça qu’il faut l’aimer, parce qu’il est bien malheureux, le pauvre vieux. Ça le fait pas rire, va, de voir toute cette misère et de rien pouvoir faire pour y soulager. » (P. 91)
- « Les saints, tous des gars prêts à se cogner les uns les autres pour jurer qu’ils avaient fait plus de péchés que le voisin ! Tous des champions du repentir ! J’en veux plus. J’en ai un plein calendrier des postes, que je sais plus où les mettre. » (P. 118)
- « C’est pas parce qu’on est polonais qu’on doit vivre comme une bête. Bien sûr que c’est une tare, comme la fièvre aphteuse ou la myxomatose, mais Dieu t’y pardonnera si t’y demandes poliment. » (P. 175)