
Chez les Yapajas du Rojava, personne ne meurt du cancer. » (P. 190)
….et certains pays ne connaitront jamais la paix, du fait leur situation géographique, des tensions entre leurs ethnies…La Syrie, le Kurdistan, sont de ceux-là..il y en a tant d’autres qui font dorénavant notre actualité
Rachel Casanova est une journaliste australienne envoyée par son patron de presse dans le nord de la Syrie, en pays de montagnes.
Il lui a montré des photos de femmes kurdes, les Yapajas, ces unités féminines qui ont pris part en Syrie à la lutte contre l’État Islamique. Il lui a demandé de retrouver des traces et d’écrire sur ces combattantes, de les faire connaître, elles et leur combat
Mohamed l’attend à la sortie de l’avion, il sera son guide, il lui montre les photos de deux femmes, deux Yapaja. il s’agit de la Commandante Tékochine et de sa garde du corps Gulistan. Toutes deux sont mortes de mort violente, il y a quelques années.
Elles ont été enterrées ensemble à Kobané .
Rachel Casanova se penche sur la vie de ces deux femmes kurdes, et également sur les conditions de vie des kurdes, abandonnés par tous. Peuple kurde qui lutte contre les combattants, ou plutôt les assassins se réclamant de Daech. Ces derniers ne font pas de quartier, surtout avec les femmes.
Mais il y a également ces forces turques, qui, depuis toujours se battent contre les kurdes. En août 2022, il y a quelques mois, Erdoğan déclarait qu’il aller attaquer le Rojava pour le nettoyer des Kurdes, et aujourd’hui encore, il rappelle que la Turquie peut toujours bloquer la candidature à l’OTAN de la Suède et de la Finlande, parce que ces deux pays accueillent des réfugiés Kurdes sur leur sol…Il est bon de le rappeler !
Depuis bien longtemps les kurdes doivent éviter les actions lancées par les Turcs, les filatures et tout faire pour les tromper.
Femmes et kurdes…deux raisons pour nos héroïnes d’être haïes…deux raisons de se battre contre ces deux adversaires aussi violents l’un que l’autre. D’autres combattantes, poussent le courage jusqu’à se jeter sous les chenilles des chars pour les stopper!
Hovan et Diluar, les accompagnent en voiture, ils ont reçu l’ordre de se faire tuer pour elles …..
Accompagnée de Diluar, Rachel Casanova part vers les montagnes. Diluar lui raconte que Tékochine et Gulistan étaient encerclées. sans aucun espoir d’en réchapper. Elles étaient sur le point de tomber aux mains de djihadistes. …Elles savaoient ce qu’elles risquaient dans ce cas. Alors, elles ont pris la décision de mourir ensemble, de se tuer afin de ne pas donner aux assassins de Daesch le plaisir de leur torture, mais il ne leur restait qu’une seule balle…une cartouche pour deux….Comment se donner la mort?
Roman ? sans doute pas…dès les premières pages Patrice Franceschi alerte le lecteur : « les personnages qui le traversent ne sont pas tous imaginaires, encore moins les lieux où se déroule leur histoire »
On en tremble !
Nous ne pouvons que louer la chance que nous avons sous nos cieux et trembler d’indignation, et d’émotion pour ces femmes, pour ces combattants…..nos médias d’information sont trop peu loquaces !
« …la tragédie côtoyait à chaque instant le romanesque et, pour la première fois de mon existence, je prenais conscience de ce qu’ils peuvent avoir d’épique lorsqu’ils fusionnent et se mêlent à l’Histoire. » (P. 65)
Éditeur : Grasset – 2021 -236 pages
Lien vers la présentation de Patrice Franceschi
Quelques lignes
- « Mes parents ont disparu lorsque les gens que vous avez rencontrés, comme ce maire, se sont emparés de la ville. Je n’ai jamais su ce qu’ils étaient devenus. Je suis faible et je ne les ai jamais vengés. » (P. 32)
- « …je me suis dit, comme tout le monde, que la vie était quelque chose d’infiniment fugace et sans cesse menacé par mille dangers, que la fragilité de nos corps était tout aussi infinie et que nous ne devrions vivre que très peu de temps ; mais contrairement à tout le monde, je me suis dit aussi que des choses mystérieuses qu’il serait vain de chercher à comprendre survenaient parfois dans nos existences pour nous rendre invulnérables. » (P. 97)
- « une nouvelle fois, je me dis que plus j’avançais dans mon enquête sur Tékochine et Gulistan, plus j’entrais dans une forme d’aventure humaine aussi sombre que mystérieuse, crépusculaire, même, dont je n’avais jamais soupçonné l’existence. » (P. 107)
- « Moi, je peux vous dire ce qu’il y a derrière la froideur de ces pages de papier, Rachel : le stress constant qui ébranle les nerfs les plus solides, les visions d’horreur qu’il faut supporter jour et nuit, le bruit dantesque des bombardements et des explosions. Ces rapports ne disent rien des incendies qui embrasent tout ce qui fait une vie humaine, ils ignorent les cadavres en putréfaction, ils évacuent les odeurs de charogne, ils laissent de côté les ruines et les décombres fumants dans lesquels il faut vivre et mourir. » (P. 161)