« Alors, la truie, c’est fini la belle vie ! Avec ta tête de fesse tu pourras plus mettre aucun zob dans ton pieu!». Toujours la même rengaine. Sont pas très inventifs , ces cons! » (P. 169)
Cette photo est connue, c’est Capa qui l’a prise au moment de la libération de Chartres.
Quand j’habitais cette ville dans les années 70 , j’avais eu l’occasion d’apercevoir cette photo, dans une des librairies de la ville. Ce livre n’était pas encore édité.
Par hasard j’ai retrouvé ce titre dans les livres proposés à notre lecture dans un atelier mémoire…hasard qui fait bien les choses
Ce jour là , le 16 août 1944, «11 femmes accusées de « collaboration horizontale » avaient été regroupées par les FFI et tondues dans la cour de le Préfecture. Capa avait réussi à s’introduire dans la cour et à saisir quelques photos
Simone Touseau, est une jeune femme de 23 ans, complètement rasée. Elle porte son bébé de quelques mois, sur lequel porte son regard. Le père et la mère de la jeune femme sont également sur la photo. Au premier plan à droite, Georges Touseau, son père, reconnaissable grâce à son béret et au gros baluchon qu’il porte, a les yeux baissés. Derrière lui, on distingue Germaine, son épouse, tondue elle aussi…
Simone était une très bonne élève passionnée par la langue allemande et selon le livre par les thèses racistes et la rigueur des troupes allemandes, au point de proposer ses connaissances de la langue pour être interprêtre. …et travailler pour le compte de l’occupant Nazi, sans être perturbée par les arrestation et les coups qu’elle entend…
Difficile de sympathiser avec elle. L’auteure nous la décrit dans le détail en s’inspirant de la vie de la vraie Simone Touseau….
Le personnage de Simone, ne parvient pas à être attachant, le reste de sa famille, père et mère, non plus.
J’ai pourtant cherché à distinguer la part de vérité et d’histoire, de la part de roman.
Bref, ce n’est pas une lecture qui me laissera un souvenir impérissable, les seuls que j’ai eus sont ceux qui m’ont fait revivre des années chartraines, les rues étroites, les ponts sur l’Eure, les quartiers de maisons à colombages…ce dépaysement du jeune Auvergnat qui découvrait un pays plat comme la main, sans relief..Un pays qu’il quitta deux ans plus tard, pour retrouver des reliefs, s’loigner de la pluie et du brouillard.
J’ai cherché à en savoir plus, sur cet épisode.
Un autre titre est paru sur cet vie : « »La tondue 1944-1947″ dans lequel Philippe FRETIGNÉ et Gérard LERAY évoquent ce sujet et son contexte historique. Un travail étayé par des témoignages d’historiens et d’habitants de Chartres connaissant la ville et ses quartiers et une recherche minutieuse, ainsi que les conditions des circonstances et des conditions de réalisation de cette photographie, sans omettre la personnalité et l’itinéraire politique et personnel de Simone, de son procès et de sa vie ultérieure.»
Je viens de lire un livre sur la faiblesse humaine, faiblesse de certains attirés par un miroir aux alouettes et capables de trahir au nom d’idéaux politiques bien faibles, …. un livre évoquant un autre aspect de la faiblesse humaine; celle de ces loups qui hurlent en s’excitant, de ces foules aveuglées par la passion, ces foules capables des pires ignomonies…
Des constantes troublantes quelles que soient les époques
Editeur : JC Lattès – 2023 – 380 pages
Lien vers la présentation de Julie Héraclés
Quelques lignes
« Chacun pour soi, moi, je n’ai dénoncé personne . J’ai aimé Otto, j’ai eu Françoise avec lui. C’est tout. » (P. 44)
« On est toutes dans le même bateau, faut assumer. On a baisé avec des Allemands. C’est vrai. Ca fait pas de nous des criminelles, bordel. Je voudrais le crier, je voudrais qu’un tribunal m’entende. je sais que c’est trop demander par les temps qui courent. Si je meurs, s’ils me brûlent la cervelle, au moins, j’aurai la conscience sereine. Je n’ai rien à me reprocher.. Tout ce que j’ai fait, je le referais, et plutôt deux fois qu’une. J’ai aimé, j’ai été aimée, ma vie peut cesser. » (P. 98)*
« C’est le coeur serré que je vous dis qu’il faut cesser le combat. » (P. 138)
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