« Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley » – Hannah Tinti

Les douze balles dans la peau de Samuel HawleyDifficile de se faire une opinion tranchée sur le personnage de Samuel Hawley, héros principal de cette longue ballade américaine, petit truand toutefois attachant. 
Quant au roman c’est à la fois une histoire familiale, celle d’un père et de sa fille, un roman noir mêlant bons et mauvais garçons, un récit d’aventures dans ces paysages américains du Massachusetts à l’Alaska, une ode à la protection de la nature, un thriller…Un roman qui pourrait servir de scénario à un de ces films noirs américains dans lesquels humour, beaux paysages, violence se côtoient… tournés par les frères Coen. 
Samuel Hawley est un petit malfrat qui gagne sa vie en participant à des cambriolages, en étant homme de main pour des truands…bref, le genre de bonhomme qui peut difficilement avoir une vie de famille rangée. Un bonhomme qui avant de sortir, choisit dans sa panoplie les armes qui vont l’accompagner..Il n’en manque pas….

Avec Lily il a eu une fille Louise, dite Loo. Lily est décédée alors que Loo était encore bébé. Et, pendant de nombreuses années,  il dut confier ce bébé à la mère de Lily, une femme qui ne s’en laisse pas compter non plus, une belle-mère à laquelle il reprendra sa fille..
Et, père et fille, feront tous deux connaissance. Il lui apprendra à se servir d’une arme, à être indépendante, toutes choses que la gamine apprendra vite. Elle découvrira sur le corps de son père toutes ces cicatrices indélébiles héritées de cette vie tumultueuse.
Il lui parlera de sa mère, cette femme qu’il a beaucoup aimée, et malgré sa vie dissolue, il offrira à sa fille une certaine stabilité qui les rapprochera. Une stabilité qui canalisera la violence qui couvait en elle et lui évitera de mal tourner.
Le roman alterne les chapitres dans lesquels le père et la fille se découvrent mutuellement et ceux qui égrènent les situations qui, les unes après les autres, ajoutèrent une cicatrice supplémentaire sur le corps de Samuel. Scènes familiales intimistes du présent et scènes violentes du passé toutes plus rocambolesques les unes que les autres. Sourires assurés 
L’émotion n’est jamais bien loin dans les différentes scènes de retrouvailles père-fille…
Le lourd passé de Samuel le rattrapera…Mais je ne vais pas tout vous raconter.
De temps en temps, il y a des situations dans la vie, des circonstances dans lesquelles on a besoin de se changer les idées, de se laisser porter par des bouquins ou par des films d’action sans lendemain, qui vous font tout oublier.

« Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley » en fait partie.


Qui est Hannah Tinti

Quelques extraits
  • « Les marques sur le corps de son père avaient toujours été là. Il ne les montrait pas spécialement à Loo, mais ne les cachait pas non plus. Elles lui faisaient penser aux cratères de la Lune, qu’elle examinait la nuit avec son télescope. Des cercles imprimés par des comètes et des astéroïdes qui s’écrasaient violemment contre la pierre froide et dure dépourvue d’atmosphère pour les brûler. Comme ces cratères, les cicatrices de Hawley étaient les signes de dégâts antérieurs, qui avaient affecté sa vie bien avant la naissance de Loo. » (P. 47)
  • « L’amour, ce n’est pas tenir des promesses. C’est quand on connaît mieux que personne au monde. Je suis la seule à le connaître. Et je suis la seule qui le connaîtra jamais. » (P. 119)
  • « Elle montra les quinze encoches taillées près de la crosse. Loo avait grandi entourée d’armes à feu, à la cuisine, dans la salle de bains ou dans la voiture, mais celle-ci était particulière. Quand son père prenait le fusil entre les mains, ça devenait pratiquement une extension de lui-même. C’était l’arme la plus ancienne de sa collection, celle qui l’avait accompagné durant ce passé dont il refusait de parler. » (P. 147)
  • « Le monde est pourri et tu dois trouver le moyen d’être pourrie si tu veux y vivre. Mais il faut aussi que tu sois intelligente. » (P. 187)
  • « Tout s’articulait autour du nombre trois. Un homme pouvait rester trois minutes sans respirer. Trois heures sans abri. Trois jours sans eau. Trois semaines sans nourriture. Et trois mois sans voir d’autre être humain avant de commencer à devenir fou. » (P. 242) 
  • « – Nous sommes des parents, maintenant, et le baptême fait partie du boulot, dit Lily. C’est une police d’assurance. 
    – Contre quoi ? 
    – Au cas où l’enfer et le paradis existent. Je ne veux pas que notre bébé se trouve coincé au purgatoire. C’est comme une salle d’attente où ton tour ne vient jamais. » (P. 292)
  • « Il avait oublié combien cela pouvait être agréable, de se servir seulement de la force du vent. Rien que le bruit des vagues frappant les côtés de la coque et le doux écho des drisses contre le mât. C’était une leçon d’humilité d’être confronté à un tel paysage, de fendre les kilomètres qui s’étendaient au-dessus de la surface et en dessous, les strates de créatures de toutes tailles et de toutes formes qui passaient sous la coque fragile du bateau en allant s’entre-dévorer. » (P. 409)

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