
L’auteur (finlandais) que je ne connaissais pas, nous brosse, souvent avec une pointe d’humour, le portrait réaliste de tous les membres de cette famille, chutes, espoirs, grandeur et décadence et celui de la société finlandaise. Le portrait aussi d’un « intrus », millionnaire, grosse voiture de sport, requin odieux, ayant profité du libéralisme ……on comprend, à demis mots, sur une phrase dans les dernières pages, ce qu’il vient faire dans ce livre. Un regard acerbe, souvent cruel et réaliste sur cette mutation de la Finlande vers le capitalisme…….sur la mutation de tous les pays vers ce monde de l’argent. Ce qui est vrai pour la Finlande est vrai ailleurs : « À côté des cheminées d’usine s’était développé une industrie sans fumées, un invisible royaume de mots, un désert peuplé de salles de réunions…..dans le monde des actes on agit, dans le monde de la parole on parle. »
Quelques lignes
« Un vrai fou est dans sa folie, comme une perle dans une huître » (P. 15)
« Le mensonge s’incruste dans la tête. Comme une migraine. La vérité en revanche est comme un boomerang. Elle vous frappe à la tempe, vois réveille agréablement, et file vers l’horizon. La vérité n’appartient à personne. Le mensonge est une forme de disparition. Les contours s’estompent et tout d’un coup vous vous retrouverez dans une immense blancheur, autrement dit nulle part. Le boomerang vois heurte le front et vous ramène dans le monde des couleurs. » (P.23)
« Dès qu’on parle d’argent, on se sent sale, même si en soi il n’y a rien à lui reprocher. Dans ce pays on ne peut parler librement que du temps qu’il fait, il est le même pour tous, mauvais. » (P.40)
« À côté des cheminées d’usine s’était développé une industrie sans fumées, un invisible royaume de mots, un désert peuplé de salles de réunions…..dans le monde des actes on agit, dans le monde de la parole on parle. » (P.65)
« Les crèves la faim se promenaient un sac plastique à la main, insouciants et irresponsables, totalement ignorants des préoccupations des nantis. Ils s’agrippaient au filet de la sécurité sociale et y faisaient la sieste, bercés par une légère ivresse. La société avait bâti à leur intention un susurrement complexe mais efficace qui leur permettait à tout moment de lâcher prise et de se laisser tomber en arrière, bras écartés du toit de leur HLM, avec la certitude que le filet des allocations chômage et du revenu minimum attendait, déployé au pied de l’immeuble, le prochain qui basculerait. L’Etat n’existait que dans ce but, il avait été créé pour eux. »(P. 193)