Alexander Portnoy est un jeune gamin, que nous suivront au début de sa vie d’adulte. Il est né dans une famille juive assez caricaturale, mère juive castratrice, père effacé toujours constipé, petit encaisseur d’assurances, toujours au travail. Alex vit à Newark, quartier juif de New-York. Le gamin découvre très tôt le plaisir de la masturbation en tous lieux, dans toutes les positions, dans les autobus, en classe, un besoin plusieurs fois par jour de s’enfermer et de s’isoler…. Un sexe qui ne le laisse pas tranquille. Un sexe qui le tenaille et prend autant d’importance dans sa vie que son cerveau : il est à la fois surdoué intellectuellement, il a un QI de 158 et toujours des A en classe, surdoué et inventif dans les fantasmes sources de ses plaisirs solitaires. En reniflant les petites culottes de sa grande sœur, il ne pense qu’aux filles, partout..malheureusement les seules filles qu’il connait sont juives et donc interdites et ne peuvent rien pour lui.
Un livre qui m’a assez dérouté, mais il faut lui reconnaître une bonne dose d’ironie, d’humour. Un regard provoquant, culotté et drôle sur notre monde, gouverné par les interdits, religieux, sexuels.
En partie autobiographique…on peut s’interroger quand on connaît l’enfance de l’auteur?
Qui est Philip Roth
Quelques extraits
« L’ubiquité de l’une et la constipation de l’autre, ma mère entrant en volant par la fenêtre de la chambre, mon père lisant le journal du soir un suppositoire fiché dans le cul, telles sont, docteur les premières impressions que je conserve de mes parents, de leurs attributs et de leurs secrets » (P. 13)
« S’il a tout le temps mal à la tête, c’est bien entendu parce qu’il est tout le temps constipé – et s’il est constipé, c’est parce que la propriété de son secteur intestinal est entre les mains de la firme Souci, Peur & Frustration. » (P. 41)
« Je ne pouvais même pas envisager de boire un verre de lait avec un sandwich au salami sans faire une grave offense au Seigneur tout-puissant. Imaginez alors ce que pouvait le faire subir ma conscience pour tout ce foutre déchargé! La culpabilité, les angoisses – la terreur qu’on m’avait inculquée jusqu’à l’os ! » (P. 53)
« Docteur Spielvogel, voici mon existence, mon unique existence, et je la vis au milieu d’une farce juive ! Je suis le fils dans cette farce juive. Seulement ce n’est pas une farce ! Dites-le moi, je vous en prie, qui nous a handicapés ainsi ? Qui nous a rendu si morbides, si hystériques, si faibles ? » (P. 56)
L’indignation, l’aversion inspirée à mes parents par les Gentils commençait à acquérir une certaine signification : les goyim prétendaient appartenir à une catégorie spéciale alors que nous étions en fait supérieurs moralement. Et ce qui faisait noter supériorité, c’était précisément la haine et l’irrespect qu’ils nous prodiguaient si volontiers. » (P. 81)
« En fait de religion je ne suis rien et je refuse de faire semblant d’être ce que je ne suis pas ! Peu m’importe le degré de solitude ou de détresse atteint par mon père, ma vérité et je le regrette bien mais il faudra qu’il avale mon apostasie en bloc ! » (P. 102)
« Existe-t-il une loi disant qu’Alex Portnoy doit être le mari et le père de quelqu’un. » (P. 145)
« Bon Dieu! L’idiotie des Juifs tout au longe de l’année, et puis l’idiotie des goyim en ces jours de vacances ! Quel pays ! Comment s’étonner que nous soyons tous tant que nous sommes à moitié dingues ! » (P. 199)
« Le langage est une forme de communication. ! La conversation n’est pas qu’un simple échange de feux croisés où l’on canarde et où l’on se fait canarder ! Où il faut plonger à plat ventre pour sauver sa peau et ne penser qu’à tuer. Les mots ne sont pas seulement des bombes et des balles – non ce sont des petits cadeaux, chargés de signification. » (P. 303)