« Le revers de la médaille » – Olga Lossky

le-revers-de-la-medailleQuand j’ai découvert ce livre, sa belle couverture, les premières lignes de sa quatrième de couverture, je pensais, à l’issue de celle lecture, mieux connaître la Hongrie, pays proche de nous et trop méconnu, en savoir un peu plus sur le métier de médailliste, bref être dépaysé…Mais je sors de cette lecture qui m’a parfois ennuyé avec une impression relativement mitigée.

Pál,  jeune artiste talentueux écarté d’un concours parce qu’il est juif, un juif dans cette Hongrie de la fin des années 30, décide de fuir son pays natal et de devenir un médailliste. Nous ne saurons rien de ses années de vache enragée, d’échecs et de labeur, nécessaires pour être reconnu. Il le sera et sera sollicité pour graver une médaille pour le pape, après bien d’autres encore, nous l’apprendrons au fil des pages. Nous apprendrons aussi comment se font les médailles, depuis la rencontre entre l’artiste et son modèle jusqu’au bronze final. 
Le contexte historique de la Hongrie est rappelé, arrivée des nazis, chasse aux juifs, les Justes parmi les Juste, Horthy, les Croix Fléchés et leurs relations avec Eichmann, le régime communiste, tout ceci est mentionné, en quelques lignes, mais l’auteur ne va guère plus loin, reste superficielle en ne creusant pas ces aspects historiques, et c’est ce qui m’a manqué, beaucoup manqué.
Pál jeune homme est un personnage attachant. Vieillissant, il devient plus hautain, plus distant, bien moins attachant, sans doute parce qu’il est marqué par ses souvenirs, par ses questionnements. Quant aux autres personnages, leur rôle, leur action décrits en quelques lignes parfois parait trop facile.  

Trop rapide parfois pour décrire des périodes de l’Histoire, trop rapide pour décrire ces happy-ends ou ces drames, ce roman m’a parfois ennuyé, m’a paru souvent trop superficiel et m’a laissé en partie sur ma faim, malgré une écriture agréable.


Qui est Olga Lossky


Quelques lignes
  • ‌ »Le moment était venu de voir ce que valait vraiment son travail, en le mesurant non plus aux réalisations des autres élèves du maître, dont il se savait l’un des plus brillants disciples, mais cette fois à celle des artistes ayant atteint la maturité de leur expression. Il s’agissait pour lui d’une épreuve décisive de confrontation avec lui-même qui allait permettre de savoir s’il pouvait enfin prétendre au statut d’artiste, quitter la catégorie d’étudiant qui ne s’était que trop attardé derrière les chevalets de l’Ecole des Beaux-arts. » (P. 20)
  • « Ce dévoué fonctionnaire d’Etat avait mis sa carrière au service de son pays et il n’était récompensé que par des lois raciales discriminatoires qui avivaient ses inquiétudes quant au futur de ses enfants. » (P. 25)
  • « Son art ne lui laissait pas le choix. Il ne pouvait qu’obéir à cette nécessité vivante, impérieuse, qui rendait caduque toute contrainte familiale et même les lourdes menaces que faisaient peser sur la Hongrie les rumeurs de guerre européenne. Rien n’existait pour lui que l’obligation de créer. » (P. 27)
  • « En choisissant un Juif pour réaliser son portrait le souverain pontife savait qu’il se donnait bonne conscience. C’était comme si, en lui consacrant un peu d’attention, il espérait ainsi racheter la dimension impersonnelle de sa charge qui, visant au bien de chacun, ne lui laissait du temps pour personne. «Pourvu qu’en plus d’être Juif, cet artiste soit quelqu’un d’efficace» souhaita-t-il avant de se replonger dans son discours. » (P. 68)
  • « Recomposer l’harmonie de ce visage humain sur le papier comportait pour l’artiste une dimension blasphématoire ; il s’y sentait néanmoins contraint par une sorte de fascination morbide. Eichmann aussi, avec ses traits ramassés sous un front dégarni, aurait pu au même titre que n’importe quel humain faire l’objet d’une œuvre d’art. Cet être qui avait présidé a l’extermination de la plupart des juifs de Budapest, possédait comme tout le monde un nez, des yeux et une bouche que l’ont pouvait représenter. Les croquis d’Eichmann, réalisés avec le même soin qu’une étude préparatoire, constituaient pour Pál la preuve ses médailles, si sublimes fussent-elles, ne possédaient pas le pouvoir de rendre l’homme meilleur, ainsi qu’il avait eu la naïveté de le croire durant sa jeunesse. » (P.82)
  • « L’art comme la religion touchent à la même faculté en l’homme. Celle qui lui permet de s’émerveiller du beau. » (P. 128)

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