
Alors en infraction avec la politique nationale de l’enfant unique, il a tout fait pour avoir un garçon. Mais c’est sans compter avec les agents du planning familial qui font la chasse aux femmes enceintes de leur deuxième enfant, afin de les faire avorter contraintes et forcées, de leur poser un stérilet, et ceci dans des conditions d’hygiène déplorables.

Avant bien sûr d’imposer de lourdes amendes, de lourdes punitions pouvant aller jusqu’à la destruction des maisons….
Certains en auraient fait une comédie, tant cette politique est risible et absurde, Ma Jian, qui lui aussi est un homme en fuite, un dissident, en a fait un drame, un réquisitoire à charge contre le régime chinois.
Un drame autour de quatre Personnages principaux : La Chine, le Parti communiste, Kongzi image de l’homme chinois et enfin Meili, La Femme Chinoise. Les mauvais d’un coté : les hommes et le Parti, les bons de l’autre, les personnages féminins, la Chine et la femme chinoise.
Une Chine dont les valeurs, le passé, la culture, les monuments anciens ont été détruits par le Parti communiste, par les Gardes rouges qui ont éliminé la pensée de Confucius, Une chine détruite maintenant par les grands travaux qui noient des villages anciens et par les activités des hommes et la pollution partout présente.
Des femmes considérées uniquement pour leur vagin « ce long couloir de chair » indispensable pour le plaisir des hommes, des femmes qui ne peuvent décider et gérer leur maternité, le Parti est « propriétaire du vagin des femmes » et enfin des gamines enlevées pour alimenter des réseaux de prostitution ou de mendicité…Des femmes qui pourtant dirigeront des entreprises. Considérées comme secondaires et faibles par le Parti et les hommes qui les briment, elles sont les personnages forts du roman.
La seule solution qui s’offre à ce couple est la fuite, vers des coins plus reculés, moins contrôles par cette police…la vie sur les fleuves d’abord, afin de rejoindre les villes les plus polluées de Chine, poubelles du monde dans lesquelles sont brûlés et recyclés tous nos déchets électroniques arrivant par porte-containers entiers… villes si polluées que les hommes en deviennent stériles, villes et fleuves dans lesquelles les permis de résidence sont moins demandés.
Une longue fuite de plusieurs années, afin d’échapper aux foudres et aux amendes du planning familial, attend notre couple
Un réquisitoire contre la destruction de la Chine, destruction de la culture ancestrale, des sites, du monde rural. Un réquisitoire contre le machisme et les violences faites aux femmes – violence morale, physique, contre la prostitution, contre le sexisme, la vente des fillettes…
L’agent est au cœur de ces relations, les amendes infligés aux couples, l’argent facile à gagner avec la contrefaçon, l’argent qui fait oublier la pollution qui détruit la Chine, l’argent de la prostitution, l’argent de la mendicité, rapporté par ces gamines qu’on estropie, qu’on vend… le fric qui gère le monde
Un roman noir, cauchemar, très violent parfois, insoutenable souvent, dérangeant toujours et qui semble parfois forcer le trait.
Quelques extraits
« Toutes les femmes enceintes qui seront dans l’incapacité de produire un permis de naissance subiront un avortement immédiat et devront payer une amende de dix mille yuans. » (P. 11)
« Apres le premier enfant : un stérilet. Apres le second : la stérilisation. En cas de troisième ou de quatrième grossesse le fœtus sera tué, tué, tué. » (P. 47)
Ce nouveau né n’aura jamais de permis de résidence. Il fera partie de ces «enfants au noir» nés sans autorisation, qui ne peuvent bénéficier ni des soins médicaux, ni de la scolarité gratuite. Quand il grandira, il ne sera même pas en mesure de se marier et nous maudira, pour l’avoir condamné à mener cette existence de paria ! » (P. 67)
« Votre ventre appartient à l’État. Être enceinte sans en avoir l’autorisation est contraire à la loi. Allez plaider votre cause devant le gouvernement, si cela vous chante. Et allez donc voir en Amérique ce qu’ils pensent de tout ça. La politique de contrôle des naissances de la Chine a reçu l’aval des Nations Unies. Êtes-vous seulement capable de le comprendre, pauvre paysanne inculte ? » (P. 95)
« Quand la femelle d’un panda attend un petit, la nation entière se réjouit. Mais quand une femme tombe enceinte, on la traite comme une criminelle. Dans quel pays sommes-nous donc ? » (P. 109)
« Une fois qu’on t’a collé sur le dos l’étique de «malade mental», tu pourrais aussi bien être mort. Tu perds ton permis de résidence, ton permis de travail et tous les documents qui attestent de ton existence. Aucun responsable officiel n’écoutera jamais tes plaintes. » (P. 190)
« Une prostituée doit se considérer comme un simple objet de consommation et non comme un être humain. » (P. 253)
« Les autorités du village ne se contentent plus d’arrêter ceux qui ont enfreint les lois du planning familial […] Ils confisquent l’argent qu’ils ont sur eux, vident leurs comptes en banque – et tout cela va remplir les poches des dirigeants du district. »(P. 272)
« De nos jours, il faut payer neuf mille yuans au gouvernement pour avoir le droit de naître et deux mille pour celui de mourir. » (P. 272)
« Papa, c’est quoi le bonheur ? Le bonheur ma fille, c’est quand tu reviens de l’école avec un bon point. Quand le pays est en paix et quand notre famille est unie. » (P. 399)«