
Le livre, bien écrit, constitué de chapitres courts alternant les époques et les lieux se lit vite.
Marie-Laure jeune aveugle fuit l’avancée allemande et Paris avec son père employé dans un musée parisien. Il emporte avec lui un diamant mystérieux ou une copie, qu’il sauve de la convoitise nazie. Un diamant qui deviendra aussi l’un des fils conducteurs du roman.
Tous deux se réfugient dans la maison d’un oncle de Marie-Laure à Saint-Malo…Son père l’adore. Passionné par la serrurerie et le travail du bois, il réalise des maquettes à l’échelle de Saint-Malo afin que se fille puisse se repérer dans les rues…Des maquettes mystères composées de maisons qui s’ouvrent grâce à des combinaisons
Werner jeune allemand passionné par les retransmissions radio intègre une école nazie et effectue sa guerre en localisant les émetteurs ennemis afin de les neutraliser. Après le front de l’Est, il est affecté dans la poche de Saint Malo en août 1944….L’armée allemande a fait de cette ville fortifiée un camp retranché régulièrement bombardé par les Forteresses Volantes américaines.
Pas grand chose à dire de plus…Ni sentimental, ni historique, ce livre ne m’a pas « transporté » comme je l’espérais…encore un livre ayant pour cadre la deuxième guerre mondiale..Il y en a tant eu… À croire que les guerres sont indispensables pour faire rêver les hommes et les distraire.
La découverte croisée de ces deux personnages, bien écrite, ne me laissera que le souvenir d’un bon moment de lecture. Certes j’ai appris que Saint-Malo avait été libérée tardivement, mais c’est à peu près tout.
Une phrase de la quatrième de couverture précise « La force physique et émotionnelle d’un chef d’œuvre » ……il ne faut pas, à mon avis, s’enthousiasmer à ce point. On est quand même assez loin, en charge émotionnelle d’autres lauréats du prix Pulitzer Fiction : Le vieil homme et la mer, Beloved, Autant en emporte le vent….et d’autres encore.
Les ficelles sont assez convenues : un jeune allemand non nazi, qui n’a pas de sang sur les mains, une jeune fille handicapée, un monde en guerre, un diamant qui attise les convoitises …
Disons plutôt que ce roman a tous les ingrédients pour devenir un best-seller, un film. Et c’est déjà beaucoup.
Qui est Anthony Doerr
Quelques lignes
« A bord de chaque avion, un homme guette à travers son viseur et compte jusqu’à vingt. Quatre, cinq, six, sept. Pour eux, cette cité fortifiée, dressée sur son promontoire, et qui se rapproche peu à peu, a l’air d’une dent cariée, une chose noire et pourrie, un dernier abcès à crever. » (P. 15)
« Saint-Malo : l’eau cerne la cité de toutes parts. Son rattachement au reste de la France est ténu : une chaussée surélevée, un pont, une langue de sable. Ils sont : « Malouins d’abord, Bretons peut-être, Français s’il en reste. » (P. 21).
« Les hommes se disputent le travail aux portes du Zollderein, un œuf de poule coûte deux millions de reichsmarks et le rhumatisme articulaire aigu fait des ravages dans l’établissement. Ni beurre ni viande. Les fruits ne sont plus qu’un souvenir. Certains soirs, la directrice n’a rien d’autre a offrir à ses pupilles que des gâteaux à base de poudre de moutarde et d’eau. » (P. 39)
« Si la lune est difficile grosse pourquoi paraît-elle si petite. » (P. 40)
« Une abeille sait-elle qu’elle va mourir si elle pique quelqu’un ? » (P. 40)
« Le cerveau est, bien entendu, dans une obscurité totale. Il flotte dans un liquide transparent à l’intérieur du crâne, jamais éclairé. Et pourtant, le monde qui se construit dans notre esprit est plein de lumière. Il déborde de couleur et de vie. Alors, comment se fait-il, les enfants, que le cerveau, qui ne bénéficie d’aucune source lumineuse, édifie pour nous un monde plein de lumière ? » (P. 68)
« Presque toutes les espèces ayant jamais vécu se sont éteintes, Laurette.Il n’y a pas de raison de croire que pour nous, les humains, ce sera différent ! » (P. 83)
« -Tu sais quelle est la plus grande leçon de l’Histoire? C’est qu’elle est toujours écrite par les vainqueurs. La voilà, la leçon. Celui qui juge, c’est le vainqueur. » (P.109)
« Ouvrez les yeux et voyez ce que vous pouvez avant qu’ils se ferment. » (P. 111)« Sers-toi de ta raison. Il y a une cause pour chaque chose, une solution pour chaque situation fâcheuse. Une clé pour chaque serrure. » (P.137)
« Le lendemain matin, il y a les examens raciologiques. On ne lui demande pas grand chose, sinon de lever les bras ou de ne pas cligner des yeux pendant qu’on braque une lampe-stylo sur ses pupilles. Il transpire, s’agite. Son cœur bat à une vitesse déraisonnable. Un technicien en blouse blanche, qui empeste l’ail, mesure la distance entre ses tempes, la circonférence de sa tête, l’épaisseur et le dessin de ses lèvres. Des compas mesurent ses pieds, la longueur de ses doigts, la distance entre ses yeux et son nombril. On mesure son pénis. L’angle de son nez est défini à l’aide d’un rapporteur. » (P. 141)
« Un diamant véritable, n’est jamais tout à fait exempt d’inclusions. Un diamant véritable n’est jamais parfait. » (P. 279)
« Le véritable Aryen est blond comme Hitler, mince comme Göring, grand comme Goebbels… » (P. 391)
« – Quand j’ai perdu la vue, on m’a dit que j’étais courageuse. Quand mon père est parti, on a encore dit que j’étais courageuse. Mais ce n’est pas du courage : je n’avais pas le choix. Tous les matins, je me réveille et je vis ma vie. Pas vous? » (p. 540)