« Jésus et Tito » – Vélibor Čolić

jesus-et-titoUn gamin ordinaire de l’ancienne Yougoslavie aime le foot, papa, qui est juge aime le Maréchal Tito, et maman adore la Vierge Marie et son fiston Jésus….
Les copains du gamin l’ont surnommé Le Ver de Terre. Quant à eux, ils s’appellent Fido le Mouton, Vlado le Sauvage, Dzemo le Renard, Simo la Tripaille, Zdravko le Rat …Des gamins qui vient dans la rue, en groupe. L’histoire du gamin commence dans les années 70, Tito est le Maréchal à vie, le culte de la personnalité l’honore régulièrement, les écoles emmènent les gamins en pèlerinage dans sa maison natale : « Je ne comprends pas, mais je n’ose pas poser de questions : Il était pauvre quand il était gamin, notre Maréchal, mais comment se fait-il que sa maison soit si grande, si belle ? »

L’humour, la dérision sont présents dans chacun des cours chapitres -1 à quelques pages- qui défilent pour nous  faire partager la vie du gamin, son amour du foot, de la musique, les filles et ses premiers émois, sa vie à l’école, les repas, les restrictions, la culture,  la littérature, les divertissements minables, le culte de la personnalité, les produits russes, l’attrait de l’Occident et de ses produits, les contrefaçons, le communisme, les premiers voyages en Occident …. un regard critique permanent  
Souvenirs d’une Yougoslavie, satellite de la grande Russie, mais presque en Occident, qui n’avait pas encore connu l’explosion balkanique, une explosion que l’on sent venir au fur et à mesure que le gamin vieillit..Lorsqu’il faisait son service militaire son« capitaine a découvert que j’étais en fait croate. Ce qui, en langage codé d’officier, veut dire traître, tout simplement. »
Un regard ironique mais mélancolique aussi sur cette époque révolue, sur cette enfance malgré tout heureuse, même si elle n’était pas luxueuse. 

« Jésus et Tito » est le deuxième livre de Vélibor Čolić écrit en Français, roman ou récit autobiographique, … Qu’importe, le plaisir et l’humour caustique, la dérision sont là, à chaque page de cet album de photos, jaunies souvent. 



Quelques extraits pour  apprécier
  • « Velibor, c’est un prénom de plouc, un truc de chez les Serbes. » (P. 11)
  • « Il tabasse régulièrement sa femme, mais bon, chez nous ce n’est pas vraiment grave. Une, deux gifles par-ci par-là. Et alors ? Presque tous les mecs en font autant. » (P. 19)
  • « La différence entre le communisme et la prison, c’est que dans chaque prison il y a une porte de sortie. » (P. 24)
  • « Quand on mange bien, c’est du catholicisme. Et si on n’a rien à manger, mais qu’on danse et chante, c’est du communisme. » (P. 24)
  • « Le pays natal, il ne faut jamais en partir. Mais si on en part, il ne faut jamais y revenir. » (P. 36)
  • « Tu sais, avant la guerre on n’avait rien, et puis les allemands sont arrivés et ils ont tout détruit. » (P. 52)
  • « Une caisse russe, si elle tient le coup le premier jour, elle devient increvable. » (P. 84)
  • « La guerre froide est une chose très compliquée, tandis que la Deuxième guerre était simple comme bonjour. ON avait l’étoile soviétique et la croix gammée allemande, le drapeau rayé américain et le cercle rouge japonais…. Mais ici, c’est difficile de savoir. Le même avion, le même MIG 21, avec la même étoile rouge gravée sur les ailes. Sauf qu’une fois elle est bulgare et puis qu’ensuite, c’est la nôtre. » (P. 172)

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