« Vous plaisantez, monsieur Tanner » – Jean-Paul Dubois

Vous plaisantez, monsieur TannerRéalisateur de documentaires animaliers, Monsieur Tanner hérite d’une vieille bâtisse ayant appartenu à un vieil oncle…Un beau bâtiment qui nécessite une remise en état et surtout qui doit répondre à ses goûts, au goût du jour. Alors Monsieur Tanner décide de vendre sa maison afin de financer les travaux. Incapable de réaliser lui-même le travail il décide de faire appel à des artisans, à des entreprises ayant pignon sur rue…rebuté par les tarifs proposés il décide de faire appel à des travailleurs au noir, de « pénétrer ce maquis de paroles évasives, de promesses flottantes, de talents approximatifs, de tarifs changeants, découvrir un monde hors taxes, hors norme, hors la loi, peuplé de débutants hésitants, de vieux rusés, de retraités chafouins, de branleurs somptueux, de génies caractériels, de fous complets, de demi-fous, d’irresponsables, de menteurs, de hâbleurs, d’arnaqueurs, un monde instable, prêt à sombrer pour un mot de trop, un coup de vent, un verre de vin, un monde où il manque toujours quelque chose, un outil, une planche, du sable, un sac de MAP, un tuyau, du courage, du courage.« 

Début d’un long cycle d’ennuis avec ces beaux parleurs, ces charlots . 
Ces « artisans » qui n’en sont pas lui en feront voir de toutes les couleurs, travaillent sans écrit, sans devis, sans matériel certains lui demanderont de prêter ses propres outils, d’autres qui veulent être payés en liquide, ou des adeptes des calendriers Pirelli  décorant les pièces de l’appartement de leurs filles dénudées , certains incapables de réaliser des soudures correctes, incompétents notoires, hâbleurs et j’en passe. Des  fous,  des obsédés sexuels, sans parole…que je vous laisse découvrir.
…Une accumulation d’emm…des travaux qui n’avancent pas ou mal, des malfaçons à la pelle. Chacun d’eux apporte avec son incompétence son lot de soucis, mais ce qui me gène c’est quand Jean-Paul Dubois place ces clowns dans la catégorie des artisans: « Un artisan est par nature une menace latente. » 
Certes qui n’a pas connu son lot de malfaçons, des retards, des promesses non tenues…y compris avec des entreprises travaillant en toute légalité.
Pas un (ou presque) pour relever le niveau. Ils apparaissent comme des demeurés, des incapables…et peu trouvent grâce à ses yeux.
On en a finalement toujours pour son argent.
Jean-Paul Dubois a souhaité faire sourire, il y réussit c’est vrai.
Oui on en rit mais on rit aussi de Monsieur Tanner qui a été un client très léger, qui a entrepris ce chantier de remise en état avec une naïveté déconcertante, sans prendre de renseignements, sans demander des références, des devis écrits ou(et) des certificats d’assurances…Il  l’a fait pourtant en toute connaissance de cause.
Cette accumulation de problèmes semble toutefois un peu irréaliste.
Et c’est sans doute aussi une des leçons à tirer de cette lecture : se renseigner sur ceux qu’on souhaite faire travailler et être exigeant. Très exigeant.
Vite lu, livre d’été pour sourire, livre détente à lire surtout avant de faire réaliser des travaux importants ou non, afin d’éviter de se dire « mes travaux seront peut-être réalisés par un de ces clowns, alors, avant d’en faire intervenir un, je me renseigne ».
Au moins afin de ne pas se poser la question que se pose Monsieur Tanner « Souvent je me suis posé la question de savoir s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait chez moi. Il n’était pas normal d’attirer à ce point les ennuis et les canailles. Je devais avoir des paroles, une attitude, une façon d’être qui me désignaient, dans la foule, comme pigeon préférentiel. Il n’y avait pas d’autre explication. »


Quelques lignes
  • « N’importe qui doté d’un peu de raison aurait vu, entre ces murs,un paquebot de soucis, un porte-avion d’emmerdements. Au lieu de fuir à toutes jambes ces arbres centenaires et ces toits grabataires, je montais en souriant vers le grand hall de l’étage. » (P. 16)
  • « On ne restaure pas Chenonceaux avec un plan d’épargne logement. » (P. 20)
  • « Lorsqu’un maçon vous annonce que vous allez vous fracasser contre un mur, il parle en connaissance de cause. » (P. 23)
  • « Devant tant de désinvolture, j’aurais dû comprendre que je faisais fausse route, que je m’embarquait sur un radeau branlant avec des pirates dégénérés. Au lieu de quoi j’attribuais ces fantaisies à un sans-gêne souvent caractéristique des grands professionnels. » (P. 30)
  • « -Vous soudiez avec un chalumeau « Camping gaz » là-bas aussi?
    -Non, avec un briquet. Pas vrai Pierrot? Au briquet je l’ai fait, le Crédit Lyonnais. » (P. 48)
  • « J’avais hérité d’une maison ancienne. Après plus d’un mois de chantier, je me retrouvais propriétaire d’une ruine. » (P. 62)
  • « Il n’était pas normal d’attirer à ce point les ennuis et les canailles. » (P. 125)
  • « Pour rafraîchir les murs de ma nouvelle maison,j’avais donc engagé tout à la fois un artiste refoulé et un marchand d’art reconverti.Je me méfiais de cette hasardeuse et détonante combinaison,craignant que,le moment venu, Sotheby’s se mêle de la facture. » (P. 172)
  • « L’Art ne s’apprend pas au cinéma. » (P. 174)

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