
Smita est une intouchable indienne, elle vide la merde des autres à mains nues. Son mari, intouchable aussi chasse les rats, qui seront au menu du soir …Afin que sa fille puisse être scolarisée, elle décide de tout quitter et de traverser l’Inde pour rejoindre de lointains parents
En Sicile, le père de Giulia est dans le coma à la suite d’un accident de scooter..Elle découvre que l’entreprise familiale de fabrication artisanale de perruques et postiches est en cessation de paiement, les biens familiaux ont été hypothéqués…
Sarah quant à elle est un femme de tête, battante obstinée, sur le point d’obtenir un poste de direction au sein du cabinet d’avocats d’affaire canadien qui l’emploie…quand la foudre lui tombe dessus…elle est atteinte d’un cancer…
Je n’en dirai pas plus. Ces trois femmes sur lesquelles le sort s’acharne, décident de se battre, d’affronter ces épreuves, des épreuves bizarrement toutes causées par des hommes : vol, toute puissance paternelle, requins…. Chacune pourrait faire sienne la pensée de Sarah : »lorsqu’on nage parmi les requins, mieux vaut ne pas saigner »…
La fin qu’on pressent plusieurs pages avant la fin ne surprend pas.
Je vais sans doute faire gémir une grande partie des lecteurs et lectrices qui ont adoré ce livre, mais j’aurai apprécié que ces destins, que ces personnalités soient plus fouillés…moins superficiels, que les chapitres soient moins rapides. Chacune de ces femmes aurait méritait un peu plus de profondeur, un peu moins de survol.
Les personnages sont trop tranchés, trop clichés…d’un coté ces femmes fortes qui font face ou évitent des hommes lâches, veules, violeurs, filous… sauf un qui, hasard d’une rencontre un peu tirée par les cheveux (Oui, je sais c’est facile !), permettra de sauver l’image de la gent masculine. Certaines femmes, entr’aperçues, seront quant à elles timorées…et une sera même trop bavarde.
Ce livre se lit vite, trop vite, et je ne me permettrai pas de faire des remarques quant à l’écriture précise. On y fait toutefois de belles découvertes. J’ai également apprécié l’écriture des états d’âme et sentiments de Sarah face à son cancer, Sarah considérant le monde extérieur, sa méchanceté, son indifférence…trop rapides. D’autres que moi s’y reconnaîtront sans doute…
C’est plus la succession de hasards qui rend ces situations assez improbables…des hasards de rencontres qui démolissent ou sauvent chacune de ces femmes…
Mon avis est peut-être influencé par la force des deux livres que je venais d’achever avant la lecture de celui-ci et par celui que je viens de terminer après avoir lu La Tresse.
Éditeur : Grasset – 2017 – 224 pages
Qui est Laetitia Colombani
Quelques lignes
- »Ce panier, c’est son calvaire. Une malédiction. Une punition. Quelque chose qu’elle a dû faire dans une vie antérieure, il faut payer, expier, après tout cette vie n’a pas plus d’importance que les précédentes, ni les suivantes, c’est juste une vie parmi les autres, disait sa mère. C’est ainsi, c’est la sienne. » (Smita – P. 16)
- « Voilà près d’un siècle que sa famille vit de la cascatura, cette coutume sicilienne ancestrale qui consiste à garder les cheveux qui tombent ou que l’on coupe, pour en faire des postiches ou perruques. » (Giulia – P. 26)
- « Elle le lira écrit noir sur blanc, dans un article médical : les femmes juives ashkénazes ont une chance sur quarante de développer un cancer du sein, contre une sur cinq cents dans la population globale. C’est un fait scientifiquement établi. Il y a des facteurs aggravants : un cas de cancer chez les ascendants directs, une grossesse gémellaire… Tous les signaux étaient là, pensera Sarah, visibles, évidents. Elle ne les a pas vus. Ou n’a pas voulu les voir. » (Sarah – P. 82)