« Toutes les vagues de l’océan » – Víctor del Árbol

Toutes les vagues de l'océanUn russe, Zinoviev est découvert, de nos jours, affreusement torturé. Il a les mains liées par les menottes de Laura, femme flic…Gonzalo Gil, avocat apprend du supérieur de sa sœur que celle-ci, Laura s’est suicidé….Aveu de culpabilité du meurtre de Zinoviev dont elle a voulu se venger ou mise en scène d’un meurtre ?
Début d’un polar aux allures de romans d’aventure qui vous entraînera en Russie soviétique, dans les années 30, dans l’Espagne franquiste et la France du Front populaire, pour s’achever de nos jours..

Ce voyage très documenté dans le temps est parfois un peu difficile à suivre, car le livre n’est pas écrit de façon chronologique….L’auteur passe allègrement d’une époque à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une génération à l’autre.
Roman inracontable tant les situations et tant les personnages sont nombreux, du bon au salaud, du tueur vicieux au résistant farouche, du prisonnier du Goulag stalinien en passant par l’avocat véreux catalan des années 2000..
Les bons peuvent se révéler être des salauds…on n’est à l’abri d’aucune surprise, d’aucun retournement de situation.
Roman d’aventure car les personnages principaux vivent mille vies, courent mille dangers, notamment Elias, personnage principal, borgne pour avoir voulu garder son manteau, communiste convaincu malgré les épreuves endurées.  
On a un peu l’impression de se trouver au milieu d’une partie de billard américain, une boule en fait bouger plusieurs qui interagissent avec d’autres…
J’ai pris de nombreuses notes qui m’ont permis de m’y retrouver. Heureusement.
En effet ne comptez pas lire ce livre de près de 600 pages à l’occasion d’un voyage en train, sauf si celui-ci vous emmène à Nazino, « l’île aux Cannibales », île isolée au milieu de la Sibérie, dans laquelle le camarade Staline déportait des prisonniers qui n’avaient d’autres choix pour calmer leur faim que de se bouffer entre eux…île qui permit à plusieurs personnages de se connaître et de s’aimer et d’en haïr d’autres…
La vérité historique côtoie la fiction, le roman d’aventure. On court de surprise en surprise, le bon côtoie le pire, les salauds sont les salauds. A qui peut-on se fier ? Qui est vraiment bon et honnête?
J’avoue que j’ai eu envie de le lâcher, c’était long, long ..près de 600 pages, de le lâcher car certaines situations me paraissaient improbables…mais j’ai poursuivi..Et je peux dire je l’ai fait, et j’admire le travail de précision effectué, le machiavélisme dont l’auteur a fait preuve…

Bref…Si un jour Victor del Arbol vous dit quelque chose, méfiez-vous ! Ne le croyez pas d’emblée ! Attendez un peu …

Editions Actes noirs-Actes Sud – Traduction Claude Bleton – 2015 – 595 pages

Quelques lignes
  • « On peut confondre la tendresse avec la compassion, la passion avec le défoulement, le besoin avec l’habitude… » (P. 290)
  • « Une personne pouvait être fidèle, mais un chien était avant tout loyal, et cette différence n’était pas à la portée de n’importe qui. » (P. 313
  • « La mémoire, c’est une chose prodigieuse. Elle invente à sa guise le récit d’une vie, utilise ce qui lui convient et rejette ce qui la gêne, comme si rien n’avait jamais existé…. » (P. 316)
  • « …ce ne sont pas les idées qui nous trahissent, mais les hommes qui les mettent en pratique. » (P. 332)

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