
« Destinataire inconnu » est un polar qui a comme cadre le monde des livres et des amateurs de livres anciens prêts à tuer pour une édition originale. Un monde que John Denning connaît bien, semble-t-il.
Cliff Janeway est un bon flic qui aime son métier et dont les enquêtes sont toujours couronnées de succès. Un peu « border-line » comme on dit, n’hésitant pas à marcher un peu en dehors des clous parfois et à faire le coup de poing (et plus si affinités) avec les malfrats.
Bobby Westfall est retrouvé mort. C’est un de ces hommes passant son temps dans les brocantes ou les vide-greniers, afin de dénicher la perle rare. Il a été sauvagement assassiné et dévalisé.
Cliff est chargé de l’enquête…et il dérape, sort du cadre légal, et se fait virer de la police. Il menait son enquête avec un peu trop de zèle, et d’affect. En effet, grand amateur de livres rares il connaissait bien Bobby, qui était un de ses amis. Alors il décide de se consacrer à sa passion, et de devenir libraire spécialisé dans les livres anciens, dans les éditions originales. Mais son vieux démon de flic ne le quitte pas, aussi il continue en douce sa petite enquête, afin de démasquer celui qui a tué son ami…sa tête, ses poings, et sa connaissance du monde des livres sont ses atouts.
Un bon bouquin, sans prise de tête qui vous ballade dans le monde des livres anciens, celui des bouquinistes à quelques €uros, ignorant qu’ils ont de l’or dans leurs rayons, celui de ces amateurs accumulant les livres, sans les lire pour certains, ou en devenant des érudits pour les autres…
Bref un bon moment de détente au plaisir double, celui du polar et de l’enquête et celui du monde des livres.
« Il existe deux sortes distinctes d’amateurs de livres, les lecteurs de best-sellers et les autres. » (P. 182)…
J’essaye de concilier les deux. De ce fait j’ai parfois des déceptions… ce ne fut pas le cas.
Éditions Calman-Lévy – Traduction : Johan-Frédérik Hel Guedj – 2007 – Parution initiale : 1992 – 372 pages
Présentation de John Dunning
Quelques lignes
- « Les livres se cachent un peu partout, parfois pendant années, des décennies, des siècles. Et puis, un jour, on ouvre une malle, on tourne à un coin de rue, un vide-greniers laisse émerger des merveilles exhumées d’un sous-sol poussiéreux…Soudain, un œil averti se pose sur eux après que d’autres yeux innombrables les ont feuilletés en toute ignorance, et c’est un bon livre qui se révèle, et qui vient illuminer le cœur du chasseur. » (P. 9)
« C’est une conception de la librairie selon laquelle le miel attire les mouches : ouvrez deux librairies dans un même tronçon de rue et, suivant cette théorie, elles doubleront leurs ventes. » (P. 49)
- « Des vieillards meurent et s’imaginent qu’ils rendent un service au monde en léguant leurs livres à une …bibliothèque. Ils pourraient tout aussi bien les sortir dans la rue et les brûler. en particulier pour les bibliothèques publiques. Elles n’ont tout simplement pas le personnel ou les connaissances nécessaires pour s’en occuper. » (P. 203)